Note conceptuelle

Réunion du Comité d’experts de la septième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l'Afrique et de la Conférence des ministres de l'économie et des finances de l'Union africaine
 

Abuja (Nigéria)

25-30 mars 2014

 

Note conceptuelle

 

Thème: L’industrialisation au service du développement inclusif et de la transformation en Afrique

  

 

I. Contexte

Un consensus se dégage sur le fait que la transformation structurelle économique est essentielle à la consolidation et à la pérennisation de la forte croissance enregistrée par les pays africains au cours de la dernière décennie. Dans cette optique, un certain nombre d’initiatives ont été prises en vue de promouvoir le développement industriel du continent.

Une des mesures les plus importantes dans cette direction a été l’adoption du Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA)[1]. Conformément à ce plan, de récentes réunions conjointes UA/CEA des ministres chargés de la finance et de la planification, ainsi que diverses éditions du Rapport économique sur l’Afrique, se sont intéressées aux différents aspects de la transformation en Afrique.

Dans le Rapport économique sur l’Afrique de 2013, intitulé « Tirer le plus grand profit des produits de base africains: l’industrialisation au service de la croissance, de l’emploi et de la transformation économique »,les décideurs ont été exhortés à ajouter de la valeur à leurs produits de base[2]. Il y est souligné aussi que les progrès en matière d’établissement de liens ont été très lents sur l’ensemble du continent. Le rapport, qui s’appuie sur des études de cas de pays, a servi pour les décideurs de trame pour mettre en place des mesures nationales visant à catalyser l’industrialisation fondée sur le produit de base. Éclairée par les conclusions du rapport, la sixième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’Union africaine et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA, tenue à Abidjan, en Côte d’Ivoire, a appelé les pays africains à adopter des politiques industrielles cohérentes, à créer des mécanismes institutionnels de politique industrielle et à coordonner les actions des ministères compétents pour mieux mettre en œuvre les mesures en faveur de l’industrialisation.

Partant des recommandations de la réunion de 2013 et s’inspirant du Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA), la réunion de 2014 permettra aux décideurs de formuler un cadre de développement industriel qui soit à la fois inclusif et transformateur et de forger un consensus autour de celui-ci. L’insistance sur l’inclusion tient au fait que celle-ci joue un rôle important dans la promotion du développement durable. Les récents troubles sociaux et politiques sur le continent démontrent amplement la pertinence de ce propos.

 

II. Défis du développement inclusif

La situation économique actuelle de l’Afrique contraste fortement avec celle des années 80, une décennie caractérisée par une lente croissance et un fardeau écrasant de la dette. Au cours des cinq dernières années consécutives, le continent s’est classé parmi les régions du monde où la croissance économique a été la plus rapide, et ce, en dépit du reflux de l’économie mondiale. Même avec une baisse à 4,1 % en 2013, contre 5,4 % en 2012, le continent affiche des taux de croissance presque deux fois supérieurs à la moyenne mondiale, et seule la région de l’Asie de l’Est et du Sud a fait mieux, avec un taux de croissance de 5,5 % en 2013. La croissance en Afrique a pu s’appuyer sur de bons résultats en matière d’exportation de produits de base, une demande intérieure accrue (due en particulier à une augmentation de l’investissement privé dans les infrastructures et l’énergie) et une amélioration de la gouvernance et de la gestion économiques dans les pays africains. Néanmoins, les pays exportateurs de pétrole sont encore les principaux moteurs de la croissance du continent en 2013.

Les prévisions de croissance à moyen terme pour l’Afrique restent fortes, eu égard tant aux perspectives d’une reprise modérée de la croissance mondiale qu’à la croissance continue de la production industrielle et du commerce dans les pays émergents et en développement, principalement la Chine. Le climat des affaires sur le continent s’est également amélioré, et on assiste à l’émergence d’une classe moyenne en croissance, estimée à 355 millions de personnes, soit 34 % de la population totale en 2010. Les indicateurs sociaux se sont également améliorés, s’agissant en particulier de la scolarisation primaire (y compris pour les filles), du recul des taux de mortalité maternelle et des taux de prévalence et d’incidence du VIH/sida, des innovations relatives à l’utilisation de la téléphonie mobile aux fins de transactions financières, des améliorations dans la gouvernance et des transitions démocratiques moins violentes.

Malgré de récents taux de croissance spectaculaires, l’Afrique doit encore surmonter de nombreux obstacles, notamment dans les deux domaines de la création d’emplois et de la prestation de services sociaux, qui sont tous d’importants facteurs de développement inclusif. La croissance n’a pas dégagé suffisamment d’emplois pour une population africaine jeune et en augmentation rapide. La principale raison en est que la croissance continue d’être alimentée par les exportations de matières premières produites dans des enclaves économiques qui ne créent guère de valeur et n’ont que peu de liens avec le reste de l’économie. La part globale de la production manufacturière en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale, en Afrique de l’Est et en Afrique australe s’est réduite à moins de 1 %, malgré un accès préférentiel aux marchés des États-Unis et de l’Union européenne[3]. Faute d’importantes activités créatrices de la valeur, le continent est invariablement réduit à l’état d’« exportateur net » d’emplois vers le reste du monde. Les techniques capitalistiques utilisées dans l’extraction de minéraux et de pétrole brut, en particulier, ont sérieusement entamé la capacité de nombreuses économies africaines de créer des emplois. Résultat, la contribution de la production manufacturière au produit intérieur brut (PIB) a soit décliné ou stagné dans de nombreux pays africains, entraînant ainsi des conséquences néfastes sur la croissance de l’emploi.

De réels progrès ont été réalisés en matière d’indicateurs socioéconomiques, mais ils n’étaient pas suffisamment rapides pour permettre de réaliser les cibles des objectifs du Millénaire pour le développement. Particulièrement préoccupants sont les forts taux de mortalité infantile et maternelle, le manque d’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement de base, ainsi que la piètre qualité des services sociaux en général.

Le peu d’impact de la croissance sur les conditions de vie et sur l’accès aux services sociaux a également contribué à aggraver les inégalités de sexe et de revenus, ainsi que les disparités entre zones rurales et zones urbaines. L’indice de Gini, qui mesure les inégalités de revenus, était de 44,2 en 2008, plaçant le continent au deuxième rang des régions les plus inégalitaires du monde (Banque africaine de développement, 2013). En outre, le coefficient de Gini masque de profondes inégalités spatiales et entre hommes et femmes. Dans des pays comme l’Algérie, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie, les femmes perçoivent à peine la moitié de la rémunération des hommes pour le même travail (CEA, 2013).

En outre, la croissance économique régulière de l’Afrique ne s’est pas nécessairement traduite par le renforcement de la capacité d’adaptation aux risques environnementaux liés aux changements climatiques. Les sécheresses chroniques deviennent de plus en plus fréquentes dans nombre de régions africaines, avec des conséquences sévères sur les conditions de vie, la production agricole et la croissance économique en général.

Des innovations technologiques impressionnantes ont été enregistrées dans le domaine de l’utilisation de la téléphonie mobile pour la prestation de services financiers. Ces résultats prometteurs favorisent l’intégration et l’intermédiation financières. Il est cependant nécessaire d’investir davantage dans la science, la technologie et l’innovation pour renforcer et améliorer les capacités productives et la compétitivité de l’Afrique. Accorder la priorité à la recherche-développement, renforcer les programmes scientifiques et technologiques du système éducatif et accroître les capacités de protection de la propriété intellectuelle sont essentiels à l’amélioration de l’innovation technologique sur le continent.

En effet, l’Afrique dispose d’énormes possibilités pour mettre en place un processus de croissance sous-tendue par la création d’emplois décents, spécialement pour les jeunes; l’amélioration de la qualité de services sociaux, notamment la santé, l’éducation et l’assainissement; un investissement adéquat dans la science, la technologie et l’innovation; le renforcement de la résilience et de la capacité de réaction à la menace liée aux changements climatiques et la réduction des inégalités de revenus, d’avoirs et des inégalités spatiales (CEA, 2011).

 

III. L’industrialisation en Afrique: justification et opportunités

 Les préoccupations liées à l’inclusion limitée de la croissance sur le continent ont relancé l’intérêt pour une transformation économique structurelle sous-tendue par une industrialisation fondée sur les produits de base, en tant que voie d’un développement inclusif et durable.

Parmi les principales caractéristiques du processus d’industrialisation figurent: i) l’augmentation de la productivité et des salaires grâce à l’application de technologies modernes pour créer de la valeur; ii) une hausse constante de la création d’emplois décents grâce à l’augmentation des possibilités pour créer de la valeur et des chaînes de valeurs ajoutées, en exploitant des technologies à forte intensité de main-d’œuvre; iii) une relative diminution de la contribution de l’agriculture au PIB et une augmentation correspondante de la part relative des industries et des services; et iv) le déplacement des travailleurs du secteur agricole vers un secteur industriel en croissance et offrant des salaires plus élevés. Très important à cet égard est l’établissement de liens en amont et en aval entre secteurs, qui crée des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie.

 Dans le contexte africain, l’industrialisation à forte intensité de main-d’œuvre, alimentée par des produits provenant des abondantes ressources naturelles du continent offre la possibilité de créer des emplois décents en créant de la valeur; d’accroître le revenu intérieur grâce à la mise au point de produits à haute valeur ajoutée et d’atténuer l’exposition aux crises extérieures grâce à la diversification économique et à la réduction de la dépendance vis-à-vis des produits de base.  

En effet, la transformation économique par un développement industriel inclusif est vitale pour que le continent puisse optimiser les bénéfices tirés de ses vastes ressources naturelles. Mais quels sont les risques baissiers dont les pays africains doivent tenir compte en se lançant dans le périple d’un développement industriel transformateur et inclusif?

 Suivant la théorie économique, les transformations s’accompagnent au départ d’un élargissement des inégalités, suivi d’une réduction graduelle de ces inégalités à mesure que les individus et les ménages s’ajustent et s’adaptent aux nouvelles possibilités et que des programmes de redistribution sont mis en place[4]. Contrairement à la théorie, les données empiriques sont contrastées; elles mettent en évidence le rôle des politiques volontaristes dans la détermination du processus d’intégration et de transformation

 De fait, les données d’expérience des pays ayant réussi leur transformation économique montrent que les politiques publiques influent sur la nature et les résultats du programme de transformation. Plus précisément, des interventions et programmes publics, notamment ceux destinés à renforcer les capacités productives (celles des femmes et des groupes vulnérables en particulier), sont nécessaires pour éviter que le développement industriel n’élargisse les inégalités.

 

IV. Industrialisation, inclusion et développement durable

 L’examen des trajectoires d’industrialisation des pays développés et des pays émergents donne à penser que les incidences socioéconomiques de l’industrialisation varient d’un pays à l’autre et qu’elles dépendent des conditions initiales de chaque pays et de ses choix de politique. L’impact de l’industrialisation sur l’inclusion se manifeste largement, mais non exclusivement, par les effets qu’elle exerce sur les divers types d’inégalités, notamment les inégalités de revenus, les inégalités spatiales et de sexe.

A. Industrialisation et inégalités de revenus

 L’une des principales caractéristiques de la transformation structurelle est le passage progressif, dans l’économie, d’activités à faible productivité (comme l’agriculture) vers des activités à forte productivité (comme l’industrie), ce passage s’accompagnant d’une demande accrue de travailleurs plus productifs ou plus qualifiés. À mesure que les individus « font défection » vis-à-vis du secteur agricole pour aller dans le secteur industriel, l’écart des rémunérations intersectorielles s’élargit au départ jusqu’à ce que la plupart des travailleurs soient absorbés par le secteur industriel. Si cette théorie des inégalités (Kuznets, 1955) est corroborée par l’expérience historique des économies industrielles occidentales, elle ne rend pas suffisamment compte de la réalité dans les pays émergents. En Indonésie, par exemple, des politiques agricoles volontaristes, y compris les subventions aux intrants, la dépréciation du taux de change et la diversification au profit d’autres cultures que le riz, ont favorisé le secteur agricole, créé des emplois et réduit les disparités de revenus (van der Eng, 2009).

B. Industrialisation et inégalités entre hommes et femmes

L’industrialisation peut également élargir les inégalités entre hommes et femmes lorsque ces dernières sont concentrées dans des activités peu qualifiées dans le secteur industriel. De fait, des études internationales montrent que les femmes travaillent essentiellement dans des secteurs tels que l’habillement et l’horticulture, et exercent des emplois aussi peu qualifiés que le tri et l’emballage dans des secteurs caractérisés par de bas salaires et de médiocres conditions de travail. Toutefois, des programmes de discrimination positive associés à des programmes de formation ciblés en fonction du sexe peuvent améliorer la mobilité professionnelle des femmes et combler le fossé salarial entre hommes et femmes.

C. Industrialisation et inégalités spatiales

 Des auteurs (Williamson, 1965) soutiennent que la transformation structurelle s’accompagne au départ d’une concentration géographique des activités économiques dans quelques régions, ce qui se traduit par des disparités dans la distribution régionale de revenus. Ainsi, en Indonésie, on attribue les fortes inégalités entre l’île de Java et les îles périphériques à la concentration d’importants investissements et d’infrastructures publics en faveur du développement de l’industrie manufacturière à Java (Van der Eng, 2009). L’industrialisation en Chine s’est également accompagnée de disparités régionales, la région orientale jouissant d’une plus forte production par habitant, de niveaux élevés d’emploi, de productivité et d’exportation au détriment des régions centrales et occidentales du pays (Yao, 1997). Des données d’expériences nationales montrent que, dans le court terme, la transformation économique pourrait exacerber les inégalités d’inclusion en entraînant un déplacement d’accent de l’agriculture vers l’industrie, creusant ainsi le fossé entre travailleurs qualifiés et non qualifiés et aggravant la fracture zones rurales-zones urbaines. Nonobstant ces résultats défavorables, un processus de planification du développement favorisant un développement spatial équilibré peut aider à surmonter ces difficultés.

 

V. Le rôle des politiques

Les expériences de certains pays montrent que le creusement des inégalités et la marginalisation ne sont pas des conséquences inévitables de l’industrialisation et de la transformation. Des études ont démontré l’importance de politiques judicieusement ciblées, telles que les transferts monétaires assortis de conditions, pour réduire les inégalités. En effet, les transferts monétaires assortis de conditions sont à l’origine d’environ 21 % de la baisse de l’indice de Gini enregistrée au Brésil au Mexique entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000 (Soares et al., 2007).

 Les effets de l’industrialisation sur l’emploi n’ont rien d’inéluctable non plus. Ils dépendent de la stratégie d’industrialisation poursuivie (par exemple, industrie lourde ou légère) et de la mesure dans laquelle ces industries peuvent absorber de la main-d’œuvre (en particulier, de la main-d’œuvre non qualifiée). L’un des éléments déterminants de la réussite des économies d’Asie de l’Est en termes de plein emploi, de hausse des salaires réels et d’effets favorables de la répartition des revenus, a été la priorité accordée, dès le départ, aux industries tournées vers l’exportation à forte intensité de main-d’œuvre non qualifiée, pour lesquelles ces pays disposaient d’un avantage comparatif (Fields, 1985). Pendant les premières phases de la transformation, Hong Kong, la Corée du Sud, Singapour et Taiwan ont connu une croissance rapide tirée par des exportations à haute intensité de main-d’œuvre, ce qui a contribué à réduire le chômage de manière significative. À Singapour, le taux de chômage a fortement chuté, de 10 % dans les années 1960 à 3 % dans les années 1980. En Corée du Sud, il a été ramené de 8,2 % en 1964 à 4,1 % en 1981. À Hong Kong, il a augmenté pour atteindre 9,1 % en 1975, mais est retombé à 4,3 % en 1980[5].

 

VI. Septième réunion annuelle conjointe

L’analyse qui précède démontre le besoin d’une concertation de haut niveau en vue d’élaborer un cadre d’industrialisation inclusive et de transformation pour l’Afrique. C’est dans ce contexte que la septième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’UA et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA est organisée sur le thème: « L’industrialisation au service du développement inclusif et de la transformation en Afrique ». Le Gouvernement nigérian accueillera la Conférence du 25 au 30 mars 2014, à Abuja.

 

A. Objectifs et propos principal de la Conférence des ministres de 2014

 Les objectifs spécifiques de la Conférence sont les suivants:

  • Assurer le rapprochement des points de vue des décideurs politiques au sujet des moteurs et des facteurs clés de réussite d’une industrialisation inclusive et durable,
  • Fournir aux décideurs politiques un espace de discussion en vue de formuler des propositions concrètes susceptibles d’enclencher la mise en œuvre de cadres d’industrialisation, y compris le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique,
  • Concevoir des options et des politiques concrètes pour un programme d’industrialisation inclusive et durable qui génère des emplois décents et qui respecte l’environnement.

B. Structure de la Conférence

La Conférence abordera diverses questions en lien avec le développement du continent et guidera le travail de la Commission. Cette conférence sera le cadre des événements majeurs que sont la concertation politique de haut-niveau, les séances de réunion-débat et les tables rondes, ainsi que d’événements tenus en parallèle sur divers sujets relatifs au développement. Certaines nouveautés ont été apportées à l’édition 2014 de la Conférence des ministres CEA-CUA. Ainsi, sera lancée une série de conférences annuelles qui rendront hommage à d’éminentes personnalités africaines. En outre, plusieurs activités complémentaires couvriront des sujets d’actualité, notamment le Mécanisme de coordination régionale, la statistique, et le renouvellement de la planification.

1. Séances plénières

Les séances plénières comprendront des discussions sur le thème de la Conférence, suivies de discussions plus ciblées sur trois thématiques: capacités et institutions; innovation et technologie; et croissance inclusive et création d’emplois. Les discussions sous-thématiques offriront l’occasion d’analyser plus en détail certains éléments clés d’un programme d’industrialisation inclusive et de transformation.

a) Concertation au niveau ministériel sur le thème de la Conférence: L’industrialisation au service du développement inclusif et de la transformation en Afrique

La concertation au niveau ministériel sur le thème de la Conférence sera l’occasion de réfléchir aux moyens d’assurer que le programme d’industrialisation de l’Afrique soit inclusif et tienne compte des trois dimensions de la durabilité: économique, sociale et environnementale. Parmi les questions plus spécifiques qui seront examinées figurent l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies et de politiques d’industrialisation efficaces et à même de soutenir la création d’emplois, d’améliorer les capacités productives, de répondre aux besoins des personnes vulnérables notamment grâce à la mise en place de programmes de protection sociale financièrement viables, de faciliter la transition vers une économie verte, et, à terme, de promouvoir l’équité intergénérationnelle.

En pratique, la concertation devrait fournir des perspectives concrètes quant à la manière dont les stratégies d’industrialisation de l’Afrique pourraient entraîner une croissance accélérée et de meilleure qualité. Un élément décisif des débats sera l’évaluation du rôle de l’État pour faciliter le processus d’industrialisation. À cet égard, il sera pertinent d’analyser les enseignements tirés des expériences d’industrialisation en Asie, en Amérique latine et en Afrique même. Quelles leçons l’Afrique peut-elle tirer des réussites de pays d’Asie et d’Amérique latine et dans quelle mesure ces leçons sont-elles appropriées pour l’Afrique ? L’Afrique devrait-elle développer son propre modèle original d’industrialisation ? Si tel est le cas, à quoi ressemblerait un tel modèle ?

La concertation au niveau ministériel sera menée par un groupe de haut niveau constitué de personnalités éminentes, de hauts responsables politiques, de spécialistes du secteur privé et d’experts de renom d’organisations régionales et internationales, y compris du système des Nations Unies et de la Banque mondiale.

b) Innovation et transferts de technologie en vue de l’amélioration de la productivité et de la compétitivité

Les participants examineront des questions liées à la rationalisation des stratégies relatives à la technologie et à l’innovation dans les politiques de développement industriel et dans les plans généraux de développement national dans les pays africains. Les débats permettront d’évaluer l’importance que les décideurs accordent à l’innovation pour développer l’industrie africaine.

c) Capacités et institutions au service du développement industriel: rôle des secteurs public et privé

 Les secteurs privé et public ont un rôle essentiel à jouer pour favoriser l’industrialisation de l’Afrique. En ajoutant des obstacles et en causant des retards administratifs injustifiés, un secteur public dysfonctionnel compromet l’efficacité du secteur privé dans l’exercice de ses activités commerciales. Inversement, sans les compétences et les mécanismes institutionnels de soutien nécessaires, le secteur privé ne peut pas exploiter pleinement les possibilités d’investissements et d’accès préférentiel au marché, comme celles offertes par l’AGOA (Africa Growth and Opportunity Act, loi des États-Unis en faveur de la croissance et des opportunités de l’Afrique).      

Cette séance sera l’occasion d’examiner les mesures et initiatives nécessaires pour renforcer les capacités institutionnelles des secteurs public et privé et tirer parti de leurs contributions respectives au programme inclusif d’industrialisation et de transformation du continent. Les participants prendront connaissance d’exemples de réussite d’entrepreneurs privés africains dans certains secteurs d’exportation, comme les fleurs coupées au Kenya et en Éthiopie, et un cadre permettant une plus grande implication du secteur privé leur sera présenté. Un cadre similaire avait été examiné à la dixième Conférence de l’Union africaine en 2008, à propos du Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique; néanmoins, peu de progrès ont été accomplis depuis lors s’agissant de la transformation du Plan d’action.

 

2. Série de conférences

L’une des innovations majeures de la Conférence des ministres CEA-CUA de 2014 est le lancement d’une série de conférences annuelles saluant la contribution d’une éminente personnalité africaine au développement du continent.

 

3. Manifestations parallèles

a Renouvellement de la planification, en mettant l’accent sur les enseignements tirés de la planification d’un développement inclusif et durable sur le continent.

b) Mécanisme de coordination régionale pour l’Afrique (MCR-Afrique).

c) Présentation visuelle des flux de matières premières et de produits finis entre l’Afrique et le monde.

d) Sommet des gouverneurs de banques centrales africaines et des directeurs exécutifs du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale avant la réunion prévue au printemps 2014.

e) Rendre les économies et la transformation structurelle africaines plus « vertes »: le rôle des nouvelles technologies et de l’innovation.

f) Lancement de l’initiative Mama Africa, un nouveau projet de la CEA visant à aider les États membres à réaliser plus rapidement l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes grâce à des interventions d’avant-garde.

g Manifestation conjointe ONUDI/ONUSIDA.

h) Projet « Coût de la faim ».

i) Productivité, compétitivité et industrialisation.

j)  Lancement du projet relatif à des données destinées au Rapport sur le développement de l’Afrique.

Des détails complémentaires sur les manifestations parallèles seront donnés dans les aide-mémoire respectifs.

 

VII.     Résultats escomptés

 La Conférence devrait aboutir sur les résultats ci-après:

  • Le bilan étayé des progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme d’industrialisation énoncé dans le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique;
  • Une meilleure compréhension des cadres institutionnels et politiques nécessaires pour réaliser efficacement le développement industriel durable et inclusif de l’Afrique;
  • Une Déclaration ministérielle énonçant les options politiques et les mesures requises pour mettre en œuvre dans le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique en vue du développement inclusif et durable du continent africain.

 

VIII.   Documentation

Les débats s’appuieront sur le document de travail consacré au thème de la Conférence et sur des notes techniques portant sur les thèmes des séances plénières, des tables rondes et des manifestations parallèles.

 

IX.      Participation

 Les participants et délégués à la Conférence seront notamment des ministres et des représentants des États membres, des communautés économiques régionales, des organismes des Nations Unies, des institutions financières panafricaines, des universités et instituts de recherche africains, des partenaires de développement et d’autres organisations intergouvernementales. Des invitations seront également adressées à d’autres organisations partenaires, à des organisations non gouvernementales et au secteur privé.

X. Contacts

Pour davantage de renseignements sur la Conférence et la réunion du Comité d’experts, veuillez contacter:

 

Mme Sandra Baffoe-Bonnie

Secrétaire de la Commission

Commission économique pour l’Afrique

Tél.: +251 11 544-3378 ou +251 911 52 32 67

Adresse électronique: SBaffoe-Bonnie@uneca.org

 

ou des représentants de la CUA:

 

M. Amadou Cissé, Économiste principal

Division Politique économique et recherche

Commission de l’Union africaine

Tél.: +251 11 518-2629; fax: +251 11 551-0249

Adresse électronique: CisseA@africa-union.org

 

M. Abia Sunday Udoh, Économiste

Division Politique économique et recherche

Commission de l’Union africaine

Tél.: +251 11 518-2663; fax: +251 11 551-0249

Adresse électronique: UDOHAS@africa-union.org

 

Mme Ndinaye Charumbira, Économiste

Division Politique économique et recherche,

Commission de l'Union africaine

 Tél.: +251 11 518-2664; fax: +251 11 551-0249

Adresse électronique: CharumbiraN@africa-union.org

  

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[1] Promu par la Commission de l’Union africaine (UA) en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et d’autres partenaires de développement, le Plan comporte sept groupes de projets.

[2] Les délibérations tenues lors des 19 lancements ministériels et nationaux de la dernière édition du Rapport déjà réalisés à ce jour ont conduit à un accord entre les décideurs, les parties prenantes des secteurs public et privé ainsi que les experts dans le domaine de l’industrie et de la valeur ajoutée pour dire que l’industrialisation fondée sur les produits de base est un moteur réalisable de la croissance pour l’Afrique.

[3] Hinh, D. et al. (2013). Light Manufacturing in Zambia: Job Creation and Prosperity in a Resource-Based Economy. Banque mondiale: Washington, D.C.

[4] Kuznets, S. (1955), Economic Growth and Income Inequality, dans American Economic Review, Vol. 45, pp. 1-28.

[5] Fields G. S., (1985). Industrialization and Employment in Hong Kong, Korea, Singapore, and Taiwan. Cornell University ILR Collection.