Abidjan, Côte d’Ivoire, 17 juillet 2019 - Les transferts de fonds de la diaspora sont une source de revenus importante pour les économies africaines, qui peut avoir un impact considérable sur le terrain si les frais excessifs sont revus à la baisse, selon Bakary Dosso, Directeur par intérim du Bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
S’exprimant lors de la 3ème édition du Forum de la diaspora ivoirienne sur le thème, « Talents et investisseurs : La réunion sur l’emploi et les opportunités » à Abidjan, en Côte d’Ivoire, M. Dosso déclare que les transferts de fonds provenant de la diaspora africaine augmentent chaque année, mais continent de s’éroder du fait de frais élevés.
« Ces transferts contribueraient davantage si le coût du transfert de fonds vers l’Afrique subsaharienne n’était pas le plus élevé du monde. Le coût des transferts de fonds vers l’Afrique continue d’être plus élevé que dans toute autre région du monde. Cela ne devrait pas être le cas, dit-il.
« En effet, une enquête menée en 2018 montre que les coûts de transfert représentent 9,3% des 200 dollars envoyés en Afrique subsaharienne. C’est trois fois le seuil de 3% fourni par l’un des indicateurs de suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
Le Directeur par intérim indique également que les investissements de la diaspora en Afrique de l’Ouest, sont en hausse. Ceux-ci se font par divers canaux, tels que les forums d’affaires de la diaspora et les migrants de retour.
Il ajoute que les pays doivent produire des données sur les transferts de fonds des migrants, contribuer à faire réduire les coûts liés à ces transferts des migrants, encourager le retour permanent ou temporaire des Africains de la diaspora, renforcer le rôle des ambassades à l’étranger et améliorer le climat des affaires et la qualité des échanges et des institutions pour bénéficier des transferts de fonds.
Selon M. Dosso, les transferts de fonds des migrants en 2017 ont été estimés à plus de 77 milliards de dollars américains pour l’ensemble du continent et 31 milliards de dollars pour l’Afrique de l’Ouest.
« Les transferts de fonds des migrants ont tendance à être plus stables que tout autre revenu extérieur. Alors que les flux d’Investissements directs étrangers et même l’aide au développement sont procycliques, les transferts de fonds sont souvent anticycliques, ainsi que l’aide et les investissements en période de récession. En outre, ils garantissent aux pays d’origine des migrants une disponibilité substantielle de devises étrangères », informe-t-il.
Cinq pays d’Afrique de l’Ouest font partie des 10 premiers pays ayant reçu les montants les plus importants en transferts de fonds en 2017. Il s’agit du Nigéria avec 22 milliards de dollars, du Ghana avec 3,5 milliards de dollars, du Sénégal avec 1,9 milliard de dollars et du Mali et du Togo avec 827 millions et 403 millions, respectivement. La Côte d'Ivoire a reçu 342 millions de dollars américains au cours de la même année.
« Il est important de noter que les transferts de fonds en tant que pourcentage du PIB représentent 12% du PIB au Libéria, 9% et 8,5% du PIB au Sénégal et au Togo ; et 7,3% et 6% du PIB au Ghana et au Nigéria. Cet indicateur est estimé à 0,8% pour la Côte d’Ivoire », révèle M. Dosso.
Le Forum de la diaspora, organisé par le Ministère de l’intégration africaine et des Ivoiriens de l’étranger, a pour objectif de répondre aux préoccupations de la diaspora ivoirienne en vue d’élaboration dans l’avenir une politique de gestion nationale des Ivoiriens vivant à l’étranger et de garantir leur participation au développement économique et social de leur pays d’origine.
Sous la présidence du Premier ministre et Chef du gouvernement, M. Amadou Gon Coulibaly, le Forum vise également à mobiliser la diaspora ivoirienne pour favoriser le développement socio-économique du pays, conformément à la vision de la nation de devenir un pays émergent d’ici 2020.
Le chef de l’État lance un appel pressant à la diaspora ivoirienne pour qu’elle apporte son appui au pays, à surmonter les différents défis et à aller de l’avant en tant que nation unie.
« La Côte d’Ivoire offre à notre communauté de la diaspora un environnement commercial attractif offrant d’énormes opportunités et des mécanismes de soutien efficaces pour un avenir brillant dans leur pays », déclare-t-il.
Le Premier ministre Coulibaly dit que la Côte d’Ivoire se classe au 18ème rang des pays africains recevant des transferts de fonds. En 2008, elle a reçu 199 millions de dollars américains et près de 380 millions en 2017, soit une augmentation de 91%.
« Notre pays doit relever le défi, celui, de soutenir la diaspora dans son intégration socioprofessionnelle », dit-il.
Le Ministre de l’intégration africaine et des Ivoiriens de l’étranger, Ally Coulibaly, souligne que le Forum servira de cadre dans sa perspective de voir la Côte d'Ivoire maximiser les 180 milliards de francs CFA qu’elle reçoit chaque année en transferts de fonds de la diaspora.
Le Forum cherche à s’accorder sur un cadre institutionnel pour la gestion des Ivoiriens vivant à l’étranger, validant les grandes lignes de la future politique nationale de gestion des Ivoiriens vivant à l’étranger, mobilisant les Ivoiriens à l’étranger autour des questions de développement et déterminant les conditions générales pour faciliter leur retour.
La communauté de la diaspora est informée des opportunités d’emploi et d’investissement dans leur pays ; a abordé la nécessité de promouvoir les droits fondamentaux des Ivoiriens à l’étranger pour une meilleure intégration dans les pays hôtes ; et a partagé des expériences de gestion des communautés de la diaspora d’autres pays.
La première édition du Forum de la diaspora ivoirienne a eu lieu en 2015 et la seconde en 2017.
Pour plus d’informations, veuillez contacter : Tahirou Gouro, Chargé de communication, BSR-CEA / AO,
Email: gouro2@un.org