ADF AUJOURD’HUI Samedi, 16 octobre 2010

ADF Aujourd'hui

 

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::«Le changement climatique n’est pas qu’une question de développement. C’est aussi une question humanitaire»
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::Adaptation aux changements climatiques: le secteur privé est incontournable

 

ADF VII, c’est fini. Et maintenant ?

Par Bénédicte Walter

Le 7e Forum pour le développement de l’Afrique (ADF VII) qui se tient à Addis-Abéba depuis le 10 octobre  sur le thème «Agir face aux changements climatiques pour promouvoir un développement durable en Afrique» a clôturé ses travaux aujourd’hui 15 octobre avec l’adoption d’une déclaration consensuelle. Cette déclaration cristallise l’engagement de près des 800 parties prenantes que réunissait le Forum. «Ce n’est pas juste une déclaration de bonnes intentions de plus» a dit Josué Dione, Directeur de la Division de la CEA pour la sécurité alimentaire et le développement durable. «Cela représente l’opinion d’une grande variété de parties prenantes, sur les mesures que l’Afrique devrait prendre pour lutter contre les effets du changement climatique: des décideurs, des agriculteurs, des ONGs, des organisations de la société civile, des chercheurs

Pendant cinq jours, ces participants ont disséqué les incidences du changement climatique sur le développement, à tous les niveaux: l’agriculture et la sécurité alimentaire, les infrastructures, la sécurité et la viabilité des écosystèmes, et la mobilisation des moyens pour faire face aux changements climatiques.

La déclaration qui en résulte prévoit une longue liste de mesures, dont quelques-unes novatrices. Florilège:

S’approprier la science
Soutenir les travaux de recherche dirigés par et pour les Africains afin que l’Afrique ait accès à ses propres données climatologiques  pour mieux comprendre le lien entre les changements climatiques, la gouvernance, le développement durable, la paix et la sécurité.
La recherche scientifique et la création de données qui en découle sont les sources d’information primordiales pour développer des réponses au changement climatique. Or, l’Afrique est pauvre en données endogènes. Les modèles de simulation, les informations climatologiques utilisées, les projections sont, pour l’essentiel «importées» en Afrique.  ADF VII souligne le besoin de collecter des informations africaines, pour des solutions africaines. 

Exiger une compensation
Sensibiliser les populations et les dirigeants au fait que les financements pour lutter contre les changements climatiques ne sont pas une aide de plus pour l’Afrique, mais une compensation.
Les populations, la flore et la faune africaines sont les plus affectées par les changements climatiques et pourtant – l’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 4 % aux émissions de gaz à effet de serre. L’engagement des pays industrialisés, lors du sommet de Copenhague, à verser  100 milliards de dollars des États-Unis par an à l’horizon 2020 pour aider les pays les plus pauvres à faire face aux effets des changements climatiques et à leur affecter 30 milliards de dollars d’ici 2012 sont une compensation pour un fléau imposé à l’Afrique par les pollueurs.

Faire front lors des négociations
Rechercher un accord mondial ferme et juste, assorti de dispositions prévoyant un financement approprié des mesures d’adaptation et d’atténuation. Cela suppose d’assumer la coordination et la cohérence de la représentation du continent dans les négociations menées au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son Protocole de Kyoto afin que l’Afrique parle d’une seule voix.

Appliquer le principe du pollueur-payeur
Appuyer le projet de création d’un Fonds vert pour l’Afrique géré par la Banque africaine de développement et ancré dans la CCNUCC. Ce fonds soutiendra les mesures d’adaptation aux et d’atténuation des effets des changements climatiques.

Faire d’une pierre deux coups
Permettre l’accès  à de nouvelles technologies à faible émission de carbone, en particulier les sources d’énergie renouvelables pour l’électrification rurale.
Les efforts pour réduire les effets de changements climatiques sont l’occasion de développer une énergie propre en Afrique, un continent où moins de 25 % des ménages ont accès à l’électricité et seul 7 % du potentiel hydroélectrique est exploité.

Inclure les femmes
Renforcer la participation des femmes aux négociations internationales en cours sur le climat – elles qui sont à ce jour tenues à l’écart des négociations. Elles occupent une position unique pour aider à juguler les effets des changements climatiques.

Commencer jeune
En matière d’éducation civique,  inclure la gestion des risques climatiques dans les programmes scolaires de tous les cycles. Les changements climatiques sont un problème intergénérationnel – les jeunes vont devoir changer de comportement et s’adapter.

Assurer les plus vulnérables
En matière d’agriculture, améliorer les régimes d’assurance contre les intempéries et promouvoir des mécanismes de financement novateurs pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, y compris le marché des droits d’émission de carbone. À ce jour, les assurances dans le domaine de l’agriculture coûtent très cher.

La déclaration consensuelle servira de base pour développer une position africaine sur les changements climatiques, qui puisse contribuer à défendre les intérêts des Africains lors du sommet de Cancún, en décembre.

Abdoulie Janneh, Secrétaire général adjoint de l’ONU et Secrétaire exécutif de la CEA a rappelé dans un entretien avec UN Radio: «Nous devons continuer à être vigilants. Le changement climatique est le plus grand défi de développement de l’Afrique. (…) Si nous ne le relevons pas, il annihilera certaines des avancées que nous avons faites en matière de développement

Organisé par la Commission  économique des Nations Unies pour l’Afrique, la Commission de l’Union africaine et la Banque africaine de développement (BAD), le Forum pour le développement de l’Afrique est une initiative visant à relever les défis du développement en Afrique et à mettre au point un programme de développement consensuel et contrôlé par l’Afrique.

Cette édition du Forum est la septième. Chaque Forum biennal couvre un thème essentiel au développement de l’Afrique: la mondialisation, le VIH/sida, l’intégration régionale, la bonne gouvernance, les jeunes, l’égalité des sexes, et, cette semaine donc, le changement climatique.

«Le changement climatique n’est pas qu’une question de développement. C’est aussi une question humanitaire»

Chrysanthus Ache, Directeur de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR)

Par Bénédicte Walter

«Le changement climatique  a un impact sur les déplacements de population: maintenant, et à travers le continent. Nous parlons toujours des effets du changement climatiques à l’avenir, mais les déplacements de population motivés par les variations climatiques, soit au sein d’un pays, soit inter pays, ont lieu en ce moment même».  Tels sont les mots de Chrysanthus Ache, Directeur de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et Représentant de l’organisation auprès de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique, à une conférence de presse le 15 octobre, en marge du 7e Forum pour le développement de l’Afrique.

M. Ache a regretté que la question de l’effet des changements climatiques sur les mouvements de population n’ait pas été suffisamment prise en compte, ni à la conférence de Copenhague de décembre, ni à ce Forum sur le développement de l’Afrique, qui s’achève.

Selon UNHCR, à ce jour, la communauté internationale s’est focalisée essentiellement sur les aspects scientifiques du changement climatique, afin de pouvoir en atténuer les effets. C’est une approche qui néglige l’aspect humanitaire du problème.

Pour M. Ache, cet aspect est crucial: «Le HCR et d’autres agences humanitaires voient les conséquences du changement climatique sur les mouvements de population, au quotidien, partout, et de près. Le changement climatique est une cause directe des déplacements de population». M. Ache rappelle que tous les réfugiés et les personnes déplacées n’ont pas nécessairement quitté leur foyer à cause de conflits, mais parfois parce que les variations climatiques ont rendu leur survie impossible.

Selon lui, sur dix déplacements de population en Afrique, huit sont motivés par des considérations liées au changement climatique. Le HCR recense cinq cas possibles pour de telles migrations: les catastrophes hydro-météorologiques (inondations, cyclones, coulées de boue etc.); les zones classées par le gouvernement comme étant à haut risque et trop dangereuse pour y habiter; une dégradation lente et progressive de l’environnement (raréfaction de l’eau, désertification etc.); la submersion des petits états insulaires; et un conflit violent résultant d’une raréfaction des ressources naturelles, liée au changement climatique.

C’est sur ce dernier cas qu’insiste M. Ache, citant l’exemple des Bororo, un groupe de nomades d’Afrique centrale qui ont dû partir à la recherche d’eau et de pâturages pour leurs boeufs. Il explique que lorsque qu’une communauté doit quitter ses terres du fait de la raréfaction des ressources naturelles dont dépend sa subsistance, elle n’a aucune garantie d’être bien accueillie ailleurs, par des habitants qui vont devoir partager leurs ressources avec les nouveaux venus. Ces migrations sont donc elles-mêmes une source de conflits potentiels. Il rappelle qu’aujourd’hui, au Soudan, en Somalie, au Sierra Leone, les déplacements de population sont aussi causés par les changements climatiques et non plus uniquement par des conflits – et elles sont elles-mêmes sources de conflits.

«Nous ne pouvons pas parler du changement climatique et des déplacements qu’il cause sans parler de la sécurité», dit-il.

M. Ache appelle la communauté internationale à tenir compte des conséquences du changement climatique sur les déplacements de population lors des négociations en cours. «Le changement climatique n’est pas qu’une question de développement. C’est aussi une question humanitaire», rappelle-t-il.

 

Keta, la suite

Pour tous ceux d’entre vous qui se sont émus du sort des pêcheurs de Keta, au Ghana, lors de la projection du film “The Gods Must be Angry” (“Les dieux sont en colère”), voici une petite note d’optimisme: un projet d’atténuation des effets du changement climatique et d’adaptation à ces effets à Keta.

Keta est une ville au Sud Est du Ghana, sur le golfe de Guinée, près de l’embouchure de la Volta.

Sa situation entre mer et océan a toujours été un atout pour les deux activités principales des habitants de la ville: la pêche et la transformation des produits de la pêche. Mais ses deux rivages se sont rapidement érodés.

Durant le vingtième siècle, plus de la moitié de la ville a été emportée par les eaux.
De nombreux habitants de Keta se sont alors déplacés vers le Sud du pays, le long de la côte, pour s’installer à Dzelukofe.  En 1992, le lagon de Anlo-Keta a été classé zone humide d’importance internationale par la Convention de Ramsar sur les zones humides, et en 1999, des mesures ont éte prises pour limiter l’érosion et contrôler les inondations dans cette région côtière. Le projet promeut la protection de l’env
ironnement par un usage durable des ressources, et encourage la croissance.

Ces mesures comprennent notamment la récupération de terres sur le lagon dans les environs de Keta, Vodza et Kedzi, qui peuvent servir de terrains pour reconstruire des habitations et des entreprises.

Par exemple, une plus grande superficie sera consacrée à l’agriculture et une route rouvre la circulation entre Keta et les villes et villages du Togo voisin et de la côte ghanéenne.  Ceci permet aux agriculteurs  et aux entrepreneurs de la région d’accéder aux marchés.

Les nouvelles plages et les promontoires de gravats vont créer des zones protégées d’où les pêcheurs pourront lancer leurs barques, et  vont accueillir les industries de pêche qui se spécialisent dans la pêche au filet en zone sur les rivages.

La protection contre les inondations va permettre de réduire les pertes des fermiers, et les terres récupérées vont pouvoir accueillir de nouvelles habitations, des entreprises et des communautés.

Source: Encyclopedia Britanica (http://www.britannica.com/EBchecked/topic/315645/Keta) et Wikipedia. (Traduction libre)

 

La recherche scientifique par et pour les Africains pour lutter contre les changements climatiques

Par Roukiattou Ouédraogo

Les effets néfastes du changement climatique sont évidents et visibles sur tout le continent: des inondations au Nigéria, aux sécheresses du Niger, en passant par les déplacements de population au Soudan. Pourtant, les participants au 7e Forum pour le développement de l’Afrique ont souligné à plusieurs reprises l’importance de disposer de données scientifiques pour défendre le dossier africain dans le cadre des négociations  internationales sur le climat. Des experts en changement climatique se sont réunis, le 14 octobre sur le thème «Science, technologie, innovation et renforcement des capacités face au changement climatique».

Les scientifiques africains font face à nombreux problèmes, à noté Bruce Hewitson, Professeur de climatologie à l'Université du Cap, et orateur principal de cette session. Ils ont accès à peu d’informations, et ils font face à la capacité limitée des décideurs d'acquérir et d'utiliser l’information et  les résultats de leur recherche. Alors qu’«il est nécessaire de disposer de données de qualité sur lesquelles fonder les décisions» note-t-il.

La recherche scientifique doit aussi se focaliser sur les besoins réels et spécifiques de l’Afrique. «Dans le court terme, il est nécessaire  que nous évitions la naïveté, que nous reconnaissions les nuances, et soyons capables d’identifier ce que nous devons d'abord savoir, faire des progrès dans ce sens. Il faudra aussi travailler à identifier les obstacles qui freinent le développement des connaissances essentielles et investir dans leur résolution» déclare t-il.

Cela requiert que les scientifiques africains puissent collecter des données, les transformer, les intégrer ensuite dans un savoir qui pourra former la base des actions pour réagir contre les changements climatiques. «Il n’y a pas de raccourci pour ce processus si nous voulons atteindre les objectifs» a-t-il rappelé.

Quant aux négociations internationales sur le changement climatique, il insiste sur la nécessité de renforcer les compétences des négociateurs pour la 17e Conférence des parties (COP17 prévue en 2011 en Afrique du Sud, ndlr) pour qu’ils comprennent bien  les nuances de l’information sur les changements climatiques.

Il a également recommandé que les scientifiques produisent des articles scientifiques, revus par leurs pairs, avant la Conférence. D’autres actions prioritaires seraient d’encourager la recherche interdisciplinaire, et d’inventer de nouvelles formes de communication entre les scientifiques, les décideurs et les communautés.

«Il faut promouvoir en Afrique un environnement où les gens sont libres d'innover, de travailler en partenariat avec le monde développé, mais avec la possibilité de prendre en compte les besoins réels des Africains, de mettre en place  des mécanismes qui permettent de renforcer les capacités des gens qui sont passionnés des questions sur le changement climatique » a-t-il ajouté.

« L’argent attribué pour combattre les effets du changement climatique est insuffisant» note Sospeter Muhongo, Professeur en géologie à l’Université de Dar-el-Salam en Tanzanie. «Sur les 6.000 satellites dans l'espace, l'Afrique en possède moins de dix, et moins d’un scientifique  pour 10.000 habitants»  renchérit-il.

Pour relever son niveau scientifique, l’Afrique a besoin de plus d’argent que ce qui est promis par les pays développés, peut-on retenir des propos du Professeur Muhongo.
« L’Afrique subsaharienne est confrontée à la pénurie d'eau en raison du changement climatique, mais l'Afrique n'a pas la capacité de financer des technologies telles que les usines de dessalement pour répondre à ce problème » rapporte t-il.

Selon lui, l’Afrique doit investir dans  les sciences et technologies spatiales – ce qui requiert un investissement dans une éducation de qualité à tous les niveaux,  ainsi qu’un accès accru aux technologies de l’information et de la communication.  «Nous avons besoin de maîtriser les biosciences et les biotechnologies, les sciences nucléaires et de la technologie nucléaire, les nanosciences et la nanotechnologie pour protéger le continent contre les effets du changement climatique».

Pour Susan Burns, Directrice exécutive du Global Footprint Network, le Produit intérieur brut (PIB) est dépassé comme indicateur de suivi de la performance économique, la qualité de la vie et la durabilité de l’environnement. Elle recommande la création d’un nouvel outil, un «indicateur d’empreinte écologique» pour mesurer la pression exercée par l'homme sur la nature, sachant que chaque personne a un impact sur l’environnement de par sa façon de vivre. L'empreinte écologique mesure la consommation humaine de ressources naturelles.  Susan Burns explique en quoi un tel outil présente des avantages pour l’Afrique:   l’empreinte écologique permet de soupeser des options de politique «elle lie des choix avec des conséquences potentielles» note t-elle.   En se concentrant sur l'intérêt national, elle aide également à révéler les niveaux  économiques de développement. Enfin, ce nouvel outil démontre aux détracteurs de l’économie verte, de façon quantifiable, qu’un développement propre est un investissement fructueux avec des retours rapides et fiables et non un fardeau économique supplémentaire.

 

Adaptation aux changements climatiques: le secteur privé est incontournable

Par Marie-Noëlle Guichi

Les réactions du secteur privé aux changements climatiques étaient au centre de la cinquième plénière organisée ce 15 octobre 2010, dernier jour de la 7ème édition du Forum Africain pour le développement qui se déroule à Addis- Abéba depuis dimanche.

La présidente de séance, Mme Hela Cheikrouhou, Directrice du Département Energie, environnement et changements climatiques à la Banque Africaine de développement pense que l’action nationale et la coopération internationale peuvent soutenir un développement compatible avec les changements climatiques. Cela requiert la création d’un environnement propice aux investissements, et un recours à des instruments de financement novateurs pour exploiter le financement du secteur privé.

Mais selon Angela Kallhague, de la société Swedish Energy Agency, le secteur privé ne peut véritablement jouer son rôle dans le combat contre les changements climatiques que si les politiques exploitent efficacement les capitaux et le savoir-faire des opérateurs pour offrir des modalités et des instruments efficaces.

Lloyd Chingambo, Président du Fonds africain pour le carbone, pense que ce Fonds peut produire des ressources à mettre au service du secteur privé pour apporter des solutions en termes d’adaptation et d’atténuation.  Le Fonds africain pour le carbone est un instrument en  gestation, soutenu par l’Union européenne, pour aider les pays du Marché commun de l'Afrique du Sud et de l'Est (COMESA) à accéder au marché du carbone. Il sera approvisionné par le marché des droits à polluer. Il s’agit pour les entreprises d'acheter sur des marchés  un certain volume de droits correspondant à un volume de pollution, selon le principe du pollueur-payeur inventé par Ronald Coase, prix Nobel d'Économie. Ce faisant, l'entreprise prend conscience du coût de sa pollution et est incitée à la réduire.

Simon Young, Président-directeur général d’une compagnie d’assurance caribéenne de gestion des risques catastrophiques, avoue pour sa part que, pour que sa structure arrive à accorder de meilleures primes aux victimes des changements climatiques, il faut renforcer le partenariat public-privé. Cela permettrait de lever d’importants fonds auprès des bailleurs pour subvenir aux besoins des catastrophés. Simon Young observe que «l’assurance dans le domaine de l’agriculture coûte très cher. Il n’en n’existe pas qui ne soit pas subventionnée par le gouvernement».

Il affirme que sa compagnie a déjà payé des primes estimées à 20 millions de dollars des États-Unis à seize gouvernements pour 29 polices d’assurance souscrites. Simon Young reconnaît cependant que cette offre n’arrive pas à répondre à la demande.  Il ajoute qu’il faut aider les compagnies privées à accéder à des instruments de financement novateurs, y compris des prêts directs et l’ouverture de lignes de crédits aux institutions de financement locales et autres établissements de microfinance.

Shadreck Mapfumo, Vice président d’une autre compagnie d’assurance, Crop Insurance, confie qu’il facilite l’accès aux crédits pour les petits agriculteurs. Pour l’instant, les bénéficiaires en Afrique sont le Malawi, le Rwanda, le Kenya et la Tanzanie  – pays qui figurent en tête des plus touchés par l’insécurité alimentaire résultant des changements climatiques. Il dit collaborer avec plusieurs partenaires, dont des sociétés productrices de semences améliorées et autres banques agricoles.

Dotun Ajayi, Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest de la Table Ronde des hommes d’affaires d’Afrique conclut que le secteur privé dont il fait partie s’investit déjà dans l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. Toutefois, pour bénéficier de toutes les opportunités, Shadreck Mapfumo estime  qu’il importe de renforcer les compétences au niveau local en matière de quantification des risques et de tarification des primes. Il déclare que COMESA a lancé en août 2010 un vaste programme de formation des formateurs dans ce domaine pour huit pays. En Ouganda, 70 praticiens en ont déjà profité; 45 autres au Kenya; 20 au Rwanda et bientôt 100 au Malawi. À terme, il s’agira de former 700 experts en quantification des risques souverains et chacun d’eux formera à son tour 10 praticiens, pour parvenir à un total de 7000 personnes formées dans les pays retenus.

Cécile Ndjebet, Présidente des Femmes africaines pour la gestion des droits des communautés locales, plaide pour la prise en compte du rôle de la société civile dans les partenariats qui sont mis en place, afin de sauvegarder les intérêts de ces communautés. Cela est particulièrement important en ce qui concerne leurs droits fonciers et leur accès au futur  Fonds africain pour le carbone.