Étude des conditions économiques et sociales en Afrique, 2005
1. L'ÉCONOMIE MONDIALE
Si l'économie mondiale a enregistré, en 2005, une baisse de croissance (de 5% à 4.3%) par rapport à 2004, elle a su néanmoins résister à la hausse des prix de l'énergie. Cette très bonne tenue a été favorisée par la croissance de la demande intérieure aux États-Unis, au Canada, en Chine et en Inde, qui a, en partie, permis de compenser une moindre croissance au Japon (2,8%) due à la lenteur de la constitution des stocks, dans la zone Euro (1,2%) en raison d'une faible dépense des ménages et au Royaume-Uni (1,75%), du fait du recul de la consommation dans les secteurs publique et privé1. L'Amérique latine a enregistré une baisse de croissance (de 5,8% à 4,2%) par rapport à 2004, due à une diminution des importations de la Chine et des pays industrialisés et à la stabilisation des prix des produits primaires. On a également assisté à une baisse de croissance par rapport à l'année 2004 dans les pays en transition (de 6,7% à 5,3%) et en Asie (de 7% à 6,5%).
En 2005, l'économie mondiale a été marquée par un certain nombre de faits nouveaux qui ont d'importantes incidences à court et à moyen terme sur les économies africaines. La hausse prolongée des prix du pétrole continuera d'exercer une pression sur les coûts de l'énergie dans tous les pays et d'alourdir la facture pétrolière des pays importateurs. La hausse des taux d'intérêt à court terme due au resserrement de la politique monétaire, notamment aux États-Unis, entraîne l'augmentation du coût du service de la dette pour les pays dont l'endettement à court terme représente une part importante du total de leur dette extérieure. Les déséquilibres macro-économiques, en particulier le creusement du déficit budgétaire et des comptes courants aux États-Unis, auront également pour effet d'orienter à la hausse les taux d'intérêt à court terme. L'appréciation du dollar, due en partie à la hausse des taux d'intérêt et à une forte reprise aux États-Unis, contribuera aussi à renchérir les importations et à alourdir le service de la dette des pays africains.
L'année 2005 a été par ailleurs marquée par un certain nombre de faits nouveaux encourageants, qui traduisent la volonté de la communauté internationale de soutenir les efforts de développement aux échelons national et régional en Afrique. Par exemple, mais cette liste est loin d'être exhaustive, l'examen global des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) auquel a procédé l'Assemblée générale des Nations Unies, le rapport de la Commission pour l'Afrique dirigée par le Premier Ministre britannique, M. Blair, et l'attention particulière que le sommet du G-8 de l'année dernière a accordée au financement du développement en Afrique ont permis à la communauté internationale de réaffirmer sa détermination à contribuer à accélérer la croissance et la réduction de la pauvreté en Afrique, notamment en augmentant l'aide et en allégeant la dette. Un consensus se fait jour sur le fait que les efforts en faveur de la croissance doivent être soutenus par des stratégies permettant d'optimiser l'utilisation de l'aide et de mieux cibler la lutte contre la pauvreté dans les programmes nationaux de développement.
2. VUE D'ENSEMBLE DE LA CROISSANCE EN AFRIQUE
2.1. Forte croissance en 2005
En 2005, les économies africaines ont, globalement, enregistré un taux de croissance (5,3%), légèrement supérieur à celui de 2004 (5,2%) et nettement supérieur à celui de 2003 (4,3%) (Figure 1)2. L'Afrique subsaharienne (ASS) a connu le même fort taux de croissance que le continent dans son ensemble. Au niveau individuel, 23 pays ont vu leur taux de croissance augmenter en 2005 par rapport à 2004. Toutefois, cet excellent résultat a été inégal d'un pays à l'autre. En particulier, suivant la tendance récente, les pays dont les économies reposent sur le secteur pétrolier ont globalement enregistré une croissance de 6,2% en 2005, grâce à la hausse très importante tant du prix que de la production du pétrole, contre 4,4% pour les pays dont les économies ne reposent pas sur le secteur pétrolier (Figure 2). Il est à noter que, contrairement aux pays exportateurs de pétrole, les pays non producteurs ont vu en fait leur croissance reculer entre 2004 et 2005. Néanmoins, la croissance économique a été forte en 2005 dans les deux groupes de pays.
Figure 1: Taux de croissance du PIB réel en Afrique, 2003-2005
Source: Economist intelligence Unit (EIU)
Figure 2: Croissance comparée du PIB réel des pays africains producteurs et non producteurs de pétrole, 2003-2005
Source: EIU
La forte croissance enregistrée en 2005 ainsi que les années récentes représente un tournant majeur après des décennies de récession et de stagnation économiques. Un des facteurs clefs de cette reprise est l'amélioration de la gestion macroéconomique dans de nombreux pays africains, qui a permis de maîtriser l'inflation et d'asseoir l'équilibre budgétaire. La hausse des cours internationaux à l'exportation des principaux produits de base a également favorisé la reprise en Afrique. L'indice combiné des prix des produits de base a progressé en moyenne de près de 30% en 2005 par rapport à 2004, grâce principalement aux cours du pétrole brut, qui ont augmenté de plus de 40%, contre 13% pour les produits de base non énergétiques. Parmi ceux-ci, les métaux et les minéraux ont vu leurs cours s'apprécier de 25,4%, tandis que les cours des produits agricoles, des matières premières et des engrais ont enregistré une hausse de 7,6%, de 7,1%, et de 6,6%, respectivement. À l'inverse, les cours à l'exportation du coton, du thé et du cacao ont continué de chuter, essentiellement à cause de l'excédent de l'offre mondiale de ces produits.
En 2005, huit des dix pays ayant enregistré les plus forts taux de croissance avaient atteint le chiffre de 7%, estimé nécessaire pour réaliser les OMD. Ce sont: l'Angola, le Congo, l'Éthiopie, la Guinée équatoriale, le Libéria, la Libye, la Mozambique et le Soudan (figure 3). La moitié des pays arrivés en tête du classement sont des pays exportateurs de pétrole, ce qui illustre l'incidence de la hausse des cours et de la production du pétrole sur les recettes d'exportation. On notera cependant que l'autre moitié est constituée de pays dont les économies ne reposent pas sur le pétrole: Il s'agit du Cap-Vert, de l'Éthiopie, du Libéria, du Mozambique et de la Tanzanie. Les résultats du Zimbabwe, du Malawi et des Seychelles ont été les plus faibles en 2005, comme en 2004, en raison de l'instabilité persistante au Zimbabwe et du tsunami et des médiocres résultats de l'industrie du tourisme et de l'exportation du thon aux Seychelles. Les faibles résultats enregistrés par le Malawi en 2005 s'expliquent par la baisse de la production agricole due à la sécheresse. Au Togo, la lenteur de la croissance est imputable à la tension politique et à la baisse de la production du phosphate.
Figure 3: Les dix pays africains ayant obtenu les meilleurs résultats et les cinq pays africains ayant obtenu les plus mauvais résultats en 2005 (taux de croissance annuelle)
Source: Classement établi à partir des données de l'EIU
2.2. Les taux de croissance restent variables à l'échelle sous-régionale
Figure 4: Croissance par sous-région, 2003-2005
Source: EIU
En Afrique du Nord, la croissance est restée forte en 2005 et a légèrement augmenté, par rapport à 2004, passant de 5,2% à 5,3% essentiellement en raison des bons résultats du secteur pétrolier en Algérie, en Égypte et au Soudan. Toutefois, la sous-région a été pénalisée par des conditions météorologiques défavorables et par le fait que l'Accord de l'OMC relatif aux textiles et aux vêtements a expiré le 1er janvier 2005. Le Maroc, seul pays non producteur de pétrole de la sous-région, a enregistré un fort ralentissement du taux de croissance du PIB réel, qui est passé de 4,2% en 2004 à 1,8% en 2005, à cause d'une forte diminution de la production agricole. De même, la faible croissance du secteur textile a ralenti la croissance du PIB en Tunisie, qui est passée de 6% en 2004 à 4,3% en 2005. La Mauritanie a enregistré un fort taux de croissance (5,5%) en 2005, grâce aux bons résultats du secteur des services et aux travaux d'infrastructure financés par les donateurs.
L'Afrique centrale a été la sous-région la moins performante en 2005, le taux de croissance a diminué, passant de 6,3% en 2004 à 3,7% en 2005. La croissance s'est ralentie dans tous les pays de la sous-région, sauf en République centrafricaine et au Gabon, où les taux ont légèrement augmenté, passant respectivement de 1,3% à 2,2% et de 1,4% à 2,1%. Au Tchad et en Guinée équatoriale, les taux de croissance ont nettement baissé, passant respectivement de 29,7% à 5,9% et de 32,9% à 9,2% à cause de l'achèvement de grands projets d'investissement dans le secteur pétrolier.
En Afrique australe, les taux sont passés de 5,1% en 2004 à 5,8% en 2005, en raison principalement de la forte croissance enregistrée en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud. L'Angola, avec un taux de croissance de 19,1%, a été le pays d'Afrique dont l'expansion économique a été la plus rapide en 2005, grâce à l'augmentation des revenus pétroliers. Le taux de croissance élevé de l'Afrique du Sud s'explique par l'augmentation de la demande intérieure et des exportations ainsi que par l'amélioration des résultats dans le secteur du tourisme. En Zambie, la croissance a diminué légèrement par rapport à 2004 (passant de 5,4% à 5,1%), les effets négatifs des sécheresses sur l'agriculture étant compensés par les résultats positifs dans d'autres secteurs tels que la production de cuivre, qui a augmenté. Au Zimbabwe, l'activité économique a continué de diminuer (-7,1%), ramenant le PIB réel à 36% au-dessous du niveau de 1999.
En Afrique de l'Ouest, la croissance, qui est principalement attribuable au secteur tertiaire4, a progressé de façon marginale en 2005, passant de 4,8% à 4,9%. Toutefois, les données ventilées montrent qu'elle a été importante dans un certain nombre de pays, à savoir le Cap-Vert (de 4,4% à 6, 6%), le Libéria (de 2,4% à 8%), le Mali (de 2,2% à 6%) et le Niger (de 0% à 4,5%). Ont également enregistré des taux de croissance élevés du PIB le Sénégal (6,1%), la Sierra Leone (6,3%), le Nigéria (6%) et la Gambie (5%). La croissance a diminué dans quatre pays, à savoir le Burkina Faso (de 4,6% à 3,5%), la Côte d'Ivoire (de 1,6% à 1%), le Ghana (de 5,8% à 4,3%) et la Guinée-Bissau (de 4,3% à 2,3%).
2.3. Tendances à moyen terme
Quelles ont été les performances à moyen terme des économies africaines dans un passé récent? La figure 5 indique les taux de croissance moyens au cours de la période 1998-20055. On notera que cinq des dix pays ayant obtenu les meilleurs résultats en 2005 figurent également parmi les 10 pays qui ont obtenu les meilleurs résultats ces huit dernières années, à savoir l'Angola, la Guinée équatoriale, l'Éthiopie, le Mozambique et le Soudan. Les Seychelles et le Zimbabwe figurent parmi les pays qui ont obtenu les plus mauvais résultats à la fois en 2005 et ces huit dernières années. Les données portant sur cette période montrent aussi que ce n'est pas seulement dans les pays pétroliers que la croissance a été élevée. Six des dix pays ayant enregistré les meilleurs résultats ne sont pas des exportateurs de pétrole: Botswana, Éthiopie, Mozambique, Rwanda, Sénégal et Ouganda. La croissance de ces pays s'explique par les effets des réformes de grande ampleur et de longue haleine intervenues dans le domaine économique ainsi que par le fait que certains pays qui sortent d'un conflit tels que le Mozambique, le Rwanda et l'Ouganda ont recouvré la stabilité politique.
Le groupe des pays les moins avancés (PMA)6 d'Afrique a obtenu des résultats particulièrement bons, enregistrant un taux de croissance moyen de 5,3% au cours de la période 1998-2005, soit plus que la moyenne d'Afrique subsaharienne (3,6%) et du continent (4%)7. Il ressort des données ventilées que les PMA africains producteurs de pétrole ont obtenu de meilleurs résultats que les pays africains non producteurs de pétrole (7,5% et 4,4%, respectivement) et que les PMA sans littoral ont enregistré les plus mauvais résultats (3,9%).
Figure 5: Les dix pays africains ayant obtenu les meilleurs résultats et les cinq pays africains ayant obtenu les plus mauvais résultats, 1998-2005 (taux moyen de croissance annuelle)
Source: EIU
2.4. Le scénario de croissance demeure un sujet de préoccupation
Les taux de croissance restent insuffisants pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement
Les fortes inégalités observées dans de nombreux pays africains8 constituent un autre grand obstacle à la réduction de la pauvreté. Les données empiriques indiquent en effet que ces inégalités ralentissent considérablement le rythme auquel la croissance entraîne la réduction de la pauvreté9. Par conséquent, outre le renforcement des stratégies visant à accélérer la croissance, la réalisation d'un développement généralisé doit rester une des priorités du débat sur la politique économique nationale.
La création d'emplois demeure un défi
La croissance en Afrique présente un autre aspect décevant: les forts taux de progression du PIB enregistrés ces dernières années ne sont pas allés de pair avec des gains substantiels en matière de création d'emplois, ce qui suscite de graves inquiétudes quant à l'aptitude du continent à réduire la pauvreté de manière significative10. La faiblesse de l'emploi sur le continent a pour cause première l'inaptitude à soutenir une forte croissance sur une période prolongée. La forte volatilité de la croissance du PIB limite les incitations à créer des emplois dans le secteur privé, en raison de l'incertitude concernant les profits à venir. Elle a pour deuxième cause le fait que dans de nombreux pays, les taux de croissance n'ont pas été assez élevés pour entraîner une demande d'emplois suffisante. En outre, dans beaucoup de pays, la croissance du PIB est restée en deçà de la croissance de la main-d'œuvre. En fait, la forte croissance enregistrée à l'échelle du continent masque de grandes disparités d'un pays à l'autre, de nombreux pays étant dans une situation d'équilibre marquée par une faible croissance. La troisième cause de la faiblesse de l'emploi est le déplacement de l'activité économique du secteur agricole vers des secteurs à forte intensité de capital comme l'extraction minière et la production pétrolière. De 1994 à 2003, dans 35 des 51 pays pour lesquels on dispose de données suffisantes, la part de l'agriculture dans le PIB a baissé11. Cette réorientation de l'activité économique au détriment de l'agriculture s'est accompagnée d'une augmentation de productivité faible voire nulle dans le secteur agricole et d'une très faible absorption de la main-d'œuvre par les autres secteurs, ce qui a entraîné un sous-emploi considérable dans le secteur rural/agricole.
Les taux d'épargne et d'investissement demeurent faibles
La faiblesse de l'investissement intérieur est un des facteurs qui expliquent la lenteur de la croissance dans nombre de pays africains. L'investissement intérieur brut en capital fixe n'a été en moyenne que de 20 % sur le continent au cours de la période 2000-2003. L'investissement intérieur ne s'est pas redressé depuis la baisse enregistrée au début des années 80 et n'a pas été sensible aux réformes visant à assurer la stabilisation macroéconomique. Sur les 46 pays pour lesquels on dispose de données suffisantes, neuf seulement ont enregistré des taux d'investissement élevés, c'est-à-dire au moins 25 % du PIB, au cours de la période 2000-2003 (figure 6). Un grand obstacle à l'investissement est la cherté du crédit, en raison des taux d'intérêt élevés, ainsi que des difficultés d'accès au crédit, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. On estime aussi, d'une manière générale, qu'il est beaucoup plus coûteux de faire des affaires dans les pays africains que dans les autres régions, ce qui décourage l'investissement direct tant national qu'étranger12.
Les taux d'épargne sont également peu élevés dans la plupart des pays africains, essentiellement en raison de la faiblesse des revenus et de l'inefficacité avec laquelle l'épargne est mobilisée par les systèmes financiers, mais cela n'explique que partiellement les faibles niveaux d'investissement. L'augmentation des taux d'épargne depuis le milieu des années 90, ne s'est pas accompagnée d'un redressement important de l'investissement (figure 7). Outre le prix à payer pour faire des affaires, la faible relation entre l'épargne et l'investissement en Afrique a notamment pour cause l'inefficacité des marchés financiers, qui fait qu'il est difficile d'injecter de façon optimale des capitaux dans l'économie13.
Figure 6: Pays africains ayant enregistré un ratio investissement-PIB d'au moins 25 % sur la période 2000-2003
Source: Indicateurs du développement dans le monde, 2005.
Figure 7: Investissement intérieur brut en capital fixe et épargne (en pourcentage du PIB) en Afrique sur la période 1975-2003
Source: Indicateurs du développement dans le monde, 2005.
Note: Cette figure présente la situation globale de 26 pays africains pour lesquels on dispose de données suffisantes sur l'épargne et l'investissement en capital fixe pour la période 1975 - 2003.
2.5 Le cas des pays en conflit ou sortant d'un conflit
Les pays qui sortent d'un conflit font face à des difficultés particulières résultant des effets de la guerre et des besoins financiers énormes liés à la reconstruction. Ils doivent définir une multitude de priorités concernant aussi bien les infrastructures et l'énergie que la prestation de services sociaux ou encore la stabilisation macroéconomique et les réformes microéconomiques et d'ordre réglementaire. Néanmoins, de nombreux pays sortant d'un conflit ont enregistré de forts taux de croissance ces dernières années, du fait d'abord de la restauration de la paix, mais également des efforts déployés par le gouvernement pour investir dans la reconstruction, souvent avec l'appui généreux de la communauté des donateurs14. Le Mozambique, l'Ouganda et le Rwanda sont de bons exemples de pays ayant enregistré de fortes performances économiques après leur sortie du conflit.
Les pays en conflit font face à des défis encore plus importants en matière de développement, de création d'emplois et de réduction de la pauvreté. L'insécurité qui y règne menace également l'activité économique et la stabilité politique des pays voisins et de la région. Des efforts doivent donc être entrepris et poursuivis aux niveaux national, régional et international pour assurer le règlement pacifique des conflits ainsi que pour établir des mécanismes institutionnels de gouvernance démocratique afin de prévenir de tels conflits à l'avenir15.
3. ÉQUILIBRES MACROÉCONOMIQUES INTERNES EN AMÉLIORATION CONSTANTE
3.1. Amélioration du solde budgétaire
L'un des aspects positifs de la récente croissance économique en Afrique est l'amélioration du solde budgétaire dans beaucoup de pays. En moyenne, la situation budgétaire s'est améliorée sur le continent, passant d'un déficit de 0,7 % du PIB en 2004 à un excédent de 0,7 % en 2005. Le nombre de pays qui ont enregistré un excédent budgétaire est passé de 8 en 2004 à 12 en 2005 (tableau 1). Cependant, cette amélioration a surtout été induite par les excédents budgétaires appréciables des pays producteurs de pétrole: Libye (27 % du PIB), Guinée équatoriale (20 %), République du Congo (13,7 %), Algérie (11,7 %), Gabon (11,1 %), Cameroun (3,7 %) et Soudan (1,2 %). Quatre pays non producteurs de pétrole ont également enregistré des excédents budgétaires: Sao Tomé-et-Principe (44,6 %), Seychelles (1,5 %), Lesotho (0,5 %) et Kenya (0,3 %).
Néanmoins, les déséquilibres budgétaires demeurent préoccupants dans un grand nombre de pays africains. En 2005, 28 pays ont enregistré des déficits budgétaires contre 32 en 2004. Par ailleurs, de nombreux pays sont encore largement tributaires de l'aide publique au développement pour financer leur budget16, ce qui suscite des inquiétudes quant à la viabilité des programmes de développement. Par conséquent, l'assainissement budgétaire, y compris par des stratégies visant à mobiliser davantage les recettes intérieures, doit demeurer une des priorités du programme de réforme économique sur le continent.
Tableau 1: Répartition des déficits budgétaires en Afrique en 2004 et 2005 (nombre de pays)
2004 | 2005 | |
Pays ayant enregistré des excédents | 8 | 12 |
De moins de 5 % | 3 | 6 |
De 5 à 10 % | 3 | 0 |
De plus de 10 % | 2 | 6 |
Pays ayant enregistré des déficits | 32 | 28 |
De moins de 5 % | 23 | 19 |
De 5 à 10 % | 8 | 8 |
De plus de 10 % | 1 | 1 |
Nombre total des pays | 40 | 40 |
Source: EIU.
En 2005, la situation en matière d'inflation est restée satisfaisante, la majorité des pays affichant des taux d'inflation à un chiffre (tableau 2). Après avoir baissé de 10,4 % en 2003 à 7,8 % en 2004, l'inflation moyenne pour l'ensemble du continent a légèrement augmenté pour atteindre 8,2 % en 2005. Le nombre de pays où l'inflation est forte, c'est-à-dire supérieure à 10 %, a diminué, passant de 16 en 2004 à 14 en 2005. Néanmoins, l'inflation a progressé dans 30 pays sur 51, y compris dans huit des 13 pays producteurs de pétrole: Cameroun, Côte d'Ivoire, Égypte, Gabon, Guinée équatoriale, Libye, Nigéria et Tchad. Elle est restée forte en Angola (22 %), mais ce chiffre représente une amélioration considérable par rapport à 2004 (43,6 %) et surtout par rapport aux taux d'inflation à trois chiffres enregistrés jusqu'en 2002. Cependant, le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC) ont enregistré de fortes poussées de l'inflation (qui est passée, respectivement, de 8 à 16,3 % et de 3,9 à 23 %) en raison, entre autres, de fortes sécheresses (au Burundi) et de contraintes liées à l'offre, résultant de la guerre civile en RDC.
Tableau 2: Répartition des taux d'inflation en Afrique sur la période 2003-2005 (nombre de pays)
Fourchette | 2003 | 2004 | 2005 |
Moins de 5 % | 23 | 28 | 24 |
Entre 5 et 10 % (10 % non compris) | 15 | 6 | 13 |
Entre 10 et 20 % (20 % non compris) | 8 | 14 | 10 |
20 % et au-delà | 5 | 3 | 4 |
Nombre total de pays | 51 | 51 | 51 |
Source: FMI, 2005. World Economic and Financial Surveys, base de données des Perspectives de l'économie mondiale, septembre 2005.
4.1. Évolution de la balance des paiements
Bien que le déficit commercial en matière de services ait de plus en plus tendance à la faire baisser, l'excédent commercial du continent (biens et services confondus) augmente depuis 2003, essentiellement sous l'effet de la hausse des cours internationaux du pétrole et de l'augmentation de la production de pétrole brut. L'excédent commercial de l'Afrique est passé de 12,7 milliards de dollars des États-Unis en 2004 à 27,7 milliards en 2005 en raison d'une augmentation de 45 % de l'excédent commercial pétrolier de la région (FMI 2005). La bonne tenue du commerce de marchandises et des transferts courants nets a entraîné, pour la deuxième année consécutive, un excédent des paiements courants. Cependant, sur les 37 pays non producteurs de pétrole pour lesquels on dispose de données suffisantes, neuf seulement ont vu le solde de leurs opérations courantes s'améliorer entre 2004 et 2005, ce qui semble indiquer que les recettes pétrolières ont été le principal facteur d'amélioration.
4.2. Dette extérieure
L'encours de la dette extérieure de l'Afrique était de 285,8 milliards de dollars des États-Unis en 2005. Les paiements au titre du service de la dette, qui étaient passé de 32,8 milliards de dollars en 1997 à 23,1 milliards en 2002, ont augmenté à nouveau pour atteindre 31,8 milliards en 2005.
Pour alléger la charge de la dette du continent, le G-8, lors de son Sommet à Gleneagles en 2005, s'est engagé à annuler la dette de 14 pays africains qui avaient déjà atteint le point d'achèvement de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE). Il s'agit des pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Éthiopie, Ghana, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Tanzanie et Zambie. Ces pays devraient commencer à bénéficier de l'annulation complète de leur dette dès le début de 2006, et donc voir leur position débitrice s'améliorer dans les années à venir. Cependant, si ces mesures constituent un pas dans la bonne direction, elles ne sont pas suffisantes pour faire face aux besoins des pays africains en matière de financement du développement. De nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire ne bénéficient pas de l'initiative d'allègement de la dette multilatérale (IADM). La dette des pays d'Afrique subsaharienne pouvant être effacée au titre de l'IADM ne représente que 25 % de l'encours de la dette du sous-continent. De plus, l'annulation ne porte pas sur la dette intérieure, qui est importante dans de nombreux pays.
4.3. Aide publique au développement
L'aide publique au développement (APD) en faveur de l'Afrique continue son redressement après la longue baisse intervenue entre 1990 et 2001 (figure 8). L'APD accordée par l'ensemble des partenaires de développement était de 26,5 milliards de dollars en 2004 contre 16,2 milliards en 2001 (en dollars constants de 2000). Cependant, l'aide totale accordée à l'Afrique n'a pas encore atteint le niveau historique de 1990, (33,3 milliards de dollars).
L'augmentation de l'aide intervenue depuis 2001, est à mettre à l'actif du Comité d'aide au développement (CAD) et des donateurs multilatéraux. Cependant, de 2003 à 2004, cette augmentation a surtout été due à des organisations multilatérales, en particulier à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement et aux organismes des Nations Unies (PAM, UNICEF et HCR). Ce groupe a contribué à hauteur de 2,3 milliards de dollars (en valeur nominale) à l'accroissement de l'aide en 2003-2004, contre 150 millions de dollars seulement pour les donateurs du CAD, alors que les donateurs bilatéraux non membres du CAD ont quant à eux réduit leur aide à l'Afrique pour la troisième année consécutive.
Figure 8: Aide publique au développement accordée à l'Afrique (en milliards de dollars constants de 2000)
Source: OCDE 2005, Statistiques sur le développement international (base de données en ligne).
4.4 Investissement étranger direct
Pendant la période 2002-2004, l'Afrique a reçu un peu plus de 2% des flux d'investissement étranger direct (IED) dans le monde et moins de 10% des flux dirigés vers les économies en développement. En 2004, l'IED en Afrique s'est élevé à 18,1 milliards de dollars, sans changement par rapport à 2003. La répartition des flux d'IED entre les sous-régions a été inégale, l'Afrique du Nord recevant environ 30% du total contre 10% pour l'Afrique de l'Est. Celle-ci a toutefois bénéficié de la plus forte augmentation de l'IED (54,1%) alors que l'Afrique australe a enregistré une baisse de plus de 31,5% entre 2003 et 2004. Les pays riches en ressources naturelles ont continué à dominer, les pays exportateurs de pétrole obtenant plus de 65% des flux annuels d'IED vers la région entre 2002 et 2004.
On craint que la forte concentration de l'IED dans les industries extractives n'ait un impact sur l'emploi et la réduction de la pauvreté, ainsi que d'éventuels effets négatifs sur l'environnement. Étant donné que ce secteur emploie des techniques de production à forte intensité de capital, les investissements s'accompagnent généralement de peu de créations d'emplois. Par ailleurs, la production des industries extractives n'a pas un effet d'entraînement suffisant sur le reste de l'économie car elle est exportée avec une faible valeur ajoutée. Les investissements dans ces industries, en particulier celle du pétrole, ont également tendance à causer des risques pour l'environnement et à nuire au bien-être des populations locales. Il convient de remédier à leurs effets négatifs sur l'économie, l'environnement et la société grâce à une réglementation appropriée.
La plupart des monnaies africaines sont restées stables en 2005, en particulier le franc CFA, qui s'est apprécié de 0,3% par rapport au dollar des États-Unis. Sur les 28 monnaies africaines qui se sont appréciées, seule la livre égyptienne a connu une appréciation de plus de 5%, grâce à d'importantes entrées de devises étrangères.
5. LENTE PROGRESSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL
5.1 Le bilan en matière de développement humain reste faible
La majorité des pays africains ont toutefois vu leur indicateur du développement humain (IDH)19 augmenter entre 1995 et 2003, tandis que 16 pays enregistraient une diminution. La figure 9 indique les 10 pays où l'IDH a le plus augmenté et les cinq pays où il a le plus diminué. On notera que six des pays ayant obtenu les meilleurs résultats en matière de développement humain figurent également parmi ceux dont la croissance à moyen terme est la plus forte, comme le montre la figure 5 (Éthiopie, Guinée équatoriale, Mozambique, Ouganda, Rwanda et Soudan). Parmi les pays les plus performants en matière de développement humain, on trouve aussi des pays sortant d'un conflit, qui avaient déjà enregistré des taux élevés de croissance les années précédentes, comme le Rwanda, l'Ouganda et le Mozambique. La baisse de l'IDH dans les pays d'Afrique australe que fait apparaître la figure 9 peut être imputée à l'aggravation de la situation sanitaire due au VIH/sida20.
Le fait que la croissance ne s'est pas accompagnée de créations d'emplois est un facteur important qui explique la lenteur des progrès en matière de développement humain. La concentration de la croissance dans des secteurs à forte intensité de capital, comme le pétrole et l'extraction minière, et le fait que l'on s'est détourné de l'agriculture sans reclasser la main-d'œuvre libérée ont contribué a faire disparaître des emplois et donc à faire baisser les niveaux de vie.
Figure 9: Évolution de l'IDH en pourcentage entre 1995 et 2003 pour les dix pays les plus performants et les cinq pays les moins performants en matière de développement humain
Source: PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, 2005.
5.2 Les progrès dans la réduction des inégalités entre les sexes sont encore insuffisants
Un certain nombre de raisons impérieuses devraient inviter les décideurs en Afrique à se soucier des inégalités entre les sexes et à chercher à les éliminer. L'une d'entre elles est que, bien que touchant principalement les femmes, ces inégalités sont aussi très coûteuses pour la société dans son ensemble. Une étude approfondie de la Banque mondiale23 conclut que, les disparités en ce qui concerne les droits fondamentaux, la scolarisation, le crédit et l'emploi ou la participation à la vie publique touchent certes directement les femmes et les filles, mais qu'en fin de compte, le coût total des inégalités entre les sexes est supporté par tous.
Dans tout le continent, il est manifeste que les inégalités entre les sexes ont reculé, au cours des dernières décennies, en particulier dans le domaine de l'éducation. Les taux de scolarisation des filles dans l'enseignement élémentaire et secondaire ont nettement augmenté, souvent plus rapidement que ceux des garçons (tableau 4). L'écart entre garçons et filles se réduit progressivement, comme le montre l'augmentation du ratio filles-garçons pour ce qui est de l'achèvement de l'enseignement primaire.
Il est également manifeste que dans certains pays, les écarts entre garçons et filles en matière d'éducation restent massifs, malgré les progrès accomplis au cours des dernières années. Les jeunes femmes sont encore particulièrement sous-représentées dans l'enseignement supérieur, seuls quelques pays ayant réalisé la parité au cours des dernières années (figure 10).
Tableau 3: Écarts entre garçons et filles dans l'éducation - 1990-2002
Ratio filles-garçons dans l'enseignement primaire | Ratio d'alphabétisation filles-garçons (pourcentage de la tranche d'âge 14-25 ans) | Ratio filles-garçons d'achèvement du primaire | ||||
2002 | Variation en pourcentage entre 1990 et 2002 | 2002 | Variation en pourcentage entre 1990 et 2002 | 2002 | Variation en pourcentage entre 1990 et 2002 | |
Afrique du Sud | 100,4 | -2,7 | 100,0 | 0,2 | 1,06 | n.d. |
Algérie | 98,6 | 18,3 | 91,1 | 15,1 | 0,99 | 16,3 |
Burundi | 79,4 | -2,9 | 96,9 | 26,3 | 0,72 | -16,0 |
Comores | 82,2 | 15,7 | 79,5 | 2,2 | 0,89 | n.d. |
Djibouti | 71,2 | 1,7 | 91,2 | 16,7 | 0,84 | n.d. |
Éthiopie | n.d. | n.d. | 82,1 | 24,3 | 0,54 | n.d. |
Ghana | 91,0 | 18,5 | 95,7 | 11,9 | 1,05 | 38,7 |
Madagascar | n.d. | n.d. | 92,5 | 8,1 | 1,03 | -0,4 |
Malawi | 92,5 | 14,7 | 76,7 | 13,5 | 0,96 | 23,6 |
Mali | 71,3 | 22,5 | 0,64 | -0,7 | ||
Maroc | 87,8 | 25,2 | 79,2 | 28,2 | 0,89 | 30,8 |
Mauritanie | 93,8 | 38,9 | 72,7 | 12,0 | 0,90 | 38,1 |
Mozambique | 79,0 | 8,2 | 64,3 | 34,2 | 0,67 | 3,0 |
Niger | 69,0 | 24,0 | 44,4 | 18,8 | 0,71 | 25,3 |
Ouganda | 96,3 | 24,7 | 85,7 | 13,1 | 0,86 | n.d. |
Rwanda | 94,8 | -1,6 | 96,9 | 12,1 | 0,95 | -5,3 |
Sénégal | 87,1 | 27,2 | 72,5 | 20,1 | 0,81 | n.d. |
Soudan | 85,8 | 10,9 | 88,5 | 23,7 | 0,85 | 4,5 |
Swaziland | 94,4 | -2,1 | 101,8 | 0,9 | 1,05 | -3,3 |
Tchad | 58,8 | 41,9 | 84,4 | 30,7 | 0,47 | 108,4 |
Zimbabwe | 95,4 | -0,7 | 97,3 | 2,9 | 0,94 | 0,0 |
N.D. : Données non disponibles
Figure 10: Ratios de scolarisation filles-garçons en 2002
Source: Indicateurs du développement dans le monde 2005 (Banque mondiale)
Note: Cette figure ne comprend que les pays pour lesquels les données sont suffisantes.
La forte croissance enregistrée en Afrique ces deux dernières années devrait se poursuivre. On prévoit que le taux de croissance atteindra 5,8% en 2006, grâce à une amélioration des résultats par rapport à 2005 dans 34 pays (y compris un ralentissement de la baisse d'activité au Zimbabwe et aux Seychelles). La croissance dépendra de plusieurs facteurs, qui sont examinés ci-après.
6.1. Facteurs favorables à la croissance
Les revenus tirés des exportations de pétrole devraient rester élevés
Les pays pétroliers devraient bénéficier des bons résultats que le secteur des exportations continuera d'enregistrer grâce aux cours élevés du pétrole sur les marchés internationaux. Toutefois, les effets positifs de l'envolée du pétrole sur l'économie des pays producteurs seront contrebalancés par les incidences négatives du renchérissement de l'énergie sur la croissance des pays non producteurs.
La demande mondiale contribuera à l'augmentation des exportations
La demande mondiale de produits africains devrait rester forte en raison de la reprise économique dans les grands pays industriels. On compte que la croissance restera modérée dans la zone euro, mais qu'elle sera importante aux États-Unis et dans les pays émergents d'Asie - en particulier en Chine - au cours des deux prochaines années.24
Le respect des promesses concernant l'aide et l'allégement de la dette stimulera la dépense intérieure
Le respect des promesses concernant l'aide et l'allégement de la dette permettra aux pays africains d'augmenter les dépenses dans les principaux secteurs, notamment l'infrastructure et les services sociaux. L'augmentation des investissements dans l'infrastructure publique est indispensable pour créer un climat plus favorable aux investissements, grâce à une réduction des coûts de production. L'amélioration des conditions stimulera l'investissement privé, ce qui aura pour effet d'accroître les taux de croissance économique.
L'amélioration des fondamentaux macroéconomiques permettra de limiter les anticipations inflationnistes à long terme
L'amélioration de la gestion macroéconomique permettra non seulement de maîtriser l'inflation à court terme, mais également de limiter les anticipations inflationnistes à long terme et, par conséquent, de stabiliser les taux d'intérêt à long terme et de réduire ainsi le coût du crédit à long terme pour les pouvoirs publics et le secteur privé. Il est également nécessaire de contenir les anticipations inflationnistes à long terme, afin de limiter les effets durables sur les prix, des perturbations à court terme telles que celles qui découlent du renchérissement de l'énergie.
Consolidation de la stabilité politique
Certains pays, tels que le Burundi, la République démocratique du Congo, le Libéria et la Sierra Leone, devraient bénéficier d'une amélioration de la stabilité politique. Pour consolider cette stabilité, il leur faudra une assistance financière et politique de la communauté internationale. Les retombées d'une telle assistance en termes de reprise économique et de consolidation de la paix sont importantes, tant à l'échelon national qu'à l'échelon régional.
6.2. Contraintes pesant sur la croissance à moyen terme
L'augmentation des taux d'intérêt au niveau mondial alourdira le coût du service de la dette
Pour contenir les pressions inflationnistes, les États-Unis et les autres grands pays industriels continueront sans doute à mener une politique de rigueur monétaire «prudente» en augmentant les taux d'intérêt à court terme (FRB 2005). Le relèvement des taux d'intérêt à l'échelon mondial augmentera le coût du service de la dette des pays africains, ce qui freinera la croissance.
Les sécheresses demeurent une grave menace pour la production agricole
On s'attend à ce que les aléas climatiques, notamment les sécheresses (en particulier au Burundi, au Rwanda et au Kenya), les inondations et la désertification (dans le Sahel), nuisent gravement à la production agricole.
La pandémie du VIH/sida demeure une menace pour le marché du travail et la productivité de la main-d'œuvre
Dans beaucoup de pays, la croissance économique sera compromise par l'aggravation de la pandémie du VIH/sida, qui réduit les effectifs disponibles sur le marché du travail et la productivité de la main-d'œuvre.
Le manque de diversification économique demeure un important facteur de vulnérabilité aux perturbations
L'absence de diversification de la production et des exportations est un important facteur potentiel d'instabilité et de vulnérabilité aux perturbations. Les pays pétroliers sont particulièrement vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux. La pression concurrentielle de pays émergents tels que la Chine et l'Inde limite, dans une large mesure, la croissance du secteur manufacturier, en particulier de l'industrie textile.
L'inefficacité de l'infrastructure continue de faire obstacle à la croissance du secteur privé et à la diversification économique
L'inefficacité de l'infrastructure compromet la productivité et nuit à la compétitivité internationale, et ralentit par conséquent la croissance économique.
7. CONCLUSION ET MESURES RECOMMANDÉES
Les faits exposés dans le présent document appellent un certain nombre de recommandations concrètes, dont les suivantes:
Améliorer la gestion économique
Les pays africains doivent continuer de pratiquer la rigueur budgétaire et de mener une politique monétaire prudente pour consolider la stabilité macroéconomique. Une gestion macroéconomique efficace permettra notamment de réduire les anticipations inflationnistes, ce qui limitera les effets à long terme des perturbations liées à l'offre telles que l'augmentation des cours du pétrole.
Promouvoir la diversification économique
La concentration de la croissance dans le secteur des ressources naturelles expose les pays africains à des perturbations des termes de l'échange. Il faut s'efforcer de promouvoir de nouveaux investissements dans les secteurs des produits manufacturés et des services, afin de rendre ces pays moins vulnérables aux perturbations de ce type et moins tributaires des exportations de produits de base.
Remédier aux problèmes d'énergie et à l'insuffisance des infrastructures publiques
Il est essentiel de mettre en place des infrastructures publiques et d'assurer un approvisionnement fiable en énergie pour libérer les potentialités du secteur privé et améliorer l'accès des pauvres aux services sociaux et aux marchés, et cela constitue par conséquent un important élément du programme de lutte contre la pauvreté. L'amélioration de l'infrastructure doit donc être élevée au rang de priorité nationale dans le cadre des efforts visant à accélérer la croissance économique à moyen terme.
Assurer un traitement plus équitable des deux sexes
Les efforts en vue d'assurer un traitement plus équitable des deux sexes en ce qui concerne les droits fondamentaux, l'accès aux moyens de production et aux possibilités économiques et la représentation politique doivent être appuyés et intensifiés aux échelons national, régional et international.
Intensifier les efforts d'intégration régionale
Les efforts d'intégration régionale doivent être intensifiés, afin d'élargir les perspectives commerciales et d'accroître le poids du continent dans les négociations commerciales internationales.
Faire face aux aléas climatiques
Les pays africains doivent s'impliquer sérieusement dans des stratégies de gestion des aléas climatiques, afin de mieux se préparer à faire face à ce problème.
Freiner la propagation de la pandémie du VIH/sida
Promouvoir la création d'emplois pour éliminer plus rapidement la pauvreté
Les pays africains doivent non seulement améliorer leurs taux globaux de croissance économique mais aussi concevoir des stratégies pour augmenter le nombre d'emplois liés à la croissance. Pour ce faire, il faudra à la fois investir davantage de fonds publics dans des programmes d'infrastructure et de prestation de services à forte intensité de travail et inciter le secteur privé à recourir, d'une manière générale, à des méthodes de production nécessitant davantage de main-d'œuvre.
1 Données de l'OCDE. Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale,<<E/2004/L.1>>2006. "Monetary policy report to the Congress"(Rapport sur la politique monétaire présenté au Congrès), New York, 15 février 2006.
2 Les informations présentées dans le présent document reposent sur les données disponibles au 30 mars 2006.