Bujumbura 14 Juillet 2017 (CEA): Malgré les difficultés que traverse le Burundi depuis deux ans, l’économie s’est montrée relativement résiliente après la période de récession de 2015. Toutefois la croissance burundaise reste faible, en raison de la faible productivité de l’économie agricole de subsistance dont dépend la majorité de la population.
Cette analyse a été présentée aujourd’hui à Bujumbura, à l’occasion de la publication du profil de pays réalisé par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), qui s’est attaché à analyser les performances économiques et sociales du Burundi, en mettant l’accent sur les évolutions récentes suite à la crise socio-politique de 2015.
Dans son allucution, Mme Giovanie Biha, La secrétaire générale adjointe de la CEA, a souligné que les profils des pays produit par la CEA fournissent des évaluations économiques et sociales périodiques en vue de faire des recommandations aux gouvernements et aux organisations régionales et à réaliser une transformation structurelle.
Le taux de croissance du pays a été de -3,9 % en 2015, mais devrait atteindre 2 % en 2017 selon les estimations des autorités nationales, confirmant une reprise timide. Cette relative résilience de l’économie burundaise serait due au fait que l’économie repose principalement sur l’agriculture de subsistance, moins vulnérable aux chocs externes. Le secteur de la construction, du commerce ou du tourisme ont été ainsi les secteurs les plus affectés. La mauvaise performance du secteur primaire est en revanche un phénomène de long terme, lié à la faible productivité agricole et à l’impact du changement climatique.
Ainsi, plus de 50 000 personnes ont été déplacées dans le pays en raison des inondations de 2016. Les événements de 2015 ont par ailleurs impacté l’aide internationale, qui s’est fortement contractée suite au retrait des bailleurs de fonds. Cette décision a impacté le stock de réserves internationales qui a atteint son plus bas niveau fin 2016 (1,4 mois d’importations) et a forcé le Burundi à augmenter significativement son niveau d’endettement.
Andrew Mold, directeur par intérim du bureau sous régional de la CEA pour l’Afrique de l’Est, a montré que le défi majeur du Burundi est l’absence de transformation structurelle. Le secteur agricole représente encore près de 40% du PIB et le taux d’urbanisation est le plus faible d’Afrique (12 %). Parallèlement, le niveau d’investissements et les flux d’investissements directs étrangers (moins de 2 % du PIB) sont très inférieurs à ceux des pays voisins.
Sur le plan social, les conséquences des événements de 2015 risquent de se faire sentir à plus long terme, comme le montre l’exemple de Madagascar. Elles pourraient remettre en cause les acquis obtenus au cours de la décennie précédente marquée par une croissance modérée mais stable (4,5 % en moyenne) où la pauvreté avait commencé à reculer.
L’analyse des enquêtes démographiques et de santé montre une amélioration des indicateurs en termes de mortalité infantile ou de prévalence de la contraception entre 2010 et 2016. Par contre, la situation nutritionnelle semble se dégrader. Par exemple, la part de la population ayant un apport nutritionnel pauvre est passée de 5 % en avril 2013 à 13 % en mars 2017. Enfin, le Burundi fait face à une grave épidémie de malaria, avec 3 millions de cas depuis le début 2017.
Le profil de pays s’attache à analyser les causes de la faible productivité agricole. En effet, la production agricole par habitant a diminué de 28 % depuis 1982 alors que la population augmentait. Les rendements sont de 20 à 40 % inférieurs à ceux des pays voisins. L’érosion, la pression foncière, l’impact du changement climatique, les conflits fonciers, et le manque d’intrants modernes sont les principaux freins à la modernisation agricole. Selon la CEA, cette modernisation est nécessaire à la réduction de la pauvreté et à l’accélération de la transformation structurelle.
Pour plus d’information, vous pouvez télécharger le profil Pays du Burundi sur :
https://www.uneca.org/sites/default/files/uploaded-documents/CountryProfiles/2017/burundi_cp_fre.pdf
Publié par:
Bureau pour l'Afrique de l'Est de la Commission économique pour l'Afrique