Oxford, Angleterre, 4 mai 2016 (CEA). - L'inégalité demeure une question critique qui doit être abordée de toute urgence si l'on veut en éviter les conséquences coûteuses, a dit le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, mardi soir.
Dans le discours liminaire qu'il a prononcé lors du colloque conjointement organisé par Oxfam et l’Université d'Oxford pour examiner, notamment, les causes et les conséquences de la croissance économique inégale et de l'inégalité croissante entre les pays et au sein des pays, il a dit que l’inégalité ne devrait jamais être acceptée comme un mode de vie.
M. Lopes a dit que les inégalités en Afrique pourraient être réduites considérablement si les flux financiers illicites qui coûtent ou continent une somme estimée à 60 milliards de dollars par an, étaient jugulés.
« Imaginez l'impact que ces ressources illicites ont sur la réduction de l'inégalité, à travers les transferts sociaux et les investissements dans des initiatives productives et de création d'emplois », a-t-il dit au colloque.
Parlant des flux financiers illicites, il a dit que pour les régler, il fallait les efforts collectifs aussi bien des gouvernements nationaux que de la communauté internationale.
« C'est un problème africain dont la solution est mondiale », a-t-il dit. Les pays occidentaux ne peuvent pas fermer les yeux sur l'évasion fiscale et les pratiques des prix de transfert de leurs sociétés transnationales tout en donnant des leçons aux pays africains à propos de la bonne gouvernance.
Les « Panama Papers » qui ont récemment fait l’objet de fuites dans les médias, ont donné raison à la CEA qui, pendant assez longtemps, a demandé que des mesures soient prises pour stopper les flux financiers illicites quittant l'Afrique.
« Les révélations faites par les « Panama Papers » ont dissipé les doutes des sceptiques sur la prévalence et la gravité du problème ».
Le Secrétaire exécutif a cité l’Amérique latine comme un continent qui a réussi à réduire l’inégalité tout en enregistrant une forte croissance économique.
« La croissance économique a créé une plus forte demande de produits nationaux, faisant entrer un plus grand nombre de personnes – notamment les pauvres sur le marché du travail et entraînant des augmentations de salaires », a-t-il dit.
« Cela a permis de réduire l'écart entre les travailleurs ayant une éducation de niveau universitaire et ceux qui n'ont pas de diplôme universitaire ».
Les dirigeants africains, a dit M. Lopes, prennent la question de l'inégalité au sérieux et travaillent sans relâche dans le cadre d’un certain nombre d'instruments, avec des organisations partenaires pour s’attaquer au problème.
L’accès universel à l'éducation primaire ou secondaire a également joué un rôle dans la réduction des inégalités en Amérique latine, a-t-il poursuivi.
Selon M. Lopes, le faible niveau de l'emploi formel lié à la croissance, a été l'un des principaux moteurs de la pauvreté et de l'inégalité en Afrique en raison de la dépendance à l'égard des recettes provenant des produits de base, qui représentent la majeure partie des exportations de l'Afrique.
En conséquence, les pays africains accordent désormais la priorité à l'ajout de valeur, s’appuyant sur l'industrialisation fondée sur les produits de base en tant qu'objectifs clefs de développement.
« La transformation structurelle par le développement industriel, n'est plus une option mais l'option pour l'Afrique si elle veut s’attaquer aux vulnérabilités économiques auxquelles elle est actuellement confrontée », a dit M. Lopes. « Nous préconisons vigoureusement une telle trajectoire ».
Il a dit que la CEA continuerait de plaider en faveur d'une transformation structurelle en Afrique en vue de réduire les inégalités, entre autres questions, ajoutant qu’il était essentiel d'améliorer l'accès des groupes vulnérables aux services financiers afin de libérer leur potentiel entrepreneurial et les autonomiser économiquement..
Le colloque a également évalué les politiques susceptibles de servir à définir les voies et moyens de progresser vers l'équité, la démocratie et la stabilité sociale dans le sud global.
Elles sont, notamment, le rôle de politiques budgétaires progressistes dans la redistribution du revenu, le financement public pour une santé et une éducation de bonne qualité pour tous, le travail et des salaires décents et la participation politique de tous.
Publié par :
Section des communications
Commission économique pour l'Afrique
B.P 3001
Addis-Abeba
Éthiopie
Tél. : 251 11 551 5826.
Email : ecainfo@uneca.org