Le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA), un projet phare dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), visant à libéraliser et unifier les espaces aériens africains a été lancé durant la 30ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA le 28 janvier 2018 à Addis Abeba, en Éthiopie[1]. À travers des activités de plaidoirie de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Commission africaine de l’aviation civile et du Groupe de travail interministériel sur le marché unique africain de transport aérien, le nombre d’Etats membres ayant signé l’engagement solennel a augmenté de onze à vingt-cinq[2]. Le MUTAA est le premier parmi les initiatives phares qui ont été lancées, et est censée accélérer l’atteinte des objectifs principaux de l’Agenda 2063, une vision et une feuille de route pour une Afrique intégrée, prospère, pacifique, axée sur les personnes et stable. L’établissement du MUTAA suit la Déclaration des Chefs d’État et de gouvernement de 2015 dans laquelle ils ont réaffirmé leur engagement à réaliser la Décision de Yamoussoukro (DY) de 1999 sur la libéralisation de l’aviation civile sur le continent africain.
Le MUTAA devrait augmenter la connectivité sur le continent et promouvoir le développement du secteur de l’aviation, le tourisme et le commerce. À ce titre, l’initiative devrait contribuer à la réalisation du Plan d’action pour le renforcement du commerce intra-africain et la Zone de libre-échange continentale africaine. La CUA a estimé que le MUTAA se traduira en 300, 000 emplois directs supplémentaires ainsi que deux millions d’opportunités crées indirectement.
Sous le MUTAA, les compagnies africaines éligibles pourront desservir les liaisons « sur la base de leurs propres considérations économiques et sans aucune entrave ». Dans l’immédiat, les pays membres sont appelés à amender leurs Accords bilatéraux actuels des services aériens avec les autres pays africains en vue de les aligner à celles de la DY. Les principes clés de la DY comprennent la libéralisation des droits de transport, la capacité, la fréquence et politique tarifaire. À terme, le marché intra-africain de l’aviation dispensera des accords bilatéraux du service aérien et fonctionnera sur un seul ensemble de règles.
La CUA a été chargée par les pays signataires de présenter l’architecture d’un espace aérien africain unique qui devrait être opérationnel d’ici à 2023. La CUA, les Communautés régionales économiques et les nouveaux Champions régionaux du MUTAA sont censés discuter avec les pays membres de l’UA qui demeurent en dehors de l’Accord pour les encourager à ratifier et mettre en œuvre l’initiative.
[1] Décision sur l’établissement du Marché unique du transport aérien africain. Assembly/AU/Dec.665(XXX)
[2] Les pays signataires incluent le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Chad, la République centrafricaine, la République du Congo, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Gabon, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Libéria, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigéria, le Rwanda, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Togo et le Zimbabwe.