Le statut pharmaceutique actuel de l’Afrique n’est pas viable, dit Ali Mufuruki

Addis-Abeba, Éthiopie, le 27 juin 2019 (CEA) – « Il est essentiel que l’Afrique développe ses propres capacités de fabrication et de recherche, en particulier son industrie pharmaceutique, déclare M. Ali Mufuruki, Président et PDG d’Infotech Investment Group et Vice-Président du Club AfroChampions.

Dans son discours liminaire, prononcé lors du forum sur le commerce pour la Corne de l’Afrique, qui avait trait à l’industrie pharmaceutique, M. Mufuruki déclare que le statu quo pour l’Afrique n’est pas viable, d’autant plus que les exportations de produits pharmaceutiques vers le continent continuent de bénéficier de subventions gouvernementales importantes et souvent les faussant jusqu’à 40%, ce qui rend difficile la concurrence pour les producteurs locaux.

Les programmes de donateurs représentent actuellement 80% de toutes les dépenses de santé en Afrique.

« Créer une autonomie et une autosuffisance dans la fourniture de médicaments est essentiel à l’approvisionnement, en particulier lorsque le financement des donateurs arrive à terme », déclare-t-il, ajoutant que la dépendance excessive vis-à-vis de l’aide aux soins de santé a énormément nui à industrie locale.

Le Fonds mondial, par exemple, doit être déplacé temporairement et les remèdes à certaines maladies tropicales sont déjà négligés faute de bénéfices suffisants pour les innovateurs multinationaux.

« Il est essentiel que l’Afrique développe ses propres capacités de fabrication et de recherche, en d’autres termes son propre complexe industriel pharmaceutique - industries de fabrication, instituts de recherche, sociétés d’assurance maladie, mécanismes de financement public et autres », indique M. Mufuruki.

Il ajoute que les obstacles auxquels l’industrie pharmaceutique en Afrique est confrontée sont nombreux et variés et que les facteurs les plus importants à cet égard sont les suivants : la taille du marché et les problèmes d’accès au marché ; le dumping par les industries pharmaceutiques mondiales et le manque d’appropriation locale du programme de santé publique, en particulier du financement et de la recherche.

Il affirme qu’à cet égard, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) changera la donne.

« La ZLECA est conçue pour fournir aux nations africaines des solutions pour affronter ces défis.  L’approbation et la ratification par les pays africains permettront au secteur privé africain de saisir les opportunités significatives émergentes que ce secteur vital offre », informe M. Mufuruki.

« Il est important de noter, cependant, que c’est toujours le cas dans la vie, les opportunités vont toujours à ceux qui sont les mieux préparés à les saisir. Les multinationales pharmaceutiques sont toujours prêtes et se sont toujours mobilisées pour asseoir leur domination sur ce marché vital ; le seul marché qui a un espace important pour la croissance dans l’avenir et c’est l’Afrique ».

« Nous ne devrions ménager aucun effort pour faire de la ZLECA un outil de libération économique pour l’Afrique. Il n’y a pas de meilleur endroit pour commencer qu’une industrie qui détient la clé de la survie des générations futures du continent et cet endroit est l’industrie pharmaceutique africaine ».

S’exprimant au sein du même panel, M. Barry Faure, Secrétaire d’État aux Seychelles aux affaires étrangères, dit : « Les consommateurs africains bénéficieront des mêmes règles. Ce qui peut changer la donne dans notre lutte contre le paludisme, par exemple ».

Il informe que la phase II des négociations de la ZLECA, y compris les discussions à venir sur les questions de concurrence et les droits de propriété intellectuelle, contribueront à rapprocher le marché des médicaments des conditions d’un marché unique.

M. Onanga, Envoyé spécial des Nations Unies pour la Corne de l’Afrique, affirme que le continent est toujours au carrefour.

« Nous devons être audacieux pour traiter les problèmes critiques auxquels le continent est confronté. Nous devons également réaliser que nous pouvons surmonter les défis du 21ème siècle seuls, nous devons travailler avec des instruments tels que la ZLECA et réussir ensemble en conséquence. Nous devons également œuvrer dans la diplomatie pour la paix dans toutes les régions de l’Afrique car la plupart de nos problèmes concerne la gouvernance », affirme-t-il.

M. Onanga déclare que la paix est d’une importance vitale pour le développement et la prospérité de la Corne de l’Afrique et du continent.

Le Négociateur en chef et Conseiller principal du premier ministre éthiopien, M. Mamo Mihretu, dit : « La ratification et la mise en œuvre de la ZLECA font partie intégrante d’une politique commerciale cohérente et rationnelle que poursuit l’Éthiopie. Cela nous aide à concrétiser la vision d’une Afrique intégrée et crée des opportunités de marché pour le secteur privé ».

Mme Gertrude Mothibe, de l’Association de médecine générique d’Afrique australe, souligne la nécessité pour le continent de s’efforcer de développer et de renforcer sa propre industrie pharmaceutique.

« Les Africains doivent faire preuve d’audace pour prendre et appliquer sans crainte les décisions qu’ils prennent concernant leur continent, en particulier pour l’industrialisation faisant appel au secteur pharmaceutique. Nous avons les compétences et les connaissances. Tout ce dont nous avons besoin si nous voulons un environnement propice et un accès au financement », dit-elle.

Le forum avait pour thème, « Mise en œuvre de la ZLECA : Éliminer les obstacles géographiques, logistiques et réglementaires au commerce et à l’investissement dans la Corne afin de stimuler l’industrialisation : Mettre l’accent sur l’industrie pharmaceutique ».

 

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