Pour que l’Afrique tire des bénéfices significatifs de la ZLECA, les dirigeants devront agir

Addis-Abeba, le 14 mai 2018 (ECA) - « L’Afrique tirera certainement des avantages significatifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) parce que nos pays s’engagent individuellement et collectivement », affirme M. Amadou Ba, Ministre des finances du Sénégal. Il note toutefois que les décideurs africains devront accorder la priorité aux investissements dans les infrastructures régionales afin que celles-ci catalysent l’intégration et facilitent le commerce intracontinental.

M. Ba présidait une table ronde sur la ZLECA : la transformation de l’Afrique lors de la Conférence 2018 des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Prenant la parole lors de la table ronde, M. Jindong Hua, le Vice-Président et Trésorier de la Société financière internationale (SFI), met l’accent sur la question du financement des infrastructures pour rendre la ZLECA possible. Il déclare que le développement d’un marché de capitaux solide sur le continent est une nécessité pour maximiser les ressources nationales aux fins d’un développement économique nécessaire et stimuler le libre-échange.

« Quand vous regardez les pays qui ont atteint le dynamisme économique, beaucoup d’entre eux ont compté sur le développement de leurs marchés financiers, c’est ainsi qu’ils ont financé des secteurs stratégiques de pays comme les États-Unis ou la Chine », explique Hua.

Selon le Global Infrastructure Hub, les prévisions d’investissement total dans les infrastructures pour l’Afrique jusqu’en 2040 devraient atteindre 174 milliards de dollars américains par an.

Le Ministre des finances d’Éthiopie, M. Abraham Tekeste participant également à la table ronde, observe que la transformation de l’Afrique est limitée par le déficit des infrastructures. Il fait remarquer que l’énergie est l’une des contraintes à l’ambition africaine de réaliser l’industrialisation. « Pour répondre à ces contraintes, il faut mettre l’accent sur les investissements que nous effectuons afin de soutenir la diversification économique », indique-t-il.

Tekeste prend pour exemple son pays, l’Éthiopie, qui met en œuvre un programme de parcs industriels axés sur l’exportation et démontre les résultats obtenus grâce au développement d’infrastructures ciblées.

Le développement de parcs industriels en Éthiopie vise à transformer le pays en un important centre manufacturier en Afrique et a trois objectifs étroitement liés, à savoir la création d’emplois, la production de devises et le transfert de technologie et de compétences.

M. Sindiso Ngwenya, Secrétaire général du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), également membre du groupe réitère que le moment est venu de parler, rappelant que depuis la création de la CEA en 1958 et de l’OUA en 1963, nous avons fait peu de choses par rapport aux pays européens et nous n’avons pas été en mesure de mettre en œuvre les décisions que nous prenons. « Lorsque des décisions sont prises, elles doivent être mises en œuvre, si nous voulons une transformation sur le continent, nous devons d’abord avoir un leadership qui fera bouger les choses », insiste-t-il.

S’exprimant, Mme Maimunah Mohd Sharif, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT), explique que les faits montrent que pour que les pays réalisent la transformation, ils doivent associer étroitement la planification économique à l’urbanisation. « Investir dans une urbanisation bien planifiée est très critique, cela conduira les villes à être le moteur de l’industrialisation et de la production de biens et services marchands », précise M. Mohd.

Au cours des cinq dernières années, les publications récentes de la CEA préconisent une résurgence de l’industrialisation en tant que stratégie de développement pour l’Afrique, soulignant son rôle dans une transformation structurelle accélérée.

 

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