Addis-Abeba, le 11 MAI 2018 (CEA) - La Conférence des ministres de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) de l’ONU qui se réunit à Addis Abeba (Éthiopie) a insisté sur la possibilité que la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) devienne un outil puissant pour stimuler l’industrialisation, la diversification économique et le développement. Cet événement sur 4 jours (11-15 mai) a pour but de faire progresser cette initiative ambitieuse visant à former un marché commun régional qui, selon la CEA, pourrait faire passer le commerce intra-africain de 16 % à 52 % d’ici à 2022.
Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, a déclaré que, pour concrétiser l’ambition de l’AfCFTA et atteindre ses objectifs de développement, le continent devait prendre des « mesures audacieuses » sur plusieurs fronts. « Nous devons exploiter la dynamique qui existe aujourd’hui, afin de mettre en œuvre l’accord et de réaliser son potentiel de manière à ce qu’il profite à l’Africain moyen », a-t-elle affirmé lors de la 51e séance de la Conférence des ministres.
La secrétaire exécutive a également précisé que l’action la plus importante et la plus urgente consistait à créer « l’espace fiscal » permettant de favoriser les investissements publics et privés, tout en assurant une diversification économique, en vue de créer des emplois.
Elle a également fait part de ses inquiétudes sur le fait que l’AfCFTA pourrait causer des pertes de recettes douanières conduisant à des ‘trous’ dans les budgets nationaux. Mais les répercussions de l’AfCFTA sur les taxes appliquées aux biens importés et exportés, seront « faibles et progressives », selon la secrétaire exécutive qui a expliqué : « Les revenus supplémentaires liés à la croissance générée par l’AfCFTA pourraient l’emporter sur les pertes de recettes douanières ».
Elle a exhorté les gouvernements africains à revoir de manière plus large les politiques macroéconomiques, en particulier, les mesures fiscales, afin de s’assurer qu’elles permettent de tirer le meilleur profit de l’AfCFTA. « Nous devons accroître les recettes fiscales, améliorer l’efficacité de la gestion des dépenses publiques, lutter contre les flux financiers illicites et développer les financements privés pour les projets publics », a ajouté Vera Songwe.
Cette année, la conférence intervient peu de temps après la ratification de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine par 44 pays, tandis que 50 pays au total ont signé soit l’accord, soit la déclaration de Kigali marquant leur engagement vis-à-vis du projet panafricain visionnaire. Le jeudi 11 mai, le Kenya et le Ghana ont remis à la Commission de l’Union africaine les documents ratifiant le libre-échange continental, devenant ainsi les deux premiers pays à franchir le pas.
Outre les réunions ministérielles, des sessions d’experts et des événements parallèles permettront de débattre du thème de la conférence : ‘Créer un espace fiscal pour la création d’emplois et la diversification économique’. Ils souligneront l’importance des mesures fiscales pour tirer pleinement profit de l’AfCFTA tout en renforçant la viabilité budgétaire en Afrique. Les autres sujets abordés seront le rôle de l’agriculture dans la croissance économique, le financement des infrastructures, la lutte contre les flux financiers illicites et la recherche d’une stratégie intégrée pour le Sahel. D’autre part, à l’occasion de cet événement seront lancés le 5e Rapport sur la gouvernance en Afrique, le Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous et le Rapport sur l’évaluation de l’intégration régionale 2018. La Conférence Adebayo Adedeji annuelle de la CEA (baptisée ainsi en l’honneur du secrétaire exécutif de la CEA resté le plus longtemps à ce poste, décédé en avril) sera donnée par le Prof. Mary Teuw Niane, ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Elle rendra également hommage au Prof. Calestous Juma, défenseur renommé de l’utilisation de l’innovation et de la technologie au profit du développement de l’Afrique, décédé le mois dernier.
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