Le genre doit être au cœur des initiatives de relance économique face au COVID-19 en Afrique

Addis-Abeba, Éthiopie, le 3 septembre 2020 (CEA) - À moins qu’une perspective genre ne soit adoptée dans les initiatives de relance post-COVID-19, la pandémie de santé mondiale en cours amplifiera les disparités existantes entre les sexes, conduisant à de pires résultats pour les femmes en termes de moyens de subsistance et de bien-être.

C’est ce que déclare ce jeudi, Mme Thokozile Ruzvidzo, Directrice de la Division du genre, de la pauvreté et de la politique sociale, à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), dans ses remarques lors d’une campagne en ligne « Le genre est mon agenda (GIMAC) » sur les effets de la pandémie de coronavirus sur les hommes et les femmes.

Mme Ruzvidzo dit que les initiatives de politique de relance face au COVID-19 doivent adopter une perspective genre afin de réduire les vulnérabilités croissantes des femmes, en particulier dans le commerce transfrontalier.

« Les femmes dans les pays africains sont en général concentrées dans l’entrepreneuriat de nécessité dans le secteur des services, des activités commerciales et du commerce transfrontalier dans l’économie informelle. On s’attend à ce que les répercussions dues aux fermetures de frontières et restrictions du marché pour faire face au COVID-19 soient importantes », indique-t-elle.

La Directrice de la CEA ajoute que les femmes de l’économie informelle se trouvent plus souvent dans les situations les plus vulnérables.

« La prédominance des femmes dans le commerce transfrontalier informel est souvent attribuée aux contraintes de temps et de mobilité de celles-ci, ainsi qu’à leur accès limité aux ressources productives et aux systèmes de soutien, faisant de ces activités l’une des rares options dont elles disposent pour gagner leur vie », affirme Mme Ruzvidzo.

Elle déclare que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) présente de nouvelles opportunités pour les femmes en Afrique, ce qui peut aider à accélérer leur autonomisation économique au lendemain du COVID -19 et des efforts de relance connexes.

« Bien qu’il n’y ait pas de chapitre distinct sur le commerce et le genre dans l’Accord de la ZLECA, la ZLECA reconnaît l’importance de promouvoir l’égalité hommes-femmes », indique Mme Ruzvidzo en soulignant divers articles de l’Accord comme l’article 3 (e) qui précise que la ZLECA vise à « promouvoir et réaliser un développement socio-économique durable et inclusif, l’égalité des sexes et la transformation structurelle ».

« L’intégration du genre dans les stratégies nationales de mise en œuvre de la ZLECA est une stratégie clé visant à faire avancer l’objectif de l’égalité des sexes dans le cadre de l’Accord de la ZLECA », dit Mme Ruzvidzo.

Cela nécessite l’analyse des différents rôles que jouent les femmes dans l’économie, formelle et informelle ; de comprendre les différents secteurs dans lesquels elles sont concentrées ; d’identifier des secteurs et des produits d’opportunité à fort potentiel d’exportation ; et de reconnaître que les commerçantes et les entreprises dirigées par des femmes dans les secteurs informel et formel sont variées, d’avoir des politiques et des programmes ciblés sur la base de données et de statistiques ventilées par sexe.

Les interventions fondées sur des données factuelles qui s’attaquent à une série d’obstacles limitant la capacité des femmes à participer à de nouvelles opportunités économiques et commerciales sont également importantes, ajoute-t-elle.

Mme Ruzvidzo déclare que les mesures nécessaires pour garantir que les femmes et les hommes jouissent du même traitement dans la mise en œuvre de la ZLECA comprennent :

  • Promouvoir l’accès au financement / au fonds de roulement ;
  • Faciliter les liens commerciaux et l’information sur le marché ;
  • Possibilités de mentorat, d’établir un réseau d’acheteur et commercial ;
  • Soutien ciblé aux stratégies visant à connecter et à permettre aux entreprises dirigées par des femmes d’être compétitives dans les chaînes de valeur régionales ;
  • Aider à inclure la formation aux compétences numériques à mesure que davantage d’activités de la chaîne de valeur régionale passent au numérique ;
  • Renforcement des capacités et formation spécialisée sur les procédures d’exportation et d’importation, de rédaction de plans de développement des exportations, de gestion de la logistique, d’élaboration de stratégies de marketing international et de réalisation d’études de marché d’exportation ;
  • Formation spécialisée en connaissances financières, gestion commerciale et financière, en particulier pour les femmes micro-entrepreneurs ;
  • Politiques et programmes de marchés publics sensibles au genre pour les entreprises appartenant à des femmes ; et
  • Services de garde d’enfants.

Mme Ruzvidzo déclare que les groupes de femmes comme le GIMAC ont un rôle important à jouer pour garantir que les femmes et les hommes bénéficient à parts égales de la ZLECA grâce à leur rôle de plaidoyer et d’observateur.

Le réseau GIMAC et ses partenaires ont lancé cette semaine une nouvelle campagne en ligne pour mettre en valeur les efforts de la Commission de l’Union africaine et de ses États membres alors que les travaux de relance post-COVID-19 s’intensifient.


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