Les leaders africains appellent à s’approprier davantage les objectifs d’intégration continentale

Le financement de la transformation de l’Afrique, la mise en place d’une position africaine commune, la révolution des données et le financement par le secteur privé au centre des discussions.

Addis-Abeba, le 30 Mars 2015 (CUA-CEA) - le Premier ministre Ethiopien, M. Haliemariam Dessalegn et M. Paul Kagame, Président du Rwanda se sont joints à Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif à la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), le Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission Africaine et M. El Moctar Djay, Ministre mauritanien des Finances à l’occasion de l’ouverture de la Conférence des Ministres de 2015 au Centre de conférences des Nations Unies à Addis Abeba.

Venus en force à cette rencontre, les Ministres des Finances ont présenté un appel fort aux décideurs pour qu’ils encouragent davantage l’industrialisation. Pour y parvenir, ils ont appelé à renforcer l’intégration, réduire la dépendance vis-à-vis des acteurs externes, et à s’approprier davantage le projet africain commun, conformément aux objectifs de l’Agenda 2063 et au plan d’action de l’Union Africaine. Ils ont également souligné la nécessité de parvenir à une position africaine commune en vue de la troisième Conférence sur le Financement du Développement, de COP21 et des Objectifs de Développement social post 2015.

Une Afrique unie requiert une collaboration urgente pour la mise en place de l’intégration régionale et la volonté politique de concrétiser cette dernière, a annoncé le Président Kagamé à l’occasion de son discours d’ouverture. Soulignant l’importance de compter sur soi et la nécessité de mieux utiliser les ressources domestiques, il a déclaré: “Cette réunion est un bon point de départ si nous l’utilisons sagement pour déterminer où va l’Afrique. Il est important de revoir nos plans pour comprendre pourquoi nous ne sommes pas encore parvenus aux résultats que nous visons. Pour donner une impulsion nouvelle au développement, il est nécessaire de cesser de le considérer comme un objectif qui ne peut être réalisé qu’avec des ressources externes. Nous devons nous focaliser sur l’optimisation de ce dont nous disposons déjà, en interne, au niveau de nos marchés nationaux et régionaux ».

Réitérant ce sentiment, M. Dessalegn a déclaré que le financement de l’Agenda de développement pour la transformation nécessitera des ressources importantes. « Pour y parvenir, il est impératif que les ressources disponibles soient utilisées de manière plus efficace et stratégique, de manière à ce qu’elles servent de catalyseur pour un financement supplémentaire provenant des secteurs officiels et privés ».

“Appliquer l’Agenda 2063 nécessitera des ressources financières significatives, et nous devons rechercher dans les ressources domestiques de quoi le financer. Je suis sûr que l’Afrique dispose de ressources publiques et privées inexploitées qui suffiraient à répondre aux besoins. Si nous voulons conserver la croissance remarquable enregistrée au niveau du Continent au cours de la dernière décennie, il est absolument nécessaire de compter davantage sur les ressources domestiques, leur mobilisation devrait être en tête des priorités et bénéficier d’une plus grande attention dans nos discussions, aujourd’hui et à l’avenir ».

Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif de la CEA, a souligné la nécessité d’établir un lien entre l’industrialisation et le commerce pour satisfaire les besoins de l’Agenda 2063: “Durant les quinze dernières années, nous avons assisté à des niveaux de croissance relativement élevés, tirés par un super cycle des matières premières et une forte demande interne émanant d’une classe moyenne en expansion. L’Afrique dépend encore des produits primaires pour le gros de ses recettes d’exportation. Il existe aujourd’hui un large consensus selon lequel, en l’absence d’économies diversifiées, l’Afrique restera exposée à des chocs exogènes et prisonnière du paradoxe de taux de croissance élevés coexistant avec des taux importants de chômage et de pauvreté extrême ». 

Il a révélé: « Les facteurs clés qui limitent le commerce et l’industrialisation en Afrique sont lies à l’étroitesse de la base de production et d’export de l’Afrique, qui est dominée par des produits à valeur ajoutée réduite telles que les matières premières ou les produits de base. Cela est amplifié par le coût très élevé des échanges, des tarifs douaniers et des barrières non tarifaires importants qui limitent le commerce intra Africain et l’accès de l’Afrique aux marchés internationaux. Nous n’avons pas d’autre choix que d’augmenter notre part des exports mondiaux. Alors que dans les années 1970 l’Afrique représentait 4,99% du commerce mondial et l’Asie de l’Est 2,25%, en 2010, nous étions tombés à 3,33% tandis que l’Asie de l’Est avait bondit à 17,8%. Limités par l’insuffisance des infrastructures, l’inefficacité logistique, le manque de savoir-faire et d’intrants de qualité, l’accès difficile au crédit et aux services financiers, notre histoire est devenue une histoire d’opportunité manquée. Le moment est venu pour nous de nous réveiller. La politique commerciale actuelle de l’Afrique explique pour beaucoup notre incapacité à exceller dans ce domaine. »

Pendant ce temps, le Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l’Union Africaine, a appelé à une révolution des savoir-faire pour faire concrétiser l’Agenda 2063. « Beaucoup de gens disent que l’Agenda 2063 est trop ambitieux. Toutefois, un de mes amis d’enfance avait dit une fois: une personne qui n’est pas ambitieuse est un danger pour la société » a-t-elle expliqué. Ce sont nos peuples qui concrétiseront l’Agenda 2063, nous devons donc investir en nos peuples. L’Afrique est riche mais les Africains sont pauvres. Nous avons d’abondantes ressources naturelles, minérales et humaines et des terres arabes, alors pourquoi sommes nous pauvres ? Nous devons concentrer notre attention sur les domaines où la révolution des savoir-faire (STEM – Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques)  a joué un rôle déterminant comme l’Ethiopie, cela est extrêmement important pour le succès de l’Agenda 2063. »

La session s’est terminée sur un appel du Président Kagame, qui a appelé les participants à réaliser l’urgence de la situation : “Nous avons décidé où nous voulons être dans 50 ans. Il semble que nous avons tout ce qu’il faut pour réaliser les objectifs de l’Agenda 2063 à part le sentiment de l’urgence de la situation ».

 

 

Note à l’intention des Rédactions

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Publié conjointement par la CEA et la CUA