Gouvernance du climat et politique en matière de climat en Afrique
A. Gouvernance climatique mondiale et développement durable
La notion de gouvernance climatique mondiale a été officiellement reconnue en 1992 dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette convention est l’un des résultats de la première Conférence sur la planète Terre, et l’apparition de cette notion illustre les préoccupations communes à l’égard de l’environnement mondial et la nécessité d’une collaboration pour répondre aux problèmes nouveaux suscités par le changement environnemental mondial. Le titre bien choisi, Sommet mondial sur le développement durable, de 1992, connu également sous le nom de Sommet planète Terre de Rio grâce au document fondateur, « Notre avenir à tous », reflète bien la convergence des préoccupations au sujet de l’environnement mondial et l’esprit de responsabilité commune pour l’avenir de la planète. Les Principes de Rio se reflètent également dans cette préoccupation commune. Certains de ces principes, notamment le principe de précaution et le principe de la responsabilité commune mais différenciée, sont également des principes fondateurs de la CCNUCC.
Depuis la Conférence de Rio, cependant, la gouvernance climatique donne de plus en plus lieu à des contestations, en particulier entre les pays développés et les pays en développement. Ces contestations se traduisent par des divergences litigieuses au sujet de l’interprétation à donner aux diverses dispositions de la Convention, par les difficultés de parvenir à des accords contraignants sur beaucoup de questions telles que le financement, l’adaptation, l’atténuation des effets du changement climatique, le transfert de technologies et l’instabilité grandissante des conférences des Parties à la Convention. Les impacts de la gouvernance climatique mondiale, en évolution rapide, sur les besoins de l’Afrique doivent être analysés avec précision et les incidences pour l’avenir des économies africaines et des programmes de développement de l’Afrique doivent être examinées par les responsables à tous les niveaux.
Il est important de mieux aider les acteurs étatiques et non étatiques africains à augmenter la capacité de l’Afrique de s’exprimer au sujet de la gouvernance climatique mondiale. L’année 2015 sera particulièrement importante pour la gouvernance climatique mondiale puisqu’on y relève trois importants événements: le lancement des objectifs de développement durable, le Sommet du Cadre d’action de Hyogo et la vingt et unième Conférence des Parties qui se tiendra à Paris. L’Accord mondial sur les objectifs du développement durable constituera la formulation des impératifs de développement durable au XXIe siècle à l’échelle mondiale. Ces objectifs, manifestement, sont en relation étroite avec la vingt et unième Conférence des Parties à la CCNUCC, la Conférence sur le financement du développement et le Cadre d’action de Hyogo (Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophes), entre autres grandes réunions internationales. Celles-ci offrent des possibilités concrètes d’aider à améliorer l’intégration des intérêts de l’Afrique dans la gouvernance climatique mondiale. Ce programme de travail cherche à définir les étapes pratiques qui devront être franchies pour encourager des processus de développement durable qui sont en synergie mutuelle. Les activités sont les suivantes:
- Une cartographie de chaque processus, pour en dégager les étapes principales et les perspectives spécifiques et améliorer ainsi leur concordance. Le Centre africain pour la politique en matière de climat participera activement à la recherche des meilleures utilisations possibles de ces perspectives lors des grandes réunions mondiales, afin d’assurer une bonne concordance entre les différents processus et améliorer la présence et la participation de l’Afrique au soutien aux processus préparatoires, en fournissant une information scientifique pertinente et en faisant connaître la position africaine.
- Une mise en conformité des discours sur les processus postérieurs à 2015 et les processus associés, de façon à dégager une vision commune du développement durable. Une synthèse sera faite des objectifs de chaque processus postérieur à 2015; on en analysera ses implications pour le développement durable de l’Afrique et celles-là seront communiquées pour examen aux responsables politiques africains, par des notes de politique générale, des articles de presse ou autres.
- L’une des difficultés, quand il s’agit de dégager l’impact des principes de gouvernance climatique, est le manque d’indicateurs de progrès. Le CAPC travaillera à un recensement des mesures communes possibles de progrès et veillera à ce que ces mesures soient acceptées par les principaux partenaires du programme « Climat pour le développement en Afrique » (ClimDev-Afrique) ainsi que par ses bénéficiaires, c’est-à-dire les gouvernements africains. Le CAPC aidera aussi à la collecte de données qui seront utiles pour améliorer l’application des programmes convenus. Le partage de ces indicateurs entre les différents processus peut aider à améliorer l’efficacité de la collecte des données et assurer une meilleure concordance des actions de mise en œuvre.
B. Politiques nationales du climat et gouvernance climatique
Le régime mondial de gouvernance climatique a également déterminé le contenu des accords nationaux et régionaux de gouvernance climatique en Afrique. En particulier, beaucoup de gouvernements africains ont défini leur propre politique climatique au moyen de plans d’action nationaux conformes aux exigences de la CCNUCC, mais ne les ont pas appliqués de façon appréciable ou n’ont pas encore créé les capacités institutionnelles nationales nécessaires pour faire face au changement climatique. Certains pays ont commencé à introduire dans leur droit interne les mesures prises pour lutter contre le changement climatique en affectant des ressources budgétaires et autres à cette politique et aux efforts déployés pour mettre ces aspects de développement à l’abri des effets du climat.
Il faut continuer à soutenir la gouvernance climatique en Afrique et à s’efforcer de garantir que le développement durable intègre bien sur des stratégies face au climat. À cette fin, ce programme cherchera à dégager les perspectives favorables qui existent dans les politiques nationales existantes pour une intégration du changement climatique dans les politiques de développement durable, un soutien aux mesures qui puissent démontrer la viabilité de ces possibilités (au moyen, par exemple, de politiques des technologies appropriées, d’une réforme des processus budgétaires pour tenir compte des effets du changement climatique, d’une intégration de la problématique du changement climatique dans les principales politiques sectorielles relatives, par exemple, à l’agriculture, aux transports, à l’aménagement urbain, aux bâtiments, etc.). Cela sera réalisé principalement par une analyse des possibilités qui s’offrent grâce aux cadres de gouvernance climatique et leur traduction en notes de politique générale ainsi qu’en matériaux de publicité dans l’optique des activités de communication du Centre africain pour la politique en matière de climat.
D’autre part, les positions africaines sur l’accord climatique devant faire suite au Protocole de Kyoto sont toujours en cours d’élaboration dans la perspective de la vingt et unième Conférence des Parties qui se tiendra en 2015. Ces positions sont à de nombreux égards l’agglomération des intérêts nationaux en matière de développement, et les négociateurs et gouvernements africains auront besoin d’un soutien logistique considérable pour introduire ces positions africaines dans les négociations mondiales. Le chantier « gouvernance et politique », en coordination avec d’autres chantiers, soutiendra la participation africaine à la vingt et unième Conférence des Parties. Le CAPC prendra aussi l’initiative de la conceptualisation et la convocation des membres du pavillon africain à la vingt et unième Conférence des Parties et facilitera leur participation.
C. Changement climatique, sécurité humaine et inclusion sociale
Il est amplement démontré que, alors qu’elle contribue le moins au réchauffement mondial, l’Afrique est le continent qui en subit le plus ses conséquences et qui est le moins capable de s’adapter aux effets climatiques. Le changement climatique retentit considérablement sur le potentiel de développement de l’Afrique, diminue les possibilités d’améliorer les moyens d’existence des groupes les plus marginaux des sociétés africaines et pose de nouveaux problèmes pour le développement social du continent. En réponse à ces problèmes en évolution rapide, le CAPC élaborera en 2015, avec la Division de la politique sociale, une orientation programmatique sur la sécurité humaine et l’inclusion sociale qui cherchera à faire mieux comprendre les effets du changement climatique sur tous les aspects du développement social et économique du continent africain; elle cherchera aussi à regrouper l’information climatologique pour faciliter la définition des politiques en connaissance de cause, à aider les responsables africains à dresser des stratégies climatiques qui cherchent à atténuer les effets du climat et à renforcer des initiatives nationales et locales d’adaptation au changement climatique. Une note conceptuelle définissant des interventions et stratégies spécifiques sera rédigée au premier trimestre, et elle sera suivie d’une série de documents de travail et de notes de politique générale; cela devrait aboutir à la définition d’engagements bien ciblés, avec les responsables politiques des pays, pour lancer le développement de stratégies climatiques.
D. Politique transversale et questions de gouvernance
Le chantier « Politique du climat et gouvernance climatique » travaillera avec les autres chantiers pour définir les questions nouvelles de politique et de gouvernance et les traduire en engagements de programme avec les communautés économiques régionales, les gouvernements africains et les autres usagers de l’information climatologique.