Les modèles de développement

 

Mercredi dernier, les experts de la Commission économique pour l’Afrique et de l’Union africaine ont débattu du thème principal de leur 7e Conférence conjointe intitulé : « L’industrialisation au service du développement inclusif et de la transformation en Afrique ». Les causes du sous-développement du continent ont été soulignées. On a cité entre autres,  la mauvaise application des politiques du développement dans les pays, les égoïsmes nationaux, la non harmonisation des plans de développement dans les communautés économiques, une politique commerciale basée sur l’exportation des ressources naturelles brutes, etc. Pourtant, les indices économiques prédestinent un bel avenir à l’Afrique qui présente le meilleur taux de croissance actuel. Ce taux de croissance tourne autour de 5%.

Avec les atouts dont le continent dispose, les économistes pensent que le nouveau marché se trouve sur le continent avec ses vastes étendues de terre propice à l’agriculture et à l’investissement et sa démographie croissante qui constitue un marché costaud.  Mais, ont prévenu les experts, l’augmentation de la population africaine doit s’accompagner d’opportunités d’emploi pour au moins deux  raisons : améliorer la qualité de la vie et éviter les agitations sociales. Mais pour aboutir à l’industrialisation préconisée, il faudrait surtout  mettre l’accent sur la technologie. De même, les pays doivent briser les barrières pour partager les informations industrielles et permettre la libre circulation des personnes et des biens. Quelques délégués des pays ont pris la parole soit pour présenter leurs modèles de développement, soit pour expliquer le retard économique de l’Afrique.

1)      Le Nigeria

Le Nigeria a partagé son expérience de l’application d’un plan de développement dit « Plan de révolution industrielle qui met l’accent sur les infrastructures. Les délégués de ce pays ont néanmoins reconnu que l’insuffisance de l’énergie demeure un obstacle majeur pour le pays. Le Nigeria souffre aussi du déficit en matière de compétences dans des domaines pointus.  Les délégués de ce pays ont par ailleurs cité des préalables, qui, de leur avis, sont indispensables pour envisager un développement durable en Afrique.

            -Les liaisons routières entre les villes, de leur avis, sont indispensables pour faciliter l’approvisionnement des marchés nationaux et sous-régionaux.

            -Le financement. Pas d’industrie sans facilités des prêts à longs termes. Les PME continuent d’éprouver des difficultés à avoir accès aux crédits.

            -L’élaboration des normes africaines. Les marchandises provenant de l’Afrique n’ont pas accès au marché international parce que les normes africaines ne sont pas alignées au standard international. Il faut investir dans la création des laboratoires de haut niveau pour répondre à ces exigences.

            -La formation des ressources humaines, la valorisation des résultats de la recherche permettront d’innover et de satisfaire le marché. D’où l’impérative nécessité de leur accorder une importance conséquente.

            -L’assainissement du climat des affaires propice à l’attrait des capitaux est un autre challenge pour le continent. Il faut à cet effet, la mise en place des institutions fortes et incitatives aux investissements.

2)      Le Kenya

Le délégué du Kenya a pris la parole pour suggérer à l’Afrique de passer à l’action. Pour lui, les grandes rencontres comme la Conférence conjointe UA/CEA des ministres des Finances, de l’Economie et de la Planification doivent cesser d’être des balades de plaisir. « Il faut arrêter de réfléchir sans agir, de revenir sur des choses dont on parle depuis toujours »,  a suggéré le délégué Kenyan avant d’ajouter que les tigres asiatiques qui servent de modèles de développement ont eu le courage de leurs politiques de développement.

Le Kenya a proposé à l’Afrique de changer de paradigme et d’état d’esprit pour valoriser les ressources naturelles. Certains pays, pense les délégués kenyans,  peuvent baser leur industrie sur le secteur où les ressources paraissent  les plus avantageuses pour le pays, chacun selon ses spécificités. « On ne peut pas créer les industries en parlant seulement et nos réunions ne doivent pas être des rendez-vous de bavardage sans lendemain », a conclu Fredrick Matwang’a le délégué Kenyan.

3)      La Côte d’Ivoire

Le pays est revenu sur la  pour l’Afrique d’investir dans la production de l’énergie, condition sine qua none pour faire fonctionner des usines. Cela demande des capitaux importants qu’il faut chercher. On a appris que la Côte d’Ivoire a dû consentir à un investissement de 12 milliards de dollars pour produire 1.000 mégawatt d’électricité.                                                                                                                             

4)      La Gambie a insisté sur la nécessité de garantir le droit de propriété.

5)      Le Ghana

Le pays a mis en garde sur l’investissement à outrance des privés étrangers qui peut empêcher la promotion des produits locaux.

6)      L’Algérie

 L’Algérie propose de copier son modèle de développement qui a pu établir une passerelle entre l’université et l’entreprise. Elle en appelle à la dématérialisation des procédures, à une politique industrielle basée sur la consommation locale, la promotion du commerce sous-régionale et régionale et la construction des filières industrielles.

Jeanine FANKAM