Thèmes

Thème global

À partir d'une perspective centrée sur les moyens de subsistance et un développement durable, le septième Forum axera ses travaux sur le thème «Agir face aux changements climatiques pour promouvoir un développement durable en Afrique.»

Sous–thèmes

Les discussions menées dans le cadre du Forum porteront sur des sous-thèmes étroitement liés à son thème principal.

Planter le décor

Les trois sous-thèmes ci-après seront examinés lors des activités préparatoires aux concertations, qui dureront trois jours. Il s'agit de :

1. Faits concrets et incidences des changements climatiques

Il est désormais scientifiquement établi que le climat de notre planète est en changement constant. Le quatrième rapport d'évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC) conclut que notre système climatique se réchauffe en raison des activités humaines. L'augmentation du volume des émissions de gaz à effet de serre ne menace pas seulement l'environnement, mais entrave également le développement et a des conséquences néfastes dramatiques sur le bien-être économique et social de l'Afrique. Faute de connaissances suffisantes sur les tendances futures des changements climatiques qui nous permettront de nous adapter à l’instabilité du climat, l'Afrique ne sera peut-être pas en mesure de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Aucun pays au monde ne sera épargné par les changements climatiques, mais les pays africains y seront particulièrement vulnérables et en souffriront le plus. Selon les différents modèles utilisés, les effets d'une augmentation – fort probable – d’environ 2 °C de la température sur l’Afrique pourrait se traduire par une perte de 133 milliards de dollars des États-Unis, soit 4,7 % du PIB, essentiellement en raison des pertes subies par le secteur agricole. En cas d'augmentation de la température de 2,5 à 5°, la faim touchera encore 128 millions d'Africains et les inondations 108 millions, et une élévation du niveau de la mer de 15 à 95 cm aura des effets dévastateurs.

En conséquence, un bon point de départ pour un débat sérieux orienté vers l'action sur les changements climatiques consiste à parvenir à une compréhension commune des éléments mêmes du phénomène et de l'ampleur de ses effets présents et projetés sur la croissance économique, le développement social et la durabilité de l'environnement en Afrique.

2.   Défis et possibilités associés aux changements climatiques

Il y a lieu d'intégrer les questions relatives aux changements climatiques dans les décisions nationales concernant les politiques, programmes et pratiques de développement, de façon à atténuer les effets néfastes des changements climatiques sur les ressources, les moyens de subsistance et l'ensemble de l'économie. Dans cette intégration, il doit être tenu compte aussi bien des problèmes que posent les changements climatiques que des possibilités – en particulier celles associées à l'économie verte – qu’ils offrent pour les futures orientations en matière de développement durable. La concertation sur ces défi et possibilités contribuerait aussi à accorder à la question des changements climatiques un degré de priorité politique plus élevé, en faisant de ce défi de l'environnement un défi de développement.

3.  L'Afrique et les négociations internationales sur les changements climatiques

Les négociations en cours sur les changements climatiques sont aussi complexes qu'ambitieuses, car les questions examinées touchent à tous les aspects de développement. Afin de veiller à ce que les pays africains participent efficacement aux négociations et mettent au point des positions clairement définies en vue de la Conférence des Parties à Cancún, toutes les parties prenantes concernées, notamment les gouvernements, le secteur privé et la société civile, devraient être effectivement associées au processus et y jouer le rôle qui leur revient. Cela exige la sensibilisation aux questions des éléments principaux à l'examen, et la recherche/la consolidation du consensus sur les préoccupations et attentes majeures du continent dans le cadre des négociations internationales.

Sous-thèmes prioritaires

Le septième Forum servira de cadre pour un examen plus approfondi et ciblé des sous- thèmes suivants:

4. Climatologie, suivi, évaluation et alerte avancée

Compte tenu des faits concrets récemment établis, un consensus s'est dégagé dans la communauté scientifique mondiale sur le fait que les activités humaines sont la principale cause des changements climatiques. Pourtant, l'Afrique connaît des problèmes dans les domaines scientifiques et socioéconomiques tels que comprendre l’évolution du climat ; le suivre, atténuer ses effets et acquérir les moyens de résister en Afrique aux risques et catastrophes naturels et anthropiques (sécheresse, inondations, glissements de terrain, cyclones tropicaux, incendies de forêt, tremblements de terre, tsunamis, îles englouties et sécheresse); et produire et utiliser les informations fiables sur le climat aux fins de décisions politiques, de bonne gestion des risques du climat et de pratiques d'adaptation. Au titre de ce sous- thème seraient discutées les questions suivantes: utilisation de la recherche scientifique et des travaux d'analyse en vue de l’amélioration de la prise de décisions; l'état actuel de la recherche en matière de changements climatiques en Afrique; technologies et innovations auxquelles l'Afrique peut recourir en matière d'atténuation et d'adaptation en matière de changements climatiques; et le coût d'acquisition et d'utilisation de ces technologies et innovations.

5. Changements climatiques, paix et sécurité

Les phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations, la sécheresse, la désertification et l'élévation du niveau de la mer risquent d'obliger de plus en plus de populations africaines à migrer des zones rurales vers les zones urbaines, et de fuir des zones de plus en plus arides, les zones côtières de faible altitude et les terres insulaires à faible productivité. Des déplacements massifs de population pourraient déclencher des conflits violents dans la lutte pour l’accès à des ressources vitales telles que la terre et l’eau et leur contrôle et compliquer davantage la question de la gestion des flux migratoires à l'intérieur du continent et entre celui-ci et le reste du monde.

6. Changements climatiques, agriculture et sécurité alimentaire

Les changements climatiques devraient gravement compromettre la production agricole- épine dorsale de la plupart des économies africaines – et aggraver la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans de nombreuses sous-régions d’Afrique. Les zones favorables à l’agriculture, la longueur des saisons de croissance végétale et le potentiel de rendement, notamment le long des marges des zones semi-arides et arides, devraient diminuer considérablement. Des sécheresses, des inondations et des conditions climatiques extrêmes plus fréquentes et plus graves augmenteraient les pressions sur les systèmes de production végétale et d’élevage. Dans certains pays, un grand nombre de produits agricoles des zones côtières sont menacés par la hausse du niveau de la mer et des températures. L’approvisionnement local en denrées alimentaires serait également touché par la diminution des ressources halieutiques dans les grands lacs, en raison de l’augmentation de la température de l’eau. Les effets combinés de ces phénomènes pourraient compromettre les moyens de subsistance d’une grande partie de la population et limiter les perspectives d’expansion économique, de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire sur le continent.

Les petits agriculteurs dans les pays en développement comme en Afrique sont les plus exposés aux changements climatiques. En effet, la plupart du temps, cette composante pauvre de la société subit de plein fouet leurs effets. Les changements climatiques et la sécurité alimentaire sont les défis les plus redoutables auxquels sera confrontée l'Afrique les prochaines années. Il ressort d’études sérieuses que les changements climatiques « non maîtrisés » provoqueront une augmentation de 20 % des taux de malnutrition chez les enfants d'ici à 2050. Aussi est-il vital de coupler les changements climatiques et les programmes agricoles, et d'adapter l'agriculture aux nouvelles réalités climatiques. À cet effet, tous les acteurs devraient être engagés dans ce processus au tout début des initiatives, afin d'élargir la portée du développement à de nouveaux acteurs et d'associer les parties prenantes et les partenaires à un véritable processus de développement.

Atténuer les effets des changements climatiques sur l'agriculture, notamment les cultures, l'élevage et la pêche nécessitera l'adoption de nouvelles approches analytiques liées par des structures institutionnelles appropriées. Le processus actuel de prise de décisions qui tient compte des diverses activités telles que l'analyse de la vulnérabilité et la gestion des risques, la surveillance agricole, la sécurité alimentaire et l’alerte rapide, les évaluations environnementales et la mobilisation des ressources doit être réexaminé et adapté, de façon à prendre en considération les réalités nouvelles. Il importe également d'adopter des politiques et des stratégies qui permettront aux collectivités de s'adapter aux difficultés nouvelles et complexes et de les atténuer.

7. Changements climatiques et mise en place des infrastructures

Les ressources en eau de l'Afrique n'ont cessé de diminuer, essentiellement à cause des sécheresses persistantes, de la fonte rapide des chapeaux de neige, de l'assèchement des lacs et cours d’eau et de certaines modes d'utilisation des terres. Les changements climatiques aggraveront cette situation et accentueront davantage le stress hydrique et la pénurie d'eau en Afrique. La baisse du niveau de l’eau devrait altérer la qualité de l'eau, aggraver les maladies transmises par l'eau et réduire la production de l'énergie hydroélectrique. Combinée à une demande accrue d'eau pour différentes utilisations (agriculture, industrie, énergie, etc.), cette situation aura des effets néfastes sur les moyens de subsistance de millions de personnes et aggravera les problèmes liés à l'eau tels que les conflits résultant de demandes concurrentes et de la gestion de ressources en eau communes.

L’effet conjugué de la diminution du débit des cours d’eau alimentant les principaux barrages hydroélectriques et de l’appauvrissement des ressources énergétiques issues de la biomasse résultant des changements climatiques pourrait considérablement aggraver la situation déjà catastrophique en termes de disponibilité et d’accessibilité à l’énergie. L’élévation du niveau de la mer devrait également avoir des conséquences négatives sur l’exploitation pétrolière en mer. Les contraintes qui en résultent pour la production d’énergie et l’accès à celle-ci entraveraient également le développement industriel sur l’ensemble du continent. Cependant, des possibilités considérables s’offrent encore à l’Afrique en matière de mise en valeur des ressources énergétiques renouvelables.

Les discussions qui seront menées au titre de ce thème porteront sur les défis, les possibilités et les mesures effectives prises pour remédier aux effets des changements climatiques grâce à la mise en place des infrastructures économiques et sociales nécessaires, l'accent étant mis sur les ressources en eau, l'énergie, le transport et les secteurs des TIC.

8.  Changements climatiques et développement commercial et industriel

Les changements climatiques ont diverses incidences sur le développement du commerce et de l'industrie en Afrique. Par exemple, la baisse de la production agricole due au climat rendrait l'Afrique encore plus tributaire des importations. À cet égard, les projections des modèles de la circulation générale (MCG) qui tiennent compte des changements climatiques prévoient une augmentation de 10 à 40 % de cette dépendance vis-à-vis des importations. De plus, des baisses considérables sont également prévues dans les exportations nettes agricoles de l'Afrique, allant de 9 % au Mozambique à 74 % en Zambie. Cependant, les perspectives en matière d'économie verte offrent de nouvelles possibilités pour de futures voies de développement industriel et commercial en Afrique. Des mesures efficaces d'atténuation des effets des changements climatiques en vue d'une croissance économique durable et de la réduction de la pauvreté en Afrique nécessitent une compréhension satisfaisante de ces défis et possibilités en matière de développement commercial et industriel.

9. Changements climatiques et développement humain (santé, éducation, emploi)

Les changements climatiques devraient provoquer des modifications au niveau des températures et des précipitations. Cela provoquera l'élévation des températures et des variations dans la pluviométrie qui se traduiront par une recrudescence et une plus large propagation des maladies transmises par vecteur en Afrique. Il est prévu que de nombreuses sous- régions telles que le Sahel, l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est connaîtront une recrudescence et une augmentation de la gravité des maladies transmises par vecteur telles que le paludisme, le choléra, la fièvre jaune, la trypanosomiase et la fièvre de la vallée du Rift. Ces maladies empêcheront les enfants, la composante la plus vulnérable de la population, d'aller à l'école. Les changements climatiques aggraveront ainsi les problèmes posés par la pandémie de VIH/sida, en particulier chez les pauvres, en raison de leurs conditions de vie misérables et du manque d'accès aux soins de santé. De plus, l'agriculture demeurant le principal pourvoyeur d'emplois dans la plupart des pays africains, la baisse de la production agricole due au climat touchera durement les groupes les plus vulnérables de la population, en particulier les femmes et les enfants. La concertation au titre de ce sous- thème sera axée sur les principaux moteurs de développement humain et social, l'accent étant mis sur l'égalité entre les sexes, les jeunes, la santé et l'éducation.

10. Changements climatique et viabilité des écosystèmes

Nous savons que la vie sur terre dépend directement ou indirectement des écosystèmes et des services rendus par ces derniers. Cela dit, nous ne connaissons pas grand-chose des limites naturelles ou des risques d'anéantissement de ces systèmes, qui subissent une pression croissante de la part des changements climatiques et d'autres facteurs environnementaux. Au fil des années, cette pression grandissante qui s'exerce sur les écosystèmes, qui sont les sources du bien-être économique, met en évidence la nécessité d'accorder une valeur économique à ces écosystèmes, nous incitant ainsi à procéder à des réorientations dans tous les domaines pour comprendre l'environnement et la façon de le gérer, ainsi que la responsabilité sociale, les débouchés économiques et l'avenir commun de l’hommes et de la nature.

Étant donné la menace actuelle que représentent les changements climatiques, gérer les écosystèmes et préserver leur viabilité sont essentiels pour atténuer leurs effets et s’y adapter. Remédier à l'élévation du niveau de la mer, par exemple, nécessitera une meilleure gestion des récifs de corail, des mangroves et des zones côtières, afin de renforcer leur résistance. De même, prévenir les inondations dévastatrices et limiter leurs effets exigera la préservation des forêts et le reboisement dans les zones dégradées. Au vu des changements climatiques, la gestion des écosystèmes et des services qu'ils fournissent ne fait que prendre encore plus d'importance.

Les discussions au titre de ce sous- thème porteront sur ce qui suit:

1. Comment mieux renforcer le rôle de la gestion des écosystèmes et leur durabilité de façon à s'adapter aux effets des changements climatiques et à les atténuer;
2. Les pratiques et les moyens efficaces que peuvent utiliser les pays en développement et en Afrique pour veiller à la bonne gestion des écosystèmes et à leur durabilité;
3. Les mesures prioritaires pour assurer la durabilité des écosystèmes et la mise en place d'économies permettant de résister aux phénomènes climatiques.

Outre les questions prioritaires susmentionnées, le Forum examinera les sous–thèmes concrets ci-après en vue d'apporter des solutions aux changements climatiques en Afrique:

• Gouvernance et réaction des dirigeants face aux changements climatiques;
• Financement des activités en matière d'adaptation aux changements climatiques et d'atténuation de leurs effets;
• Mobilisation de la science, de la technologie et de l'innovation aux fins d'adaptation aux changements climatiques et d'atténuation de leurs effets;
• Renforcement des capacités aux fins d'adaptation des changements climatiques et d’atténuation de leurs effets