Recherche sur le climat

Il est essentiel que les politiques, les plans et les pratiques suivis reposent sur des faits établis de manière scientifique – pour s’assurer que les mesures d’adaptation réduisent bien au minimum les impacts négatifs de la variabilité et du changement du climat sur les systèmes humain, naturel et socioéconomique et pour que le développement soit viable à terme, résiste mieux et soit moins vulnérable au changement climatique. Il y a là un besoin particulièrement urgent en Afrique où la variabilité et le changement du climat ont déjà un énorme impact sur la sécurité alimentaire, les ressources en eau, la santé publique et les infrastructures sociales et économiques.

Le problème est que l’Afrique manque cruellement de scientifiques formés à la compréhension et à la prédiction des mécanismes qui animent le climat, dans le temps et dans l’espace; le continent fait face aussi à l’insuffisance des réseaux d’observation et la précarité des communications et des capacités de calcul. Du point de vue de l’usager, les principaux obstacles rencontrés sont l’absence de services adéquats d’information sur le climat, l’insuffisante connaissance de l’existence d’une information portant spécifiquement sur le climat, la difficulté d’accès aux données et la capacité insuffisante d’utiliser l’information climatologique – déficit que les dirigeants africains et leurs partenaires de développement ont à plusieurs reprises pris l’engagement de réduire.

Les facteurs qui expliquent la variabilité et le changement du climat en Afrique sont mal compris et mal appréhendés par les systèmes actuels de prédiction scientifique. Il existe en effet des combinaisons complexes d’influences s’exerçant sur de très grandes distances (par exemple, El Niño et La Niña dans l’océan Pacifique tropical), des caractéristiques régionales (par exemple, la zone de convergence intertropicale) et la géomorphologie locale (effets dus aux caractéristiques côtières, lacustres, topographiques, à la végétation et aux aérosols). Toutes ces influences doivent être prises en compte si l’on veut utiliser au mieux les connaissances et les méthodes scientifiques disponibles pour prédire de manière efficace le climat – c’est-à-dire pour fournir une information climatologique fiable, portant à la fois sur le temps et sur le climat, et sur des échelles géographiques régionales ou locales – niveaux où les décisions sont le plus nécessaires.

En outre, il est indispensable de réduire le déficit de recherche de pointe sur le climat en Afrique pour contribuer à l’effort international de recherche climatologique. La variabilité propre du climat africain est en effet d’importance fondamentale si l’on cherche à comprendre de nombreux phénomènes climatiques mondiaux qui font actuellement l’objet des recherches de la communauté internationale. On peut citer en exemple les échelles temporelles inférieures à la saison, comme l’oscillation Madden-Julian (OMJ) – phénomène qui influence la variabilité des précipitations journalière jusqu’à saisonnière en Afrique; les échelles de temps plus longues, les fluctuations de la température de la surface de l’eau de la mer à l’échelle des bassins océaniques – sont d’importants facteurs qui expliquent les sécheresses et inondations saisonnières en Afrique; et les échelles de temps plus longues encore, la variabilité décennale de l’état de l’océan – facteur potentiel pouvant expliquer les fluctuations pluviométriques décennales observées dans le Sahel.

C’est en partie pour résoudre ces problèmes que l’Agenda africain de recherche sur le climat pour le développement a été lancé par la Conférence africaine sur le climat de 2013, organisée par le Programme mondial de recherche sur le climat, le Centre africain pour la politique en matière de climat qui relève de la Commission économique pour l’Afrique, et l’Université de Dar es-Salaam. Cette conférence a rassemblé plus de 300 participants, parmi lesquels figuraient des décideurs, des représentants des organismes de financement de la recherche, des chercheurs de diverses disciplines et des praticiens venus d’Afrique et du reste du monde.

L’Agenda africain de recherche sur le climat pour le développement est organisé autour de quatre volets de recherche climatologique: i) l’amélioration du système des observations et sa mise en pratique; ii) le développement potentiel scientifique et institutionnel; iii) la systématisation des services climatologiques et l’intégration de la recherche; et iv) la conception commune de la recherche multidisciplinaire sur le climat. Ses groupes de chercheurs ont défini des propositions de recherche climatologique pour l’Afrique autour de chacun de ces volets. Ceux-ci répondent aux priorités de la recherche qu’il faut soutenir et mettre en œuvre pour faire progresser les connaissances de pointe, combler le fossé entre la recherche sociale et la recherche biophysique ainsi qu’entre la recherche et l’application, et assurer la réalisation coordonnée de l’ensemble des recherches sur le climat pour l’Afrique afin d’obtenir des résultats répondant aux besoins des usagers.

La question se pose de savoir si on investit suffisamment pour répondre au mieux aux besoins des usagers en matière de services d’information climatologique et en vue d’une meilleure compréhension de l’impact du climat sur les relations complexes entre énergie, eau, alimentation et foresterie – relations d’importance critique pour le développement et la transformation de l’Afrique.