Rabat, 17 juillet 2014 (CEA) - Aujourd’hui plus que jamais, le Maghreb a besoin d’accélérer le processus de son intégration. C’est là un impératif d’autant plus urgent que la région est confrontée à des défis importants depuis les évènements de 2011 qui ont annoncé l’amorce d’un tournant déterminant. Ce tournant a réaffirmé les revendications des populations pour plus d’égalité dans la répartition des dividendes de la croissance, davantage de démocratie, de respect des libertés publiques, de création d’emplois et un développement social plus inclusif et plus attentif aux besoins de toutes les catégories sociales.
La plupart des pays de la région ont connu des mouvements de revendication nés d’une remise en cause des modèles de développement et de gouvernance en vigueur qui n’ont pas su répondre aux attentes des populations et relever les défis de l’emploi, de la réduction des inégalités et de la bonne gouvernance politique et économique. Ces mouvements ont été portés par les jeunes en particulier, ce qui traduit les besoins et les aspirations de cette catégorie sociale des plus déterminantes pour le développement, et reflète l’ampleur des enjeux et des défis auxquels les pays de la région doivent faire face. Ces enjeux sont également accentués par les menaces sécuritaires de plus en plus présentes dans la région, toutes choses qui entrainent des conséquences directes sur le processus d’intégration de l’UMA, encore confronté à divers obstacles, dont la persistance entrave la relance des économies de la région et en réduit le potentiel de croissance.
Quelques exemples illustrent aisément cette situation : les échanges intra-communautaires ne représentent que 3- 4% des importations totales des Etats membres, la mise en place de la zone de libre-échange accuse un retard coûteux, les acquis en matière de mobilité des facteurs et de libre circulation des personnes restent limités ; et le cadre institutionnel actuel n’est pas assez opérationnel pour faciliter et pérenniser un schéma d’intégration à dimension multisectorielle.
La remise en cause des modèles de développement et de gouvernance exprimée depuis les changements que la région connait depuis 2011 a généré une série de réformes politiques, économiques et sociales qui nécessitent un accompagnement soutenu de la part des partenaires au développement de l’UMA, dont la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
En effet, dans le cadre de sa mission, la CEA fait de la promotion de l’intégration régionale l’un des piliers de son travail et s’attache à accompagner les pays et les institutions de coopération régionale dans cet effort, notamment par le biais de ses Bureaux sous-régionaux. Dans ce contexte, trois activités importantes menées par le Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord (CEA-BAN) ont marqué ce trimestre, notamment : i) une réunion avec le Secrétariat Général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) pour l’examen du Programme pluriannuel de travail (PPT) 2014- 2015 ( 20 mai ) ; une réunion d’experts dont l’objectif est d’étudier les moyens susceptibles de doter l’UMA d’un mécanisme de financement autonome (12 juin 2014) ; et iii) une réunion consultative régionale (24-25 juin 2014) entre le Secrétariat général de l’UMA, les agences du Système des Nations Unies couvrant l’Afrique du Nord et autres partenaires.
La réunion tenue avec l’UMA pour la validation du PPT s’est basée sur la prise en compte des nouveaux défis et des enjeux de développement qui en découlent pour la région du Maghreb, mais aussi sur les nouvelles orientations de la CEA pour la promotion des analyses de prospection économique en s’appuyant sur des statistiques plus élaborées, donc plus fiables . Ainsi, les activités du PPT 2014-2016 couvrent trois axes thématiques majeurs : le renforcement des capacités de l’UMA, l’appui au processus de transformation structurelle des économies maghrébines, et l’appui au développement social avec ses composantes Genre, Jeunesse et Migration.
Il est de plus en plus reconnu que la mise en œuvre des objectifs d’intégration nécessite une mise en cohérence des efforts régionaux, mais aussi la mise en place d’un schéma de financement plus régulier et plus autonome, tel que l’a souligné la réunion d’experts organisée également par la CEA-BAN sur cette thématique, qui a fait par ailleurs l’objet d’une étude préparée par le Bureau.
L’analyse du parcours de l’UMA montre que son système actuel de financement représente plus un obstacle qu’une solution pouvant redresser la situation, car il obéit au modèle classique des contributions versées par les Etats membres à partir des ponctions sur les budgets nationaux. Ceci a entrainé une insuffisance persistante des budgets alloués, d’où la lenteur et l’irrégularité des progrès réalisés dans la mise en œuvre de projets structurants et intégrateurs visant à dynamiser les échanges et la coopération régionale. La réunion d’experts sur le financement de l’UMA a ainsi permis d’étudier la possibilité de surmonter cette difficulté, et d’examiner les moyens susceptibles de doter l’UMA d’un mécanisme de financement autonome qui se fonderait sur l’institution d’un prélèvement parafiscal sur la dépense nationale. Ce prélèvement serait assis, liquidé et recouvré par les administrations nationales pour le compte de l’UMA, et permettrait à l’Union d’acquérir ainsi une plus grande capacité d’action et de mieux se positionner sur le plan continental et régional.
Les enjeux et défis de développement et d’intégration de la région ont également fait l’objet d’un débat de haut niveau lors de la réunion consultative organisée le 24-25 juin et réunissant le Secrétariat général de l’UMA, les agences du Système des Nations Unies couvrant l’Afrique du Nord et un grand nombre d’autres partenaires, tels la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Islamique de Développement (BID), l’Organisation Arabe du Développement Industriel et Minier (OADIM), l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), le Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), etc. Cette importante consultation s’est inscrite dans le cadre du mandat du Mécanisme Régional de Coordination-Afrique (MRC), dont la mission première est de coordonner l’appui à la mise en œuvre des objectifs de développement et d’intégration du Continent tels que définis dans le NEPAD.
La consultation a permis aux partenaires d’échanger sur leurs activités respectives en direction de l’UMA, de dégager un large consensus sur l’étendue et la nature des défis de développement pour la région, d’identifier ensemble les axes stratégiques à considérer pour redynamiser le processus d’intégration, ainsi que la mise en place d’une Plateforme régionale d’appui à l’UMA assortie d’un mécanisme de coordination, aux fins de mieux valoriser l’action et les activités des partenaires.
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