Addis-Abeba, le 29 janvier 2016 (CEA) - Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, Carlos Lopes, appellent les dirigeants africains à prendre des mesures contre l'inégalité économique, social et politique, qui selon lui, est une des principales causes des conflits en Afrique. Dans son discours, à la 28ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, cette semaine, M. Lopes déclare que les énormes différences dans le partage et l'exercice du pouvoir politique et économique aboutissent à des conflits violents quand il existe un manque ou une défaillance du mécanisme politique pour lutter contre les inégalités.
Il demande également aux participants de la réunion du Conseil de haut niveau, précédant le Sommet de l'Union africaine de considérer la combinaison de deux facteurs: la perception de la fragilité et le manque d’une transformation structurelle profonde comme la solution pour changer les nombreux titres négatifs de l’actualité de l’Afrique.
Il rappelle que les fondamentaux pour nos perspectives économiques restent intacts et déclare que l’Afrique continue d’enregistrer en pleine récession mondiale la plus forte croissance; les déficits publics sont toujours sous contrôle; et il y a une augmentation constante des investissements de plusieurs partenaires.
Il dit que les sommets récents avec l’Inde et la Chine, les deux pays aux démographies équivalentes sont confiants de notre avenir.
Prenant comme exemple le Canal de Suez, le barrage du Millénaire de l’Éthiopie et les géantes fermes solaires dans trois pays africains, il souligne que les projets d'infrastructure ne sont pas affectés. Il dit qu’en ce qui concerne l’économie, les nouvelles sont en fait meilleures que l’on ne pouvait espérer.
Lopes dit cependant que les inégalités persistent et contribuent à des conflits violents. Il dit que très souvent, les dirigeants politiques délibérément reprennent les souvenirs historiques pour inclure la dimension genre ou renforcer les identités culturelles dans la course au pouvoir ou ressources et justifient le recours à la violence en raison de l’intérêt économique.
Il note également que les groupes relativement défavorisés cherchent ou sont persuadés par leurs dirigeants de demander réparation et des groupes privilégiés peuvent également être motivés à se battre pour protéger leurs intérêts.
Les inégalités horizontales qui sont considérables, cohérentes et augmentent au fil du temps sont plus susceptibles de conduire à des conflits; et il souligne que l’exclusion, la manifestation extrême de l’inégalité, est un facteur majeur qui déclenche les conflits.
Il dit que l’exclusion des jeunes, tout en ajoutant que les jeunes sans éducation et sans emploi, sont une caractéristique commune dans les pays affectés par des conflits. Cette fraction marginalisée et exclue de la population forme le groupe le plus important parmi les combattants et sont les moins visibles lors des négociations de paix.
Lopes dit que ces jeunes hommes déscolarisés, peuvent en particulier, obtenir un emploi en tant que soldats et ajoute que la guerre offre également des possibilités de piller, profiter de la pénurie et de l’aide, le commerce d’armes, les activités illicites de production et de commercialisation de pétrole, de médicaments, de diamants, de bois, et d’autres produits.
Le Secrétaire exécutif souligne également que le stress environnemental peut être un vrai catalyseur pour la violence, surtout quand les gens cherchent des solutions à des situations désespérées, alors que la richesse en ressources donne une forte motivation à certains groupes de prendre le contrôle de ces ressources.
Cette réalité, dit-il est le résultat de transactions commerciales et financières illégales qui privent le continent de plus de 50 à 60 milliards de dollars américains chaque année.
Avec le conflit contribuant à une perte de croissance du PIB d'environ 2,2%, il note que la nature interdépendante des économies africaines signifie aussi que les coûts de la guerre au sein d'une sous-région se traduisent généralement par des coûts économiques pour les pays voisins. Ceux-ci comprennent les pertes de production par le biais de la perte de possibilités découlant de la migration, les pertes commerciales, l’augmentation des coûts de sécurité et de maintien de l'ordre et les coûts de soutien aux réfugiés.
Le message est clair, déclare Lopes. Il faut directement faire face aux causes des conflits, ou tout le monde y paiera le prix si le problème n’est pas pris au sérieux.
Il dit que l’Asie qui connait plus de conflits et de personnes affectées que l'Afrique en ce moment, continue de connaitre le progrès et le changement. Et il ajoute que si l'Afrique pouvait être aussi audacieuse, avoir un cadre de sécurité commun et accepter les défis de l'exclusion et de gestion de la diversité. Cela, dit-il, est la seule façon de traiter avec les perceptions de dur à cuire.
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