Le forum sur la santé des femmes éthiopiennes convient du besoin d’augmenter le financement dudit secteur

Addis-Abeba, Éthiopie, le 15 février 2019 (CEA) - La Commission économique pour l’Afrique et l’Organisation mondiale de la Santé ont tenu ce vendredi, à Addis-Abeba, une réunion ayant trait aux problèmes de santé des femmes en Éthiopie.

La réunion qui s'est tenue sous le thème, « Répondre aux besoins de santé des femmes en Éthiopie. Défis et opportunités », faisait partie de la Semaine de la santé en Afrique qui s’est tenue en marge du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine.

Ladite Semaine a réuni les décideurs africains en matière de santé publique, les acteurs de la santé le secteur privé régional et mondial, dont l’objectif était d’exploiter le potentiel et les opportunités du continent en matière du financement de son secteur de la santé.

En collaboration avec des Organisations de la société civile éthiopienne, les ministères éthiopiens du genre et de la santé, le PNUD, l’UNICEF, ONUSIDA, ONU-Femmes et le Département des affaires sociales de l’Union africaine, la réunion s’est penchée sur les défis et les opportunités en matière de renforcement de la santé pour la femme éthiopienne ordinaire.

Dans son allocution de bienvenue, la Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, déclare que le dialogue de la société civile sur la santé des femmes est crucial.

L’Afrique a fait des progrès considérables dans l’amélioration des résultats en matière de santé au cours des dernières années. De 1990 à 2015, l’espérance de vie à la naissance, indicateur clé de la santé de la population et du développement économique, est passée de 54 à 63 ans. Au cours de la même période, le taux de mortalité des femmes à l’accouchement et celui des enfants avant l’âge de cinq ans ont été presque réduits de moitié.

« L’Éthiopie a également connu des progrès en matière de santé. Le taux de mortalité maternelle est passé de 871 décès à 412 décès maternels pour 100 000 habitants au cours de la période 2000-2016. Au cours de la même période, le taux de mortalité des moins de 5 ans est passé de 166 à 67 décès pour 1 000 naissances vivantes », indique Mme Songwe.

Elle poursuit, en disant que « Bien que ces progrès soient louables, ils ne sont pas assez rapides pour atteindre les Objectifs de développement durable liés à la santé d’ici 2030 ».

Mme Songwe informe qu’il est nécessaire d’accroître le financement du secteur de la santé en Éthiopie, ajoutant qu’un rôle plus accru du secteur privé est également crucial.

« Les OSC peuvent également jouer un rôle important dans la prestation de soins de santé par le biais de partenariats public-privé (PPP), dans lesquels des prestataires privés et des entreprises s’associent à des gouvernements ou à des organisations internationales pour répondre aux besoins sociaux », ajoute-t-elle.

Pour sa part, Mme Lia Tadesse, Ministre d’État éthiopienne au Ministère de la santé, informe, « Notre pays assiste à un changement de paradigme vers un leadership équilibré entre les sexes et ouvre la voie à de nombreuses jeunes filles et femmes. Mais nous sommes encore loin de notre objectif de parvenir à l’équité entre les sexes ».

Elle poursuit, « Dans notre société, les femmes ne bénéficient pas de la croissance et du développement autant que leur contribution. De plus, les femmes sont touchées de manière disproportionnée par les aléas de la vie, notamment la pauvreté, la discrimination, les problèmes de santé et la violence. La situation est encore exacerbée par les pratiques traditionnelles préjudiciables telles que les Mutilations génitales féminines (MGF), qui sont répandues dans le pays ».

Bien que la pratique ait diminué au fil des années, une étude démontre qu’en 2016, 68,4% des femmes rurales en Éthiopie avaient subi une mutilation génitale.

« Les complications des MGF en matière de santé reproductive sont immenses, telles que l’infection, l’accouchement avec obstruction, les déchirures périnéales, la fistule et la stérilité. Cette pratique a également des conséquences psychosociales à long terme qui affaiblissent les femmes », fait savoir Mme Tadesse.

Dans un discours lu en son nom, Mme Amira Elfadil, Commissaire aux affaires sociales de la Commission de l’Union africaine, dit que, bien que les États membres aient réalisé des progrès significatifs pour répondre aux besoins des femmes en matière de santé, il reste encore beaucoup à faire, y compris accorder une attention particulière aux adolescents, qui détiennent les pires indicateurs en matière de santé maternelle, sexuelle et reproductive.

Le Dr Rufaro Chatora, Représentant de l’OMS en Éthiopie, déclare que la santé des femmes et des filles est particulièrement préoccupante car, dans de nombreuses sociétés, elles sont désavantagées, en raison notamment d’une discrimination fondée sur des pratiques socioculturelles.

Abebe Kebede, Directeur exécutif du Consortium des associations de santé de la reproduction (CORHA) en Éthiopie, est du même avis que son prédécesseur.

« En dépit des progrès satisfaisants réalisés jusqu’à présent, il reste encore plusieurs défis à relever, qui exigent de la part du gouvernement et des Organisations de la société civile l’attention et l’engagement nécessaires pour améliorer encore le bien-être de la santé des femmes et des filles », dit-il.

Les participants conviennent, entre autres, d’un cadre d’action ou d’un plan d’action dirigé par les OSC qui définirait des interventions mesurables pour aider l’Éthiopie à atteindre les cibles des ODD relatifs à la santé des femmes.

 

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