Addis-Abeba, le 2 avril 2016 (CEA) - Les Africains sont parmi les plus mobiles dans le monde. 31 millions d’Africains ont migré vers les différentes régions du monde, y compris de nombreux pays africains. Certains choisissent de migrer, tandis que d’autres sont dans l’obligation, soit en raison de conflits, de pauvreté ou de persécution. Beaucoup deviennent ainsi des réfugiés, des demandeurs d'asile et des travailleurs migrants.
La migration est souvent considérée dans le contexte de la «fuite des cerveaux» plutôt que l’occasion, avec la perception de celle-ci étant entraînée essentiellement par le sous-développement. La hausse de l’émigration est rarement considérée comme un atout pour la croissance de l’Afrique.
Selon Takyiwaa Manuh, Directrice de la Division des politiques du développement social, à la Commission économique pour l’Afrique (CEA), cette idée fausse a plusieurs explications. La plus importante concerne l’actuelle crise migratoire européenne, qui domine la couverture médiatique et engage un débat négatif sur la migration.
La migration clandestine de l’Afrique vers l’Europe reçoit une grande attention, mais en réalité, la migration intra-africaine domine le phénomène. Mme Manuk dit que 80% de ce flux migratoire s’effectue au sein du continent, et seulement 15% à 20%, vers l’Europe, dit Mme Manuk lors d’un évènement parallèle sur les migrations internationales organise en marge de la Conférence des ministres, à Addis-Abeba.
Lors de la même manifestation parallèle sur les migrations internationales en Afrique, le groupe d’experts analysent les causes principales des perceptions négatives sur les migrations en Afrique, afin de changer le récit sur la migration et en discuter son avenir sur le continent.
Mustapha S. Kaloko, Commissaire aux affaires sociales, à la Session extraordinaire de la Commission de l’Union africaine en charge du travail et des affaires sociales, déclare: « Si l’on considère l’immigration de manière positive, la perception de la fuite des cerveaux devient un gain de cerveaux ». S’appuyant des opportunités que la migration pourrait représenter pour l’Afrique, il souligne l’importance de reconnaître la migration comme partie intégrante du développement.
La migration, dit-il, a le potentiel de réduire le chômage en contribuant au développement économique par le biais des transferts de fonds et par l’importation des compétences, des connaissances et de la technologie aux pays d’origine et de destination. Les transferts de fonds vers l’Afrique ont quadruplé depuis 1990, atteignant près de 40 milliards de dollars, soit 2,6 pour cent du PIB en 2010, devenant la source d’entrées de capitaux étrangers nets la plus importante après les Investissements directs étrangers (IDE) du continent.
Il faut une bonne gestion politique de la migration interafricaine afin d’établir des « programmes attrayants » à long terme. M. Kaloko appelle les États membres de l’UA à concevoir des politiques qui garantissent les avantages de la migration aux niveaux mondial et régional avec la participation des pays de destination et d’origine. Ces politiques pourraient concerner la facilitation ordonnée et sûre de la migration, l’exemption de visa en Afrique, ou encore la promotion de l’intégration des migrants dans le pays d’accueil.
La discussion a mis en évidence le rôle des gouvernements africains pour garantir les avantages de la migration en matière d’intégration régionale et de développement économique; il indique que des politiques efficaces et la création de marchés contribueraient à une meilleure adéquation entre les exigences du marché du travail et la forte offre de travailleurs qualifiés.
Awil Mohamoud, Directeur du Centre des politiques de la Diaspora africaine, souligne l’insuffisance des données actuelles sur la migration et fait remarquer que des données fiables changeraient les perceptions globales sur la migration et contribueraient au développement de stratégies appropriées. Les panélistes du forum, en conclusion, disent qu’avec la plus jeune population au monde, l’Afrique a besoin de développer les bonnes politiques de manière à transformer la migration en une opportunité économique et sociale pour le continent.
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