Les mesures africaines face au COVID-19 doivent être sensibles au genre

Addis-Abeba, Éthiopie, le 13 mai 2020 (CEA) - ONU Femmes et l’Union africaine, en partenariat avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA), ont accueilli ce mardi la réunion inaugurale des ministres africains en charge des questions de genre et de la condition féminine en vue de discuter de la pandémie de coronavirus (COVID-19) avec un accent particulier sur les mesures à prendre pour atténuer les effets de la crise sur les femmes et les filles.

Tenue sous le thème « COVID-19 Riposte et redressement - un cadre basé sur le genre », la réunion a débattu des principaux enseignements tirés et des bonnes pratiques en matière de gestion et d’atténuation des crises sensibles au genre.

Les ministres cherchent à apporter une réponse aux défis auxquels les femmes et les filles en Afrique font face en raison de la pandémie tout en informant la planification et le financement de la riposte et du redressement afin de faire face aux effets différenciés de la pandémie sur les femmes et les filles sur le continent.

Dans ses remarques au cours de la réunion, Mme Vera Songwe, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Secrétaire exécutive de la CEA, déclare alors que le continent commence à parler de levée des mesures de confinement imposés pour freiner la propagation du virus, il faut garantir la protection des femmes et des filles.

« Les jeunes filles ne sont également non scolarisées et deviennent des produits pour leur famille. Nous devons également nous inquiéter des grossesses précoces chez nos filles », indique-t-elle, ajoutant que les femmes sont au premier plan de la crise de COVID-19 et devront être félicitées pour leur rôle.

« Soixante-dix pour cent des infirmiers en Afrique sont des femmes, nous devons les féliciter, les protéger et les autonomiser », dit Mme Songwe.

Et ne manque pas d’ajouter également, l’importance de la technologie dans l’autonomisation des femmes sur le continent.

« Nous parlons de technologie, mais seulement 27% de nos femmes en Afrique ont accès à Internet et seulement 15% d’entre elles ont réellement les moyens d’utiliser Internet. Cela signifie également que nos jeunes filles sont pour la plupart exclues de l’apprentissage en ligne. Nous devons être en mesure d’y répondre », déclare Mme Songwe, ajoutant que le fait de ne pas avoir accès à la technologie et à la connectivité signifie que de nombreuses femmes perdent leur emploi.

Pour sa part, Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, qui copréside la réunion avec Beatrice Lomeya Atilite, Présidente du Comité technique spécialisé de l’Union africaine sur l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes, déclare :

« Cette pandémie frappe durement des secteurs où la majorité des femmes sont employées et nous savons que la plupart des femmes n’ont pas d’épargne, donc le gouvernement et les parties prenantes doivent être soucieux de la protection sociale et de la sécurité alimentaire, entre autres questions clés dans les mesures de lutte contre le COVID-19 en matière de genre ».

Les femmes, dit-elle, sont des parties prenantes importantes dans la lutte contre le COVID-19 « mais elles ne sont pas nécessairement dans la prise de décision pour répondre à la crise et nous savons des expériences d’Ébola, lorsque vous excluez les femmes, alors vous risquez de faire face à une catastrophe ».

Le Président de la CUA, Moussa Faki, déclare que le COVID-19 accentue les inégalités et la discrimination des groupes vulnérables.

« Le confinement et la distanciation physique peuvent transformer le havre de paix, qui doit être le domicile, en un lieu à haut risque de violation des droits humains et en particulier des droits des femmes. Nous devons donc, ensemble, veiller à ce que cette situation ne devienne pas le terreau propice à la propension à la violence contre les femmes. La lutte contre l’impunité, le respect de la dignité, l’égalité et la solidarité doivent être les valeurs cardinales de l’approche genre contre le COVID-19 », affirme-t-il.

L’Envoyée spéciale de l’UA sur les femmes, la paix et la sécurité, Mme Bineta Diop, déclare que les ripostes face au COVID-19 en Afrique doivent être sensibles au genre. C’est le moment d’agir, dit-elle lors de la réunion.

« De nombreux États membres et les ministères en charge de la condition féminine sont à l’avant-garde en ce qui concerne les ripostes face au COVID-19. Nous surmonterons cette pandémie, mais nous devons nous assurer que le travail des femmes ne soit pas invisible. Tirons parti des opportunités de solutions durables », ajoute-t-elle.

Pour sa part, le Directeur du CDC pour l’Afrique, John Nkengasong, encourage les partenariats pour que l’UA s’assure que les étapes importantes soient franchies dans l’Initiative sur le partenariat visant à accélérer les tests COVID-19 (PACT) dont l’objectif est de retracer, tester et suivre pendant que le continent continue de mener son combat contre la pandémie.

« Il s’agit d’un excellent élément pour sauver des vies et des moyens de subsistance », indique-t-il.

Les ministres ont évalué leurs efforts dans la mise en œuvre des lignes directrices de l’UA sur des ripostes sensibles au genre face au COVID-19, ont discuté de ce qui fonctionnait et ne fonctionnait pas ; des lacunes restantes ; des menaces émergentes et comment renforcer l’action.

Ils sont préoccupés par le fait que des données ventilées limitées montrent beaucoup plus d’hommes que de femmes infectées par le COVID-19 et le risque d’aggravation de la crise en matière de disparités entre les hommes et les femmes.

Au 13 mai 2020, 53 pays africains déclaraient 69 578 cas de COVID-19, 2 403 décès et 23 978 guérisons.



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