N’Djamena, Tchad, Journée Internationale de lutte Contre la Corruption, 09 décembre 2013 (CEA) – « Il s’agit d’une guerre sans merci que nous sommes entrain de livrer à ce fléau [de la corruption] », a remarqué le M. Djamal Dermy Haroun, Secrétaire Général du Ministère de l’Assainissement Publique et de la Promotion de la Bonne Gouvernance du Tchad à l’ouverture d’un forum de deux jours sur la gouvernance dans les pays en situation post-conflit. Co-organisé par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le Gouvernement de la République du Tchad, le forum rassemble une quarantaine de responsables des institutions nationales et sous régionales ainsi que des experts indépendants en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption en Afrique centrale.
Selon M. Haroun, qui a ouvert le forum, le choix porté sur le Tchad pour arbitrer les travaux de cette concertation n’est pas un hasard au vu de son statut comme un pays post-conflit qui ne cesse à consentir des efforts pour la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption à travers son adhésion à plusieurs accords internationaux et la mise en places des structures étatiques pour lutter contre la corruption. « Les portes du Tchad restent grandement ouvertes à nos partenaires qui pourront nous aider à aller ensemble sur ce chemin de la lutte contre la corruption » a-t-il ajouté en souhaitant pleins succès au forum du N’Djamena.
Pour le Directeur du Bureau Sous-Régional de l’Afrique Central de la CEA, M. Emile Ahohe, la corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux, constituent un véritable obstacle au développement socio-économique des pays africains. Et la situation est d’autant plus grave en Afrique centrale, une sous-région qui a compté quatre pays parmi les dix pays perçus comme les plus corrompu au monde, dans le classement de Transparency International en 2012, a-t-il argumenté. Selon M. Ahohe, tous ces raisons ont poussé la CEA d’accompagner les Etats africains et particulièrement les pays sortant de conflits dans leur lutte contre la corruption et dans la promotion de la bonne gouvernance.
Après la présentation du document de travail de la réunion, par M. Muzong Kodi de Chatham House à Londres, qui résumait la problématique de la gouvernance dans les pays en situation de post-conflit en Afrique centrale, les participants ont entamé une discussion dense sur les racines de la corruption et les meilleures façon de les aborder.
Pour M. Paulin Ekoua Sima, Commissaire membre de la Commission Nationale de Lutte contre l’Enrichissement Illicite au Gabon, lutter contre la corruption dans les pays en post-conflit en particulier, et en Afrique en générale c’est aussi une question d’éducation de longue haleine. « Formez nos enfants à être les citoyens modernes» a-t-il observé.
Selon M. Gabriel Rufyiri, Président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economique du Burundi, « on ne peut pas traiter la corruption seulement au niveau technique tant qu’au niveau politique, il n’y a pas de volonté effectif. »
Quant à M. Lucas Olo Fernandes, Chargé Régional de Transparency International pour l’Afrique Centrale, la lutte contre la corruption devrait être l’une des premières chose à faire dans un pays après un conflit. « On ne peut pas pérenniser la lutte contre la corruption si on a pas des contres pouvoirs comme une société civile forte, des medias forts et un système judicaire fort ».
Du point de vue de M. Etom Alfred, Coordonateur de la Stratégie de Lutte Contre la corruption à la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption (CONAC) au Cameroun, « il faut convaincre les hommes au pouvoir qu’ils ont intérêt à lutter contre la corruption pour que leur pouvoir ne s’affaiblisse pas ; par-ce-que c’est lorsque que le pouvoir est faible, que les contrôles sont faibles que la corruption trouve un terreau favorable ».
Les échanges des ces experts vont aboutir en recommandations pour toutes les Etats et tous les acteurs concernés pas la lutte contre la corruption, pour une meilleure performance en termes de gouvernance dans les pays de l’Afrique Centrale ayant connu des conflits dans un passé récent.