La SADC peut créer un environnement prospère pour les citoyens et surtout les jeunes, affirme Songwe de la CEA

Pretoria, Afrique du Sud, le 19 août 2017 - (CEA) – L’Afrique ne peut pas se permettre de laisser son programme de développement aux caprices de facteurs imprévisibles qui échappent à son contrôle, déclare ce samedi, à Pretoria, Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), lors du 37ème Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).                                                                                                        

Abordant le sujet du financement du secteur privé pour la création de chaînes de valeur régionales et mondiales, Mme Songwe déclare : « La SADC est un leader continental sur de nombreux fronts, mais les récents défis macroéconomiques indiquent le besoin  d’accorder davantage d’attention aux priorités clés telles que l’intégration régionale, les infrastructures et la mobilisation des ressources intérieures afin de créer un environnement plus prospère pour ses citoyens et surtout pour ses jeunes ».

Elle encourage les dirigeants de la SADC à tirer parti de leurs avantages comparatifs et à progresser rapidement dans la mise en œuvre de la Stratégie et de la feuille de route d’industrialisation de la SADC (2015-2063) soutenue par la CEA.

Mme Songwe indique qu’avec les perspectives de croissance mondiale restant modestes à 3,5 pour cent pour cette année, ainsi que les possibilités de marchés en matière de commerce et d’investissement à la fois dans les pays développés et en développement, l’Afrique doit continuellement rechercher des solutions artisanales et créatives à ses problèmes.

La croissance mondiale devrait augmenter à 2,9 pour cent en 2018 et 2019, car les perspectives globales restent incertaines, étant donné que les fondamentaux de la croissance restent faibles et que les prix des matières premières devraient rester faibles. La croissance en Afrique a ralenti jusqu’à 3,2 pour cent cette année et devrait augmenter légèrement seulement à 3,8 pour cent en 2018 ; l’Investissement direct étranger (IDE) a également connu un recul.

« Nous avons connu une croissance soutenue de 6 pour cent dans le passé et la région de la SADC a ouvert la voie et je crois que vous pouvez y parvenir à nouveau. La question reste à savoir, si vous êtes prêt à faire face aux problèmes structurels importants nécessaires pour vous remettre sur la bonne voie », demande Songwe.

La croissance globale de la région a diminué à 1,4% en 2016, contre 2,3% en 2015. Au cours de cette période, les faibles revenus provenant des exportations de produits de base et la dépréciation des monnaies ont alourdi les déficits budgétaires et les dettes publiques.

« Ces dernières années, l’ensemble de la région, sans exception, a connu des déficits budgétaires, car de nombreux pays s’efforcent de respecter leurs engagements en matière de dépenses sociales et de capitaux. Cela est particulièrement le cas pour le Botswana, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe, où nous avons assister à la diminution des excédents budgétaires, en pourcentage du PIB, s’aggraver alors que les ratios de la dette extérieure du gouvernement au PIB ont également augmenté », fait savoir Mme Songwe.

La dette publique globale de la SADC est passée de 42% du PIB en 2014 à 46,8% du PIB en 2015.

« En plus des défis d’un terrain économique difficile, le secteur extractif a connu de nombreux licenciements de personnel et de pertes d’emplois. Les données les plus récentes montrent que l’investissement total, tant du secteur public que du secteur privé, a considérablement ralenti au fur et à mesure que l’enveloppe des ressources des gouvernements s’amenuit et la confiance des entreprises diminue dans certains États membres de la SADC », dit la patronne de la CEA.

Elle félicite les dirigeants de la SADC pour leur ferme engagement et les progrès réalisés en matière d’intégration régionale. « La région abrite également certaines des économies africaines les plus libérales, dont certaines ont déjà atteint jusqu’à 100% dans les négociations de la zone de libre échange tripartite (TFTA) », dit-elle.

La SADC est bien en avance par rapport aux autres, indique-t-elle, ajoutant que l’Accord de libre-échange de la SADC (ALE) est pleinement fonctionnel avec des niveaux d’ambition supérieurs à ceux de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) elle-même dans des domaines tels que l’ajout de valeur, l’agro-transformation le pharmaceutique entre autres.

Le marché de la SADC dispose d’une population d’environ 327 millions et d’un PIB total de 600 milliards de dollars américains (2016). « Nous devrions tirer des leçons des négociations de l’ALENA sur le continent et veiller à ce que les accords dans les domaines du commerce des services et des TIC soient bien pris en compte dans les négociations de la ZLEC et la région de la SADC avec l’Afrique du Sud doivent prendre les devants ».

« L’objectif de finaliser les discussions de la ZLEC d’ici à 2018, tel que fixé par l’Union africaine, est réalisable si nous nous engageons. Il y aura des défis sans aucun doute avec la communauté internationale, mais nous comptons sur l’Afrique du Sud dans le contexte des débats mondiaux et du G20, de représenter l’unique vision du continent sur le sujet ».

« L’expérience de la SADC démontre que de nombreux défis relatifs à l’intégration régionale peuvent être surmontés et que la région est bien placée pour prendre le leadership sur le processus de la ZLEC. Nous, la CEA, sommes impatients de travailler avec vous sur cette question de signature », informe Mme Songwe.

« Mais si nous devons libérer tout le potentiel de cette région bien dotée pour que celle-ci émerge en tant que véritable bloc, capable de diriger l’agenda sur l’intégration de l’Afrique dans son ensemble, il nous reste beaucoup à faire. La SADC peut le faire pour tous les autres pays de la région ».

Bien que les infrastructures restent un goulet d’étranglement pour la croissance dans la région, elle fait remarquer que l’expérience dont bénéficie la région pour attirer et tirer parti du financement du secteur privé est une opportunité à saisir.

Dans le domaine de l’énergie, par exemple, l’Afrique du Sud, le Mozambique et la Zambie et de nombreux autres pays ont connu un succès avec les partenariats public-privé et exhortent les États membres de tirer parti de ces expériences pour accélérer le développement des infrastructures.

« Avec 190 millions de personnes dans la région de la SADC sans électricité, la croissance accélérée et l’intégration régionale resteront des contraintes », explique-t-elle, soulignant qu’une mise en œuvre intégrale de la vision de la SADC en matière d’infrastructures telle que prise en compte par le Plan directeur régional de développement des infrastructures (RIDMP) contribuerait énormément à résoudre les goulets d’étranglement dans le domaine des infrastructures. En outre, le secteur des services et l’économie bleue apparaissent également comme des secteurs clés pour ancrer le développement dans la région.

Mme Songwe exhorte la région à mettre en place des mesures « qui attireront le secteur privé dans la chaîne d’approvisionnement à haut débit et la création de valeur (opérateurs, prestataires de services d’infrastructures, fournisseurs de services de communication, fournisseurs de transactions électroniques et consommateurs) comme intrants directs à la croissance économique ».

« L'intégration régionale peut devenir plus facile à mesure que les pays atteignent des niveaux similaires de pénétration du haut débit, ce qui rend le commerce régional, les échanges d’informations et les services moins coûteux et plus accessibles et aussi la mobilité des personnes plus facile », indique-t-elle et souligne qu’il faut appuyer les efforts de mobilisation des ressources intérieures dans la région de la SADC.

Il faut aussi des politiques robustes qui améliorent la mobilisation des revenus intérieurs, incluent les envois de fonds de la diaspora, le capital-investissement ainsi que les placements institutionnels, tels que les fonds de pension, l’assurance-vie et les fonds communs de placement. En outre, les pays de la SADC peuvent accroître l’efficacité des dépenses publiques et stimuler la croissance et la diversification économique.

Les partenariats public-privé, dit-elle, doivent être renforcés pour réduire la dépendance à l’égard du financement extérieur, tel que la diminution de l’IDE. Les politiques mises en place doivent également encourager les investissements intra-régionaux et la création de plates-formes pour la mise en œuvre des investissements régionaux.

« À cet égard, je note avec satisfaction que des progrès sont en cours pour l’opérationnalisation du Fonds de développement de la SADC. La CEA est prête à apporter son aide à structurer et à mobiliser le Fonds. Ceci est particulièrement important car l’écart de financement pour le développement et la transformation reste important. Dans le même ordre d’idées, Il est important de réduire les pertes de Flux financiers illicites estimés à environ 80 milliards de dollars américains par an que subit le continent », dit Mme Songwe.

Conformément au programme de réforme de l’UA, elle ajoute : « Nous avons besoin d’une UA plus forte et qui s’autofinance pour accélérer notre programme d’intégration continentale. La SADC peut y contribuer ».

En ce qui concerne le genre, elle félicite la SADC qui suit de près ce programme et enregistre des progrès en matière de représentation des femmes au parlement, au cabinet, aux postes d’ambassadeur et dans le système judiciaire. « Les progrès réalisés, en particulier dans le domaine judiciaire, sont importants pour l’autonomisation économique des femmes, d’autant plus que la région envisage de porter une attention particulière dans des domaines clés tels que l’agro-industrie et les produits pharmaceutiques », fait-elle savoir.

« Surmonter les derniers goulets d’étranglement, que j’ai essayé d’identifier dans mes remarques, contribuera grandement à consolider les gains déjà réalisés et à libérer tout le potentiel de la région de la SADC en tant que plate-forme de coopération économique ferme plus que capable de contribuer à l’intégration globale et à l’agenda économique de l’Afrique », précise la patronne de la CEA.
  
« La CEA propose de renforcer sa collaboration avec la SADC et est prête à fournir un soutien technique et consultatif pour aider la région à faire face aux défis qui lui sont présentées », affirme-t-elle.

« De toute évidence, notre capacité à faire avancer les nobles objectifs qui visent à promouvoir l’industrialisation et le développement des chaînes de valeur régionales en vue de la transformation économique dans la région de la SADC et de l’Afrique dans son ensemble n’est pas une tâche insurmontable. Ceci est réalisable si le secteur privé dont nous devons tirer pleinement parti de sa capacité, est beaucoup plus impliqué.

Citant le regretté Président sud-africain Nelson, Mandela, Mme Songwe, qui a commencé par réconforter les victimes des inondations mortelles de la Sierra Leone, déclare que nul ne peut libérer un pays seul.

« Vous ne pouvez libérer qu’un pays si vous agissez ensemble. Il en va de même pour le continent. Nous ne pouvons libérer l’Union que si nous agissons en tant que collectif et la SADC peut et doit mener la danse.

Mme Songwe était accompagnée par Mzwanele Mfunwa du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique australe.


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