A propos d'ADF VII

Les changements climatiques constituent les menaces les plus redoutables au développement durable en Afrique. Bien que le continent ne contribue que pour 3 % environ du total des émissions de gaz à effet de serre, ses pays sont, à l’échelle mondiale, parmi les plus vulnérables aux changements climatiques. Cette vulnérabilité est due à des pressions multiples associées à de faibles capacités d’adaptation.

Premièrement, la situation géographique de nombreux pays africains se caractérise par un climat déjà plus chaud que la moyenne, des zones marginales plus exposées aux risques climatiques tels que l’instabilité pluviométrique, des sols pauvres et des plaines inondables.

Deuxièmement, les économies de la plupart des pays d’Afrique dépendent encore lourdement de secteurs tributaires des conditions météorologiques, tels que l’agriculture pluviale, la pêche, l’exploitation forestière et d’autres ressources naturelles et le tourisme.

Troisièmement, le continent est incapable de faire face aux effets directs et indirects des changements climatiques en raison de la pauvreté généralisée, d’une faible infrastructure économique et sociale, des conflits et de l’insuffisance des ressources humaines, institutionnelles et financières. La vulnérabilité de l'Afrique aux changements climatiques est extrême pour les pauvres, qui vivent généralement dans des environnements particulièrement exposés à la sécheresse, aux inondations et à d'autres phénomènes climatiques extrêmes.

Le quatrième rapport d’évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et d'autres grands rapports comme l’étude Stern sur l’économie du changement climatique font ressortir clairement certaines des conséquences, actuelles et projetées, des changements climatiques sur le développement de l'Afrique. Parmi ces lourdes conséquences qui menacent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le développement durable dans la région, figure ce qui suit:

  1. Aggravation du stress hydrique et multiplication des conflits liés à l’accès à l'eau;

  2. Difficultés en matière de production agricole et insécurité alimentaire croissante;

  3. Problèmes énergétiques en constante augmentation, compliquant davantage les problèmes liés au développement industriel;

  4. Élévation du niveau de la mer provoquant la détérioration des conditions de vie et la dégradation de l’environnement dans les zones côtières;

  5. Appauvrissement de la diversité biologique et disparition des forêts et d’autres habitats naturels, faisant peser des menaces sur le bien-être de millions de personnes qui dépendent de la diversité biologique pour leur subsistance;

  6. Élargissement de la gamme et prévalence accrue des maladies à transmission vectorielle qui viennent aggraver les problèmes posés par la pandémie de VIH/sida, auxquels les pauvres sont les plus vulnérables en raison de leurs conditions de vie déplorables et du manque d’accès aux soins de santé;

  7. Multiplication des risques de conflits, instabilité et menaces à la sécurité liés aux migrations massives de populations provoqués par des phénomènes climatiques extrêmes.

Des efforts concertés en vue de s’adapter aux changements climatiques doivent être déployés à tous les niveaux pour permettre aux sociétés et aux économies africaines de résister à ces épreuves annoncées. En effet, prendre des mesures vigoureuses sans tarder permettra d’éviter les pires conséquences des changements climatiques. Une réaction efficace nécessiterait donc que les parties prenantes intègrent de manière déterminée les préoccupations liées aux changements climatiques dans les politiques, les stratégies, les programmes et les pratiques en matière de développement, en accordant une attention spéciale aux secteurs prioritaires vulnérables à ces changements. Ces mesures devraient être conçues et mises en œuvre, non seulement en parfaite connaissance des preuves des changements climatiques et des effets et problèmes qu’ils engendrent, mais également en tenant pleinement compte des possibilités pouvant en découler. Les plus importantes d’entre elles sont celles qui permettront à l’Afrique de privilégier une faible teneur en carbone et un développement plus soucieux de l’environnement. L’Afrique doit également tirer le meilleur profit des dispositions d’un accord mondial pour l’après -2012 relatives à l’acquisition de la technologie, au financement et au renforcement des capacités en vue de l’adaptation aux changements climatiques et de leur atténuation.

Jusqu’ici, l’Afrique a réussi à exprimer dans le cadre d’une position commune ses préoccupations et ses intérêts et à en faire part à la communauté internationale dans les négociations en cours sur les changements climatiques. Bien que ces négociations n’aient pas abouti à un accord juridiquement contraignant à l’occasion de la quinzième Conférence des Parties (COP 15) de la Convention – cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, l’Accord de Copenhague qui en a résulté représente bien un certain progrès dans la bonne direction, s’agissant en particulier de la volonté des pays développés de réduire le volume de leurs émissions de gaz à effet de serre et de fournir un appui financier en faveur des efforts d’adaptation et d’atténuation dans les pays en développement. Dans la mesure où les négociations se poursuivent en vue d’une conclusion heureuse à la seizième Conférence des Parties à Cancún (Mexique), en décembre 2010, il importe que l’Afrique maintienne le cap, unie, dans ses efforts tendant à affiner et à mieux gérer sa position commune.

Le Septième Forum pour le développement de l’Afrique (ADF VII) vise à fournir un cadre multipartite pour discuter des impératifs décrits ci-dessus et parvenir au consensus à leur sujet. Il permettra d’échanger des informations, des connaissances et des données d’expérience sur la façon dont l’Afrique pourrait et devrait faire face aux effets des changements climatiques en mettant en oeuvre de manière efficace les politiques, stratégies, programmes et pratiques qu’elle aura adoptés. En outre, le Forum contribuera à renforcer la position africaine commune dans les prochaines négociations internationales en sensibilisant à cette question toutes les parties prenantes africaines et ses partenaires de développement aux préoccupations et aux attentes du continent en ce qui concerne l’accord mondial pour l’après- 2012 relatif au climat et en recherchant le consensus avec toutes ces parties.