Par Garnett Compton
La technologie joue un rôle majeur dans la série de recensements des pays africains pour 2020. Plus de 50% des pays envisagent de procéder à un recensement numérique, selon une évaluation réalisée par la CEA. Passer au numérique semble simple ; il faut simplement remplacer la compilation des informations recueillies grâce au questionnaire du recensement sur papier par un format électronique - comme une tablette.
Cependant, c’est loin d’être simple, car l’introduction de la technologie entraîne de nombreux nouveaux défis. Mais le Centre africain pour la statistique (CAS) de la CEA, en partenariat avec l’Office pour les statistiques nationales (ONS) du Royaume-Uni, collabore avec les pays pour les aider à surmonter ces défis.
Pourquoi passer au numérique, quels sont les avantages pour les pays et leur recensement ? Premièrement, il y a une amélioration significative de la qualité des données. La collecte de données sur les personnes et les ménages dans lesquels ils vivent à l’aide d’une tablette avec un questionnaire structuré réduit les erreurs d’interview lors de la collecte d’informations - un problème courant dans les enquêtes sur papier. En outre, les intervieweurs peuvent avoir une écriture de mauvaise qualité, ce qui rend difficile la saisie exacte d’informations à partir d’un questionnaire sur papier, ce qui réduit la qualité des données et crée plus de travail pour corriger les informations. Deuxièmement, l’utilisation d’une approche de collecte de données numériques accélère le temps nécessaire pour nettoyer, valider et totaliser les données avant de rendre les résultats largement disponibles. Des résultats plus rapides ont des effets bénéfiques plus rapides sur les données recueillies lors du recensement.
Certains des plus grands défis ne sont pas si évidents. Par exemple, en Éthiopie, il y aura environ 180 000 enquêteurs pour mener le recensement, chacun aura besoin d’une tablette - c’est un nombre de tablettes considérable. Et chaque enquêteur aura besoin d’un logiciel unique pour accomplir sa tâche compte tenu de la localité à sa charge, à savoir une carte de la localité. C’est donc un défi logistique d’armer chaque enquêteur avec la bonne tablette. Ne parlons pas de la déballer, de la charger, d’y installer un logiciel unique, de la remballer dans son étui et de la placer dans le bon carton pour la livrer au bon endroit. C’est là, qu’ACS a été d’une aide et a développé une application qui chargerait automatiquement le bon logiciel sur chaque tablette et assurerait la distribution dans la bonne zone. Cela réduit considérablement le risque d’erreur et la quantité de travail (et donc le coût) de chargement des tablettes en prévision du recensement. Cela accélère également le processus.
L’un des plus grands avantages concerne l’accès quotidien aux données. Comme toutes les données sont collectées et transférées électroniquement à un centre de données sécurisé chaque jour, il est possible de se faire une idée rapide et détaillée de l’opération de collecte de données. ACS élabore actuellement un tableau de bord d’indicateurs mis à jour fréquemment et informant la direction du recensement des progrès et de la qualité des données collectées. Grâce à ces informations, le siège de recensement peut repérer et résoudre les problèmes rapidement, en donnant des instructions au personnel sur le terrain pour améliorer la façon de formuler une question, déployer des logiciels de correction ou même effectuer une nouvelle visite de certains ménages si nécessaire. La CEA collabore étroitement avec l’ONS afin de tirer parti de leur expérience dans ce domaine pour aider les pays à définir des indicateurs de performance et des actions appropriées pour résoudre les problèmes.
Compte tenu de son expérience en Éthiopie, ACS a reconnu la nécessité d’un soutien accru afin d’aider les pays à mettre en œuvre un recensement numérique. Encore une fois, travailler en étroite collaboration avec l’ONS, ACS a aidé le Bureau national de la statistique du Kenya à automatiser le logiciel de chargement dans chacun des 150 000 tableaux utilisés lors de son recensement, tenu en août 2019 ; et s’est engagé à poursuivre ses travaux avec le Service statistique du Ghana (recensement prévu pour mars 2020) et les Seychelles (recensement prévu pour août 2020). En plus de l’assistance pratique, ACS a permis aux pays de partager leurs expériences dans la mise en œuvre d’un recensement numérique. ACS, avec l’ONS, a récemment organisé et accueilli une Réunion de groupe d’experts sur la collecte et la diffusion électroniques de données dans les recensements à Addis-Abeba. La réunion, à laquelle ont participé plus de 40 participants de 17 pays, avait pour objectif de partager des expériences entre pays et de créer des collaborations ou des partenariats entre pays pour une assistance accrue.
Plus de 40 pays africains doivent encore entreprendre leur recensement dans le cadre du recensement de 2020, la majorité d’entre eux étant numérique. ACS s’engage à aider les pays à mener à bien ces recensements, qu’ils soient numériques ou non, grâce aux exemples mentionnés plus haut, ou à donner des conseils sur d’autres aspects tels que l’élaboration de questionnaires, le plaidoyer ou la mobilisation de ressources. En collaboration avec leurs partenaires ONS, un élément clé de l’appui de ACS concerne le renforcement de l’utilisation de la technologie dans les recensements, en veillant à ce que les résultats du recensement soient de meilleure qualité et disponibles plus tôt pour mieux comprendre la population africaine - après tout, n’est-ce pas la raison pour laquelle nous faisons un recensement ?
Garnett Compton est le Conseiller stratégique d’ONS (Royaume-Uni) auprès du Centre africain pour la statistique, de la CEA.