Les dirigeants réclament le démantèlement des obstacles à l’égalité des sexes dans une nouvelle décennie d’action

Addis-Abeba, Éthiopie, le 8 février 2019 (CEA) - Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a sonné ce samedi, l’alerte devant les dirigeants africains leur demandant de s’assurer que les besoins et les perspectives des femmes et des filles du continent soient pleinement intégrés dans les efforts visant à construire des sociétés en paix, justes et inclusives.

S’exprimant lors d’une réunion de haut niveau sur l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes à Addis-Abeba, M. Guterres déclare que bien qu’en 1995 les femmes africaines aient fait entendre leur voix lors de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, les progrès sont encore en deçà des engagements pris.

« Soyons francs, en Afrique, comme partout dans le monde, nous vivons dans un monde dominé par les hommes avec une culture dominée par les hommes – C’est essentiellement une question de pouvoir », dit-il.

« Ce que j’ai appris depuis mon enfance, c’est que le pouvoir n’est généralement pas donné. Il faut le saisir. S’agissant d’une question de pouvoir, la parité dans les organes de décision est absolument essentielle », ajoute le secrétaire général.

M. Guterres se dit heureux que depuis le 1er janvier, l’ONU a pour la première fois de son histoire, atteint la pleine parité hommes-femmes au sein de la direction de l’organisation.

« Cela représente un premier pas vers la pleine parité entre les hommes et les femmes en 2028 à tous les niveaux de l’ONU, ce qui reste nos objectifs fondamentaux », affirme-t-il, ajoutant que les anniversaires de Beijing +25 et de la résolution 1325 de l’ONU sur les femmes « doivent nous pousser au-delà et plus rapidement pour accomplir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ».

Le chef de l’ONU dit qu’il est triste de voir que la pauvreté en Afrique, comme dans le reste du monde, a toujours un visage de femme avec la violence à l’égard des femmes demeurant omniprésente.

« Bien que nous comprenions maintenant clairement les avantages - voire l’impératif - de l’inclusion et de l’égalité des sexes pour parvenir à la paix et au développement durable, nos actions ne sont pas à la hauteur », déclare-t-il.

M. Guterres affirme que l’ONU se tient aux côtés de l’Union africaine pour œuvrer à surmonter les défis de la paix et de la sécurité, du développement et des droits de l’homme qui continuent de limiter les femmes et les filles africaines.

« Nous devons faciliter les contributions significatives des femmes aux communautés dans lesquelles elles vivent. Cela signifie améliorer l’intégration sociale, économique et financière des femmes. Cela signifie fournir une véritable protection contre la violence dans les conflits et en temps de paix, dans les rues et à la maison », ajoute-t-il.

M. Guterres, qui réaffirme son engagement et son soutien à l’Initiative du Réseau des femmes leaders africaines et au Fonds à l’appui au leadership de la femme africaine, qui a été lancé aujourd’hui, ajoute s’assurant que les femmes et les filles sont encouragées à développer des compétences scientifiques grâce à l’accès à l’innovation et à la technologie est crucial.

Pour sa part, l’ancienne Présidente libérienne et Chef du Réseau des femmes leaders africaines (AWLN), Ellen Johnson Sirleaf, déclare : « Il est temps de passer des discours à l’action alors que nous recherchons le mieux-être de la femme africaine ».

Elle dit que l’inclusion financière est l’une des meilleures propositions visant à surmonter les obstacles critiques limitant les contributions des femmes aux activités économiques générales.

Le Président de la CUA, M. Moussa Faki Mahamat, indique qu’il est inacceptable que les femmes sur le continent continuent de subir le poids de la violence et des conflits, limitant leur contribution à leurs économies.

« Au moment où je parle, des milliers de femmes en Libye, au Soudan du Sud, en Somalie et ailleurs endurent l’indicible » dit-il, ajoutant que l’Afrique ne peut pas construire la paix sans les femmes. M. Mahamat ajoute que son administration fait tout son possible pour garantir la parité entre les hommes et les femmes dans l’organisation.

Pour sa part, le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, souligne l’importance de l’autonomisation des femmes à tous les niveaux de la société, ajoutant que son pays continuera d’aider l’Afrique à faire avancer la lutte pour l’égalité des sexes.

« Les hommes doivent être des alliés dans la lutte pour l’égalité des sexes. Aucun pays ne peut atteindre son plein potentiel sans la pleine participation de tous ses citoyens. La réalisation de l’égalité des sexes doit donc être une priorité », affirme-t-il.

Le Premier ministre norvégien, Erna Solberg, déclare : « En tant que leaders et décideurs, nous devons faire plus pour éliminer les obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans l’accès au financement, aux marchés et à la technologie. Nous devons nous assurer que les femmes disposent des connaissances, des réseaux et du mentorat nécessaires pour démarrer et développer leur entreprise ».

La Présidente éthiopienne, Sahle Work Zewde, dit que bien que des progrès aient été accomplis depuis Beijing, il reste encore beaucoup à faire dans la lutte pour l’égalité hommes-femmes.

« L’égalité des sexes est loin d’être atteinte malgré de nombreuses conférences, résolutions et débats », précise-t-elle.

« Nous avons failli à nos femmes et nos filles. Nous devons retourner à la base pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les marginalisées, celles qui ne peuvent pas prendre place à la table de décision ; celles qui ne parviennent pas à accéder aux écoles et aux universités ».

Le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, déclare au cours de son mandat à la Présidence de l’UA, qu’il se concentrera sur l’inclusion financière et économique des femmes ; la violence sexiste et la responsabilité vis-à-vis des engagements mondiaux en matière de genre par le continent.

« Les chefs d’État ont le pouvoir de réaliser un changement catalytique au niveau national qui aura des effets multiplicateurs ou positifs sur le continent », dit-il, soulignant que pour atteindre l’inclusion financière et l’autonomisation économique des femmes, « nous devons regarder au-delà des solutions de microfinance et investir dans des solutions qui ciblent l’ensemble des contraintes auxquelles les femmes sont confrontées dans la croissance de leur entreprise ».

L’évènement, qui s’est tenu dans le cadre du Sommet de l’UA, est organisé par la CUA, la Commission économique pour l’Afrique, ONU-Femmes, AWLN et leurs partenaires.

 

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