Kigali, 31 Juillet 2015- La transformation structurelle a été l'un des concepts les plus souvent abordés par les spécialistes du développement au cours des dernières années – notamment depuis les travaux de Margaret McMillan et Dani Rodrik en 2011. Nul doute que la transformation des structures économiques est une condition préalable nécessaire au développement économique et social. Mais concrètement que signifie-t-elle? Et comment la mesure-t-on?
Tous les pays en développement qui ont le mieux réussi sont parvenus à orchestrer des changements fondamentaux dans la structure de leur économie. En réaffectant les ressources des activités traditionnelles (telles que l'agriculture de subsistance) vers des secteurs à forte productivité (tels que la manufacture et les services modernes), ces pays ont réussi à améliorer rapidement leur niveau de vie. Non seulement le changement structurel permet de stimuler la croissance économique, mais il peut également contribuer à une croissance plus inclusive et durable.
Cependant, on sait relativement peu de choses sur le rythme et le modèle du changement structurel en Afrique. Une nouvelle recherche effectuée par le Bureau sous-régional pour l'Afrique de l'Est (BSR-AE) de la CEA tente de combler ce manque de connaissance. Elle offre l'évaluation la plus complète sur le changement structurel à ce jour, et vise 169 pays qui représentent environ 99% de la production et de la population au niveau mondial. Ce vaste échantillon améliore de manière significative la représentativité des résultats, rendue possible grâce à une nouvelle base de données sur l'emploi sectoriel produite par l'Organisation Internationale du Travail. En outre, l'étude vise treize sous-régions d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, fournissant ainsi des informations beaucoup plus détaillées et solides sur le changement structurel – compte tenu, notamment, de la forte hétérogénéité qui caractérise ces régions.
«Il existe énormément de discussions sur l'importance de la 'transformation structurelle' et du 'changement structurel' pour le développement de l’Afrique. Cependant, en réalité, on en sait très peu sur le rythme auquel ils se produisent. Cette étude contribue significativement à une meilleure compréhension de cette question – pour la première fois, nous pouvons mesurer la performance des sous-régions africaines», indique Andrew Mold, économiste principal au BSR-AE de la CEA.
Les résultats empiriques montrent que le changement structurel joue un rôle essentiel dans l'amélioration de la performance économique de l'Afrique, notamment depuis le début des années 2000. L’amélioration de la productivité dans les secteurs contribue encore majoritairement à la productivité du travail, mais la contribution du changement structurel – c’est-à-dire l’orientation de la main d’œuvre vers des secteurs plus dynamiques – est en augmentation tant en termes absolus que relatifs. Bien que la structure du travail n'ait pas beaucoup varié en Afrique (la part de l'agriculture sur le marché du travail est passée de 60 à 55% seulement entre 2002 et 2013), les écarts dans la productivité du travail sont si grands que même de petits changements peuvent produire des effets positifs importants.
«Ces résultats illustrent les gains massifs qui seraient possibles si les économies africaines pouvaient stimuler davantage les possibilités d'emploi dans le secteur manufacturier et les services modernes», a indiqué Pedro Martins, économiste au BSR-AE de la CEA.
Sur le continent africain, l'Afrique de l'Est a été l'une des sous-régions les plus performantes, en partie grâce à l'Éthiopie, la Tanzanie et l'Ouganda. En particulier, la réaffectation de la main-d'œuvre vers les secteurs des services explique la plupart des gains. Les services modernes (exportables) – tels que les transports, les technologies de l'information et de la communication, ainsi que les activités financières et commerciales – ont un potentiel considérable en termes de croissance de la productivité et de création d'emplois. Cependant, le secteur manufacturier ne doit pas être négligé, car le renforcement de ses liens avec les services comporterait de grands avantages. Par exemple, une prestation efficace de services permet d’améliorer la compétitivité du secteur manufacturier, tandis qu’un secteur manufacturier plus fort permet de créer une plus grande demande de services.
Malgré les résultats encourageants de l'étude, la croissance de la productivité du travail en Afrique reste toujours inférieure à celle en Asie – actuellement elle ne représente qu’un tiers. Une accélération des changements structurels est donc cruciale pour soutenir et accélérer les taux de croissance économique actuels. Elle peut être réalisée par la mise en œuvre d'un éventail de politiques structurelles «intelligentes» – allant de la finance à l’infrastructure – qui visent à modifier les structures d'incitation en vigueur dans les économies africaines, orientant ainsi les ressources économiques plus rapidement vers les secteurs les plus dynamiques.
L’étude est disponible en téléchargement à l'adresse:
www.nottingham.ac.uk/credit/news/papers/1503.aspx
Publié par:
Le Bureau Sous-Regional de l’Afrique de l’Est de la CEA
BP 4654
Kigali
Rwanda
Adresse électronique de l’auteur : pmartins@uneca.org
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