Rabat, 13 octobre 2019 (CEA) - Réunis cette semaine à l’occasion du Séminaire sur l’impact potentiel de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECA) sur les économies maghrébines organisé par le Bureau de la CEA en Afrique du Nord en partenariat avec le Secrétariat Général de l’Union du Maghreb Arabe, les représentants de l’Algérie, de la Libye, du Maroc, de la Mauritanie et de la Tunisie ont insisté sur la nécessité urgente de coordonner leurs stratégies pour la mise en œuvre de la ZLECA de façon à assurer une convergence et une prise en compte des intérêts et priorités aux niveaux national et régional.
Les représentants des cinq pays ont également appelé le Secrétariat Général de l’UMA à leur fournir un soutien renforcé par la promotion du dialogue maghrébin pour la concrétisation du marché unique africain.
Organisé du 11 au 12 novembre à Rabat (Maroc) le séminaire sur l’impact potentiel de la ZLECA s’est tenu avec la participation de Taïeb Baccouche, Secrétaire Général de l’UMA, Sid'Ahmed Ould Mohamed, Ministre du Commerce et du Tourisme de Mauritanie, Albert Muchanga, Commissaire au Commerce et à l’Industrie à la Commission de l’Union Africaine ainsi que les négociateurs en chef pour la ZLECA des cinq pays du Maghreb.
« L’intégration maghrébine, un jalon du processus d’intégration continentale, est plus que jamais d'actualité au vu de la similitude des défis de développement, des opportunités qu’elle représente en termes de croissance et d’emploi compte tenu de la position stratégique dont dispose la sous-région» a souligné Lilia Hachem Naas, Directrice du Bureau de la CEA en Afrique du Nord pour qui une intégration maghrébine réelle renforcerait les pouvoirs de négociation des Etats de la région, encouragerait le développement du commerce et des investissements, permettrait la réalisation d’économies d’échelle par l’accroissement de la taille des marchés et une meilleure prévisibilité des politiques publiques par leur ancrage dans une perspective régionale.
En effet, de récentes études de la CEA, ont révélé que l’intégration maghrébine, un des huit piliers de la mise en œuvre de la ZLECA et de l’intégration africaine, peut permettre aux pays du Maghreb de diversifier leurs économies, accélérer leur transformation structurelle et générer des emplois.
« L’Afrique du Nord jouit d’une position géostratégique inouïe ». A cheval entre deux mondes économiques très différents, elle doit jouer la passerelle dans les chaînes de valeurs industrielles mondiales, a indiqué Sid'Ahmed Ould Mohamed, Ministre du Commerce et du Tourisme de Mauritanie qui a appelé l’UMA à faciliter la concertation intra-maghrébine autour des négociations nécessaires pour valoriser et catalyser les opportunités qui s’offrent aujourd'hui à l’Afrique du Nord. Le ministre mauritanien a également invité l’UMA à organiser une réunion des ministres maghrébins du commerce ainsi qu’un sommet extraordinaire sur le thème de l'intégration économique de ses pays membres au sein de la ZLECA. Enfin, il a encouragé les pays du Maghreb à finaliser leurs listes de concessions tarifaires, leurs offres en matière de commerce de services et à mener à bien les premières étapes charnières de la mise en œuvre.
« La stratégie maghrébine fait défaut actuellement, et nous sommes déterminés à aller de l’avant pour la réaliser. Ceci est pour nous nécessaire avant la tenue du prochain Sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba en février prochain », a assuré Taïeb Baccouche, Secrétaire Général de l’Union du Maghreb Arabe à l’issue de la rencontre. Des discussions sont actuellement en cours entre l’UMA et la Mauritanie pour l’organisation d’un conseil ministériel maghrébin du commerce et avec l’Union Africaine pour l’organisation d’un Sommet de haut niveau en marge du prochain Sommet de l’Union Africaine en février 2020 sur la base des recommandations issues du séminaire régional.
Organisé avec pour objectif d’encourager un meilleur positionnement des économies maghrébines dans le processus de construction du marché unique africain, le Séminaire sur l’Impact potentiel de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine a été l’occasion pour les participants de s’accorder sur le rôle déterminant du secteur privé dans le processus d’intégration régionale et la nécessité de mettre en place des mécanismes qui lui permettent de contribuer au succès du processus ; renforcer le soutien du système financier maghrébin aux activités d’import-export, et porter une attention accrue à l’élimination des barrières non tarifaires qui constituent l’obstacle le plus important au commerce dans la sous-région.
Entrée en vigueur le 30 mai 2019, la ZLECA a pour but de réduire les barrières tarifaires et harmoniser les règles de commerce entre pays membres en vue de réduire les coûts de transaction et favoriser les échanges intrarégionaux de biens et de services. Selon les estimations de la Commission économique pour l’Afrique, il est attendu que la concrétisation de la ZLECA favorise une augmentation de plus de 60% des échanges intérieurs intracontinentaux, notamment pour les produits industriels manufacturés.
Favorisée par ses nombreux avantages stratégiques (complémentarité des économies, opportunités de chaînes de valeurs sous-régionales, qualité des infrastructures de transport, main d’œuvre éduquée et bien formée, langue commune, proximité avec la zone euro-méditerranéenne, etc.), l’Afrique du Nord pourrait bénéficier encore davantage de la ZLECA si cette dernière est associée à la mise en place de mesures de facilitation du commerce. Les projections montrent un potentiel d’augmentation du commerce industriel nord-africain de près de 70% (près de 7,1 milliards de dollars en Afrique du Nord, et près de 6,5 milliards entre l’Afrique du Nord et le reste du continent).
A l’heure actuelle toutefois, le Maghreb est la sous-région la moins intégrée du continent africain. En 2018, par exemple, seulement 3,34% des exportations des pays membres de l’UMA avaient été destinées au marché maghrébin en 2018.
« La ZLECA est un nouveau levier qui nous est offert pour concrétiser l’intégration maghrébine tant attendue par nos opérateurs économiques » a indiqué Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique du Maroc dans une allocution prononcée en son nom. « L’intégration entre nos 5 pays maghrébins constitue le meilleur choix pour assurer le développement socio-économique et préservera la paix et la stabilité dans la région », a-t-il ajouté.
Les défis restent toutefois nombreux pour les pays du Maghreb. « La ZLECA est une vaste entreprise qui a suscité des attentes à travers l’Afrique. Etant donné la lourde responsabilité de ne pas décevoir ces attentes, le continent n’a d’autre choix que de mettre en œuvre l’accord de la ZLECA et de réussir l’intégration continentale », a conclu le Commissaire de l’Union Africaine au Commerce et à l’Industrie Albert Muchanga.
Le projet de la ZLECA suscite également des attentes au-delà du continent africain. Michaela Dodini, de la Délégation de l’UE à Rabat a ainsi souligné que l’UE et l’UA ont toutes deux en commun l’objectif de promouvoir le bien-être de leurs populations et la croissance par le commerce et les investissements en Afrique, en tant que vecteurs de développement inclusif et de création d’emplois. « Notre vision est qu'une fois appliquée, la ZLECA puisse devenir le point d’ancrage d’une zone de libre-échange de continent à continent, qui permettrait de créer une vaste zone d'intégration et de prospérité entre l'Europe et l'Afrique ».
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