La jeunesse africaine est une « bombe à retardement »

Addis-Abeba, le 16 novembre 2017 (CEA) - Prisca Mandimika, une représentante du Ministère des terres et de la réinstallation de Namibie à la Conférence 2017 sur les politiques foncières en Afrique (CLPA2017) à Addis-Abeba, exhorte les gouvernements africains à veiller à privilégier les jeunes, déclarant que « les jeunes constituent le groupe social le plus important en Afrique et constituent donc une bombe à retardement si nous continuons à les exclure des questions aussi importantes ».

Mme Mandimika s’exprimait à la fin d’une session qu’elle a présidait le 15 octobre lors du CLPA2017 sous le thème « La jeunesse et la réforme foncière : Une histoire d’engagement et d’exclusion ». La session a compris des présentations d’études de cas sur les défis fonciers que rencontrent la jeunesse en Namibie, en Zambie et en Afrique du Sud.

Le problème commun soulevé dans toutes les présentations concerne le manque d’initiatives gouvernementales pour promouvoir la propriété foncière et l’utilisation des terres chez les jeunes. Cela a été cité comme un facteur majeur du chômage des jeunes et de l’augmentation des taux de criminalité dans de nombreux pays africains où les niveaux de mauvaise gestion et de corruption sont élevés dans le secteur foncier.

Raphael Chikwampu, Coordinateur national du projet MELA en Zambie, révèle dans un document intitulé « Autonomiser la jeunesse zambienne avec l’information foncière pour le développement durable » que les terres coutumières représentent 94% des terres en Zambie et que cela ne fait qu’aggraver l’injustice en matière d’attribution des terres.

« Cela vous indique simplement que la plupart des terres sont gérées selon des normes et des pratiques traditionnelles où la transparence est limitée et que les jeunes ne sont pas une priorité », dit M. Chikwampu. Il ajoute que la gestion coutumière des terres se heurte à des inégalités entre les sexes, à une documentation médiocre et que la vente aveugle de terres par les dirigeants traditionnels est difficilement contestée par leurs sujets.

Cette position est également soulignée dans une présentation de Frank Byamugisha du Centre africain pour la transformation économique à Accra, au Ghana, où le régime et les pratiques coutumiers sont décrits comme « largement biaisés contre les jeunes, les filles et les jeunes femmes ».

M. Byamugisha indique que le secteur foncier coutumier offre une protection juridique limitée et un accès à l’information sur les droits fonciers des jeunes.

Pour sa part, Kletus Likuwa, Chercheur principal à l’Université de Namibie, qui a présenté un document sur « Les voix des jeunes sur les droits fonciers coutumiers et l’enregistrement » en Namibie, fait savoir que la situation est pire pour les femmes.

« Un tel défi est encore plus grave chez les jeunes femmes en raison de la nature patriarcale de la plupart de nos structures d’attribution des terres, en particulier dans les zones rurales où les parents transmettent traditionnellement leurs propriétés foncières à des hommes », déclare M. Likuwa.

Admire Nyamwanza, qui a parlé de la situation en Afrique du Sud, dit que les principaux points de débat et les initiatives politiques sur la terre après l’Apartheid sont principalement axés sur la dynamique raciale, de classe et de genre.

« En conséquence de cela, indique M. Nyamwanza, nous n’avons que 13% de jeunes bénéficiaires de la réforme foncière et agraire depuis 1994, alors que le chômage des jeunes atteint actuellement un niveau record de 55%. Il s’agit d’une bombe à retardement socioéconomique si elle n’est pas abordée ».

La bonne nouvelle, ajoute M. Nyamwanza, concerne « la question foncière qui est devenue le centre des discours politiques et économiques et que les jeunes participent largement aux contestations actuelles concernant la transformation des terres et de l’économie dans le pays ».

La Présidente de la session, Mme Mandimika, indique que l’idéal serait que les jeunes eux-mêmes puissent faire pression pour leur inclusion dans les questions liées au foncier, ajoutant que « La CLPA2017 fournit clairement la plate-forme pour de telles discussions ».

 

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