Marrakech, 25 mars 2019 - ONU Femmes, la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) et le Ministère de l’Economie et des Finances du Royaume du Maroc ont organisé samedi 23 mars 2019 une manifestation parallèle conjointe sur le thème de la « Budgétisation sensible au genre : un instrument stratégique pour la transformation économique et le développement inclusif de l’Afrique ».
Lancé en marge de la 52ème Session et Conférence des Ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique (COM2019), cet évènement d’envergure internationale a rassemblé les représentants des ministères des Finances et du Développement économiques du Royaume du Maroc, de la République du Rwanda, et de la République d’Ouganda, ainsi que des experts internationaux de la thématique.
A travers la présentation des expériences du Royaume du Maroc, de la République du Rwanda, et de la République d’Ouganda en matière de budgétisation sensible au genre (BSG), la rencontre avait comme objectif l’analyse desdites expériences afin d’en appréhender les résultats, et d’apporter un éclairage sur les défis et opportunités. Représentant le Royaume du Maroc, pays pionnier dans le domaine, Ahmed Berrada, Directeur du Centre d’Excellence pour la Budgétisation Sensible au Genre et Directeur Adjoint du Budget au sein du Ministère de l’Economie et des Finances du Royaume du Maroc, a exposé l’historique du partenariat qui lie le ministère de l’Economie et des Finances du Maroc et ONU Femmes depuis 2002. Ce partenariat a permis la définition au sein des Ministères marocains de programmes budgétaires sensibles au genre, c’est à dire visant directement ou indirectement la réduction des inégalités. Ce résultat découle lui-même de réformes légales avec l’adoption en 2015 de la Loi Organique n°130-13 relative à la Loi de Finances qui rend obligatoire la BSG pour chaque Ministère, institutionnelles avec la création du Centre d’Excellence en BSG, et enfin techniques avec la production de guide et la création d’une plateforme de gestion des connaissances.
Accès à la propriété, droits fonciers et révision de la Constitution, Obald Hakizimana, Economiste au Ministère rwandais de l’Economie, des Finances et du Plan, a donné un aperçu des avancées réalisées dans son pays en matière d’égalité hommes-femmes, avant de souligner le rôle de la BSG dans la réalisation de l’égalité entre les sexes et les étapes suivies pour l’assoir. « Il y a eu un engagement du Ministère du Genre et de la Promotion de la Famille dès 1995. En 2008, le programme BSG a été déplacé au Ministère des Finances et de la Planification Economique. Quatre ministères sectoriels ont été sélectionnés et pilotés et, depuis 2012, tous les ministères implémentent la BSG », a déclaré M. Hakizimana.
Pour sa part, le représentant de la République d’Ouganda Wilson Twamuhabwa, Conseiller au Ministère des Finances, du Plan et du Développement Economique a cité une étude dudit ministère ayant démontré que la réduction des inégalités, et donc l’utilisation de la BSG comme instrument budgétaire, peut augmenter le PIB de la République d’Ouganda de 1,2% par an, et œuvrer pour une croissance économique durable et inclusive. “Il est indéniable que la croissance inclusive est une condition préalable au développement durable. Les pays où la répartition des revenus est la plus équitable ont atteint les niveaux les plus élevés de développement et de bien-être », a indiqué M. Twamuhabwa.
Katherine Gifford, Conseillère en gouvernance et planification à ONU Femmes qui appuie près de 80 pays sur cette question, a, pour sa part, articulé son intervention autour des prérequis à même d’élargir l’implémentation de la budgétisation sensible au genre sur le continent africain. Elle a par ailleurs souligné l’importance de la volonté politique, d’une bonne coordination intersectorielle, et de la disponibilité des données et statistiques pour assurer un suivi et une évaluation effective de la mise en place de la BSG et de la programmation budgétaire sensible au genre avant de rappeler « Il est important de reconnaitre que le progrès [en matière de BSG] n’est pas du « tout ou rien » et qu’il a différentes manières de déclencher le changement.
Ces différentes interventions ont été suivies par une présentation du Nordic Africa Institute, à propos du lien entre BSG et accès à la justice.
Les échanges ont porté sur les opportunités d’adoption de la BSG comme modèle novateur de financement public pour la réalisation des priorités de développement en Afrique. A cet effet, il a été recommandé de capitaliser sur les expériences réussies de chaque pays, de créer des opportunités d’échange et de coopération afin de renforcer la communauté des praticiens de la BSG sur le continent.
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