Kigali, Rwanda, le 13 juillet 2016 (CEA) – Ce mardi, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, M. Carlos Lopes, a tenté de mettre fin à l’idée fausse que la plupart des migrants qui rejoignent l’Europe par les eaux troubles de la Méditerranée sont issus du continent africain.
Dans son discours, lors de la 27ème Session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine, M. Lopes déclare que cette idée est loin d’être vraie ; et ajoute qu’en fait, la plupart des Africains qui emprunte cette voie le font vers d’autres pays africains.
« Le continent connaît des niveaux de migration au sein de l’Afrique même les plus élevés dans le monde entier », dit-il. « La mobilité humaine, malgré les nombreuses entraves qui nuisent à l’intégration régionale, se répand en Afrique. Au vu des nouveaux changements démographiques, les jeunes Africains communiquent, ont un meilleur accès au transport et ressentent moins la rigidité territoriale qu’ont connue leurs parents ».
Citant la nouvelle récente concernant le Royaume-Uni et le récent vote du « Brexit », M. Lopes dit que les jeunes ont voté massivement pour la diversité et l’intégration.
Malheureusement, il dit que pour ce qui est des personnes âgées, celles-ci, convaincues que leur mode de vie était menacé par les migrants, ont voté autrement.
M. Lopes qui s’adressait aux membres du Conseil exécutif où participait également la Président de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, dit que ces jeunes africains quittent leur pays qui connaissent une forte croissance pour d’autres destinations africaines et non européennes.
Depuis le début de cette année, la Garde côtière italienne est venue en aide à plus de 30 000 personnes en mer Méditerranée et la majorité, soit 68 pour cent des rescapés, proviennent plutôt de la Syrie, de l’Afghanistan, de l’Irak et du Pakistan et non de l’Afrique.
En 2015, plus d’un million de migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe et nombreux sont ceux qui sont passés par l’Italie. Des dix nationalités représentées, seulement un pays africain y figurait, selon Frontex, l’agence européenne qui traite de la question.
Selon les statistiques officielles sur 250 millions de personnes qui vivent actuellement en dehors de leur pays d’origine, seulement 8,5 pour cent viennent d’Afrique.
Il dit que les progrès dans l’alphabétisation, les transports, les TIC et les infrastructures publiques au cours du siècle dernier, ont eu un impact significatif sur la migration et la connectivité sociale transnationale et vice-versa et ajoute qu’en conséquence, les transferts de fonds qui sont effectués par les migrants vers les pays en développement étaient importants car ceux-ci représentent la deuxième source de financement du développement après l’Investissement direct étranger; la hausse (augmentation de près de 100 pour cent entre 1999 et 2004), sont stables car il existe moins de volatilité que les flux du marché des capitaux ou d’aide au développement et ne nécessitent pas de taux d’intérêts ou de capital.
Le Secrétaire exécutif de la CEA dit qu’une perspective plus optimiste voit les migrants servir de ponts ou de connecteurs, pour permettre l’accès aux marchés, aux sources d’investissement et à l’expertise, aux fins d’un débat public, de plans de réforme articulés et d’appui de mise en œuvre des réformes et des nouveaux projets.
Les migrants, dit-il, acquièrent non seulement des compétences cosmopolites mais vivent dans l’ère de Skype, Viber et WhatsApp ; ceux qui auparavant étaient considérés comme «des déracinés» sont maintenant souvent appelés « transnationaux ».
« Cette sensibilité est le résultat d’études qui souligne la migration internationale comme étant sans frontière pour laisser place à des connexions transfrontalières dynamiques », déclare M. Lopes. Il ajoute, « Aucun mur érigé dans les nombreuses régions du monde ne découragera une telle tendance ».
Il dit que ce ne sont pas tous les migrants qui poursuivent une ambition et ajoute certains quittent par obligation, de désespoir lié aux conflits, en particulier. Le HCR estime à environ 14 millions d’Africains comme des «personnes d’intérêt», le chiffre le plus élevé depuis qu’on a commencé à compiler les statistiques.
M. Lopes participera au Sommet de l’UA, aux côtés des chefs d’État et de gouvernement et autres hauts dignitaires.
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