Addis-Abeba, Éthiopie, le 14 mai 2018 (CEA) - Les peuples d’Afrique doivent être mobilisés pour une Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) prospère et des réformes en cours de l’Union africaine (UA), déclare ce lundi, l’ancien Président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka.
S’exprimant lors d’une table ronde de haut niveau sur l’espace fiscal et la viabilité financière dans le cadre de la ZLECA, M. Kaberuka dit que ladite Zone et les réformes de l’UA sont cruciales pour l’avenir de l’Afrique, ajoutant que rien n’est jamais acquis.
« Pour la ZLECA, nous devons faire sortir l’information des salles de conférence de haut niveau aux personnes à tous les niveaux. Ceci est essentiel au succès de cette entreprise historique », indique l’ancien Président de la BAD, qui a fait une présentation au panel de haut niveau.
« Une partie du problème est que nous ne mobilisons pas suffisamment les citoyens africains. Nous ne pouvons pas nous permettre de revenir en arrière. J’espère sincèrement que chaque pays, dans cette salle, peut prendre l’engagement solennel que l’UA, seul instrument politique continental dont nous disposons et dont nous avons besoin, doit être une priorité absolue ».
La discussion a suivi l’ouverture officielle du segment ministériel de la 51ème Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique et une autre table ronde de haut niveau couvrant divers sujets liés à la mise en œuvre de la ZLECA et notamment des réformes nécessaires aux pays membres pour bénéficier pleinement de l’accord.
M. Kaberuka indique que la ZLECA est beaucoup plus qu’un exercice d’élimination tarifaire, ajoutant qu’il doit être « un saut quantique dans la façon dont notre continent se repositionne dans le contexte d’un système multilatéral faible et d’une période d’un changement démographique potentiel pour nous, faute d’une meilleure expression ».
Mais pour cela, dit-il, l’Afrique doit faire face aux craintes exprimées par les pays qui doivent encore adhérer à la ZLECA, convaincre les sceptiques, voire les cyniques qui pensent que l’accord est utopique.
M. Kaberuka déclare que les négociateurs de la ZLECA doivent s’attaquer aux craintes et proposer des solutions sur toutes les questions soulevées.
« Ces solutions devront en principe amener tout le monde dans une zone de confort. Cependant, même avec toutes ces garanties, le succès dépend d’un changement d’état d’esprit », fait-il savoir, ajoutant que le continent doit comprendre que le commerce d’aujourd'hui n’est pas ce qu’il était il y a trente ans.
« La ZLECA représente beaucoup plus que l’échange de biens et de marchandises ; le secteur des services est probablement aussi important, de la logistique, des télécommunications, au commerce, à la finance et aux services financiers non bancaires », précise M. Kaberuka, ajoutant que les tarifs ne représentent qu’une partie du problème.
« En fin de compte, c’est en promouvant la croissance économique par le commerce et l’investissement que l’espace fiscal émergera – c’est la promesse de la ZLECA, dit M. Kaberuka, ajoutant qu’elle « renforcera le commerce intra-africain, augmentera la taille du marché, la profondeur et la diversité, augmentera les opportunités pour les entreprises, les consommateurs, les producteurs, diversifiera nos économies à des produits complexes, augmentant ainsi les possibilités fiscales ».
Il dit que ce n’est qu’en agissant ainsi que le continent peut renforcer la résilience dans les systèmes mondiaux actuels et éviter le changement démographique.
Quarante-quatre pays africains ont signé la ZLECA au Rwanda en mars, un accord établissant une zone de libre-échange considérée comme vitale pour le développement économique du continent. Au moins 22 pays membres doivent ratifier l’accord avant son entrée en vigueur.
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