Abuja, le 9 décembre 2016 - Les participants à la Conférence économique africaine de 2016 pensent qu’il y a un avenir pour les petits exploitants agricoles africains. Ils pensent que les pays africains peuvent utiliser et se baser sur la Révolution verte en Asie, en retenir les leçons pour ainsi augmenter leur productivité.
Les participants déclarent lors de la cinquième séance plénière, lors de la troisième journée de la Conférence, « les leçons des expériences des pays sur l’industrialisation agroalimentaire, surtout l’expérience de la Chine est très pertinente pour nous, en Afrique ».
Le modérateur de la séance, Paul Amaza, Professeur à l’Université de Jos, au Nigéria, souligne le rôle majeur que jouent les expériences dans l’agriculture. « Les sols africains varient et ont besoin d’une approche plus adaptée», fait-il remarquer.
Il explique comment l’Asie a bénéficié de la Révolution verte, qui a commencé dans les années 1960 et a vu sa productivité agricole augmenter drastiquement, et ce à la suite des progrès chimiques et du développement de cultures à haut rendement permettant ainsi de produire de plus grandes quantités de nourriture.
« La Révolution verte a entrainé des excédents alimentaires en 25 ans dans les pays de l’Asie de l’Est. Grâce à la volonté politique de rendre leurs pays autosuffisants en nourriture, les pays asiatiques ont doublé la production céréalière entre 1970 et 1995, alors que la superficie totale cultivée n’a augmenté que de 4 pour cent. En outre, la Révolution verte a principalement porté sur l’irrigation du blé et du riz, ainsi que sur l’amélioration des variétés de cultures et l’utilisation accrue d’engrais chimiques », souligne M. Amaza et fait remarquer que la mécanisation pourrait jouer un rôle pour une meilleure productivité des petits exploitants.
Parlant de l’expérience chinoise, Xiaobo Zhang, Professeur au Centre de recherche économique de l’Université de Pékin, souligne les avantages de la mécanisation interrégionale de l’agriculture.
Selon lui, la production à petite échelle est la contrainte majeure pour les petits exploitants agricoles dans les pays en développement, mais dit des petits exploitants l’espoir de l’agriculture en Afrique.
Il conteste l’idée selon laquelle l’agriculture africaine se trouve dans les grandes exploitations.
« Ce n’est pas le cas avec l’expérience chinoise. Il est possible de rendre les petits exploitants productifs. C’est le point essentiel pour une croissance inclusive car il y a tellement de petits exploitants en Afrique. Si nous pouvions trouver des moyens de garantir la productivité de ces petits exploitants, cela contribuerait sûrement à réduire les inégalités, augmenter leurs revenus et réduire leur pauvreté », souligne-t-il.
Il parle des facilitateurs de la mécanisation et exprime l’espoir qu’il pourrait résoudre le problème des inégalités et autonomiser de nombreux exploitants ruraux.
« Il existe des préoccupations dans de nombreux pays africains, concernant la vulgarisation de la mécanisation qui priverait les populations d’emplois. Je réfute cet argument. Pendant la récolte, il y a toujours un manque de main-d’œuvre dans presque tous les pays africains. Donc, si nous pouvons accroître la mécanisation, nous aurons plus de terres à cultiver et résoudrons l’absence de main-d’œuvre à la récolte. Lors de la récolte, les petits exploitants demandent un congé pour se rendre dans leurs villages d’origine et ce phénomène perturbe le cycle normal de la production industrielle. Ainsi, si nous pouvions résoudre le problème de manque de main-d’œuvre par la mécanisation, nous pourrions avoir une convergence entre la saison sèche et la haute saison, ce qui permettrait aussi d’aider les exploitants agricoles. Donc, c’est un autre avantage ».
Zhang donne des exemples où en Chine, tous les ménages ne possèdent pas de tracteur, mais ils peuvent facilement accéder aux services de labourage.
Il appelle les gouvernements à élargir le marché (établir des associations entre commerçants et producteurs, mettre à jour les systèmes d’information sur le marché, entre autres). Il leur demande également d’apprendre de la Chine et d’éliminer les goulots d’étranglement des transports, de construire plus de centres de stockage, de développer le secteur de la transformation, de fournir des terres gratuites et de garantir des prêts bancaires subventionnés.
Le Ministre adjoint de la planification et du développement du Libéria et Ministre de l’agriculture, Charles N. McClain, explique que le Libéria a adopté ce qu’il décrit comme une « approche holistique » comme l’une des leçons de son pays.
Il cite certains des facteurs qui favorisent la promotion de l’industrialisation des agro-industries: la vision stratégique et la clarté des objectifs, l’action gouvernementale coordonnée, l’engagement avec les intervenants et la restructuration des services gouvernementaux.
Ayodeji Balogun, Directeur Pays d’AFEX Commodities Exchange Limited, Ayodeji Balogun, déclare « Nous ne pouvons pas atteindre cet objectif -d’industrialisation agroalimentaire- sans améliorer la production au niveau de l’exploitation agricole ».
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