La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique démarre à Rabat ses consultations pour l’Agenda 2063

Rabat, 03juin 2013 (CEA) -Moment intense de réflexion et d’échange mercredi 29 Mai à Rabat : la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a organisé un débat autour du thème: " l’Agenda 2063 : Quelle Afrique du Nord dans un demi siècle?" sous le haut patronage du Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies et Secrétaire Exécutif de la CEA, M. Carlos Lopes. Cette rencontre a eu lieu dans le cadre de la célébration du 50ème anniversaire de la création de son Bureau régional pour l’Afrique du Nord de la CEA.

D’éminents panelistes y ont fait des présentations sur des thèmes sélectionnés au vu de leur importance stratégique dans le devenir de la sous-région : 

-     Quelle vision pour l’Afrique du Nord à l’horizon 2063 ?

-     La géostratégie de l’Afrique du Nord en 2063

-     Les enjeux énergétiques sur le long terme en Afrique du Nord

-    Quels sont les enjeux démographiques dans 50 ans ?

-    Quelles villes et sociétés pour l’Afrique du Nord à l’horizon 2063 ?

Elle a donné à la CEA la possibilité  de partager sa vision sur ces enjeux, les perspectives de développement à long terme de l’Afrique dans son ensemble et de la région en particulier. Elle a été  l’occasion pour son Secrétaire Exécutif , Dr. Carlos Lopes de présenter les thématiques principales et les conclusions majeures du Rapport économique sur l’Afrique 2013 intitulé «Tirer le plus grand profit des produits de base africains: l’industrialisation, au service de la croissance, de l’emploi et de la transformation économique », rapport qui souligne qu’une  industrialisation massive en Afrique, s’appuyant sur les produits de base est impérative, possible et bénéfique.

En effet, les tendances lourdes de la dernière décennie indiquent clairement que l’Afrique est en train de changer: « changement de perception sur la place du continent, changement de conception sur le rôle et le pouvoir des citoyens en général et des jeunes en particulier, changement en matière d’urbanisation,  changement de rythme de croissance, etc. ».  

Transformer structurellement l’Afrique aujourd’hui c’est d’abord, tirer un meilleur parti des produits de base en faisant d’eux les fers de lance de l’industrialisation du Continent. Ceci  exige des cadres appropriés de planification du développement et des politiques industrielles efficaces qui reposent sur des données fiables et prennent en compte les déterminants de l’étendue et de la profondeur des liens entre secteurs d’activités, de même que les facteurs structurels propres aux pays qui sous-tendent ces liens. Un retour sur les bases statistiques du Continent est donc impératif en même temps qu’une profonde refonte de la nature des relations de l'Afrique avec la communauté internationale..

Pour l’efficience de ce processus de transformation, le Professeur Mohammed Mahmoud Ould Mohamedou, (Institut de Hautes Études Internationales et du Développement et Directeur du Programme Régional au Centre de Politique de Sécurité à Genève et précédemment Ministre des Affaires étrangères de la Mauritanie) a souligné que pour l’Afrique du Nord, la vision 2063 devra intégrer l’importance et la nécessaire réappropriation de la géostratégie. Sur le court et moyen terme, les Etats devront concilier les revendications identitaires avec les exigences de la modernité, réduire le déficit de bonne gouvernance et contenir la conflictualité naissante dans l’espace sahélo-saharien.

Sur le long terme, il leur faudra relever les défis (i) de la construction de l’Etat autour de projets de société consensuels, (ii) du pilotage des transitions politiques vers une maturation des institutions, et (iii) d’une plus grande implication de la région dans la gouvernance des relations internationales, au regard de son identité plurielle –africaine, arabo-musulmane et méditerranéenne. Le projet maghrébin d’intégration devra prendre forme, et devenir le cadre stratégique du positionnement de l’Afrique du Nord dans la configuration des groupements économiques en construction. 

Relativement au volet ‘Energie’ qui occupe une place importante dans les économies de la sous-région et est au cœur de toute politique d’industrialisation, Mme Amina Benkhedra (Directeur Général de l’Office National des Hydrocarbures et des Mines du Maroc et précédemment Ministre de l’énergie) a noté avec force que le secteur énergétique mondial était en pleine transition, dans un contexte marqué par une demande croissante, associée aux impératifs de réduction des émissions de CO2. Les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) conserveront dans le futur une place importante dans le mix énergétique, avec une prédominance du gaz. Toutefois, la diversification des sources d'énergie est devenue un objectif stratégique des politiques énergétiques des pays qui misent sur l'optimisation de toutes les potentialités existantes, notamment des énergies renouvelables dont la part devrait  significativement augmenter. L'Afrique du Nord, confrontée à une demande énergétique croissante, notamment pour ses besoins en électricité, s'est fixé des objectifs ambitieux pour valoriser son important potentiel en énergies renouvelables (notamment le solaire et l'éolien) et promouvoir l'émergence de filières industrielles dans ce secteur (production locale des équipements). Pour soutenir cette dynamique et accompagner les efforts en cours, une meilleure intégration régionale sera nécessaire  afin de favoriser la création d'un marché d'envergure, l'innovation technologique et la mobilisation des ressources financières requises.

Au niveau démographique, la majorité des pays de l’Afrique du Nord ont amorcé leur transition démographique à partir des années 1950. Le taux de fécondité moyen de la région est ainsi passé, en cinquante ans, de 5 à 6 enfants par femme à 2 ou 3 enfants.  Un facteur  qui a permis d’amorcer cette tendance est l’éducation de la population en général et celle des filles en particulier. Dans l’ensemble, grâce à la généralisation et à l’augmentation du niveau d’éducation, on a assisté à une baisse de la fécondité due au recul de l'âge du mariage, le développement du travail féminin, mais également du fait de la crise économique et de celle du logement. De même l’allongement significatif de la durée de vie, qui a des avantages (expertise, consommation) entrainera immanquablement de nouveaux défis économiques, notamment en matière de financement  de la protection sociale et des systèmes de santé.

Tous ces facteurs feront, selon M. Youssef Courbage (Directeur de Recherche à l’Institut National d’Etudes Démographiques de Paris), que les générations futures auront de moins en moins d'enfants, comparées à leurs parents. Ces tendances permettront certes une meilleure maîtrise de la démographie dans une perspective de planification du développement, mais impliqueront aussi des changements profonds dans les relations sociales au sein de la famille et par extension dans la cité, la communauté, le pays et la sous région."

Pour M. Halim Faidi (Architecte Urbaniste et scénographe), le  processus d’urbanisation rapide que connaît l’Afrique du Nord devra s’accompagner d’une politique volontariste de promotion d'un environnement socioéconomique durable, afin d'augmenter la productivité et de diminuer la pauvreté. La  ville devra être repensée dans la perspective d’une valorisation accrue de son capital physique, socioéconomique et intellectuel.

Les villes poseront à l'avenir des défis sérieux à la région. Les sociétés devront y faire face grâce entre autre à l'innovation et  à une nouvelle gouvernance adaptée à la maîtrise du phénomène urbain. Il s’agira de  transformer un mouvement créateur de pauvreté urbaine en une véritable dynamique sociale, avec la participation active des communautés et des acteurs nationaux et locaux. Ceci doit se faire en cohérence avec un aménagement des territoires qui donne toutes ses chances aux différentes régions, notamment les plus défavorisées d’entres elles.

Ce diner-débat a connu la participation de hautes personnalités de la sous région et du reste du continent, tant  au niveau des institutions publiques que des milieux académique (professeurs, chercheurs et étudiants) et des affaires, des représentants du Système des Nations Unies, de la société civile, de représentant de jeunes, ainsi que des représentants des médias nationaux et régionaux.

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