L’ONU lance un examen du niveau de sécurité routière au Zimbabwe dans le but de réduire le carnage

Harare, Zimbabwe, le 5 août 2019 (CEA) - La Commission économique pour l’Afrique (CEA) collabore avec le Zimbabwe pour trouver des solutions visant à réduire de façon significative le nombre de victimes de la route dans ce pays d’Afrique australe, afin de servir d’exemple au reste de la région.

Une équipe des Nations Unies se trouve dans le pays pour examiner et évaluer le niveau de sécurité routière du pays.

Lors d’une allocution au cours du lancement de l’examen du niveau de sécurité routière pour le Zimbabwe, qui s’est accompagné d’un atelier de deux jours consacré à l’examen de l’état de la sécurité routière dans le pays, Soteri Gatera de la Section de l’industrialisation et des infrastructures de la CEA, déclare qu’il faut accélérer les actions en matière de sécurité routière non seulement pour le Zimbabwe mais pour l’Afrique dans son ensemble.

« L’examen du niveau de sécurité routière a pour objectif d’aider le Zimbabwe à renforcer ses capacités de gestion de la sécurité routière et à améliorer son bilan national en matière de sécurité routière », indique M. Soteri.

« Nous devons travailler pour éviter un cas de conséquences inattendues par lesquelles l’histoire de la croissance économique du Zimbabwe - accompagnée du développement des infrastructures et de l’accroissement de propriétaires de voitures - est érodée par l’augmentation du nombre d’accidents et de morts. Même un seul décès sur la route est tout simplement inacceptable ».

Selon le Conseil de la sécurité routière du Zimbabwe (TSCZ), plus de 460 millions de dollars américains sont dépensés chaque année en accidents de la route, avec une moyenne de 40 000 accidents enregistrés chaque année.

Au moins 15 000 personnes sont blessées et près de 2 000 sont tuées chaque année dans des accidents de la route, indique le TSCZ.

En 2018, le pays a enregistré un total de 1 517 accidents de la route mortels, contre 1 325 en 2016, dont 90% sont imputables à une erreur humaine, notamment à une vitesse excessive, à un jugement erroné, à la conduite en état d’ébriété et à l’imprudence.

« Bien que des bases solides soient en place, le Zimbabwe doit de toute urgence intensifier ses efforts. Nous devons passer à l’action et à la mise en œuvre », dit M. Soteri.

L’objectif mondial de la Décennie d’action pour la sécurité routière et du développement durable, qui consiste à réduire de moitié le nombre de décès d’ici 2020, est un objectif ambitieux, affirme-t-il.

« Cependant, après avoir examiné le niveau de sécurité routière dans quelques pays africains, nous sommes convaincus que le Zimbabwe peut progresser dans la réalisation de cet objectif. Heureusement, nous connaissons les solutions », ajoute M. Soteri.

« Nous avons besoin de routes et d’infrastructures plus sûres, de véhicules plus sûrs, d’un comportement plus sûr des usagers de la route, d’une meilleure législation, d’une application plus stricte, de meilleurs soins post-accident, ainsi que de meilleurs moyens d’évaluer et de suivre les progrès grâce à la disponibilité de données de qualité ».

Il dit qu’une équipe entière de l’ONU, par l’intermédiaire de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la sécurité routière, est au Zimbabwe pour unir leurs efforts à ceux du Zimbabwe :

• • Mettre à jour le cadre réglementaire afin d’inclure les recommandations internationales et régionales lors de l’adhésion aux conventions des Nations Unies sur la sécurité routière. Cela inclut l’adhésion à la Charte africaine de la sécurité routière et à l’Accord trans-routier africain ;

• Envisager la transposition de ces instruments juridiques dans la loi sur la sécurité routière nationale ;

• Renforcer le Conseil national de la sécurité routière pour qu’il soit en mesure de s’acquitter des tâches qui lui incombent en tant qu’agence principale de la sécurité routière ;

• Établir la base de données sur les accidents de la route ;

• Assurer une couverture nationale du programme d’inspection des véhicules ;

• Déployer le programme national de formation des conducteurs et renforcer le régime de contrôle des conducteurs. L’application de la loi et l’éducation dans les écoles sont également essentielles pour améliorer les comportements des conducteurs et des usagers de la route ;

• Déployer le Manuel national d’audit de la sécurité routière pour s’assurer que les routes sont construites dans l’intérêt de tous les usagers de la route ;

• Établir la Politique des services médicaux d’urgence conformément aux lignes directrices recommandées au niveau international, telles que celles élaborées par l’OMS pour donner aux victimes d’accidents de la route les meilleures chances de survie.

« Nous savons que des données solides nous aideront à identifier les risques, à les gérer et à suivre nos progrès. La base de données sur les accidents contribuera à la collecte et à la gestion coordonnées des données, une question cruciale pour tout le continent », indique M. Soteri en félicitant Harare pour son engagement en faveur de la sécurité routière.

Le Directeur de TSCZ, Obio Chinyere, dit que cet examen est important pour aider le pays à réduire le carnage routier.

« L’Envoyé examinera les cinq piliers sur lesquels repose la sécurité routière et formulera des recommandations sur leurs conclusions. Il nous appartiendra de décider de la suite à donner à leurs recommandations », affirme-t-il.

La sécurité routière est un défi mondial où environ 1,2 million de personnes trouvent la mort chaque année des suites d’accidents de la route. Chaque année, au moins 50 millions de personnes sont blessées dans des accidents de la route.

Les accidents de la route ont des conséquences disproportionnées en Afrique par rapport à d’autres régions du monde. À cet égard, le risque de décès par accident de la route est de 26,6 sur 100 000 en Afrique, contre 17,0 en Asie du Sud-Est, la moyenne mondiale étant de 17,5, l’Europe compte 9,3 sur 100 000.

M. Soteri dit que les accidents de la route ont des implications économiques estimées à 5% du PIB dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

« Cela suggère qu’une part importante des investissements destinés aux routes est perdue à la suite d’accidents de la route », indique-t-il, ajoutant qu’il existe des preuves montrant que la situation de la sécurité routière dans certains pays africains s’aggrave plutôt que ne s’améliore, contrairement au Plan d’action de la sécurité routière en Afrique 2011-2020, qui consiste à réduire de moitié le nombre de décès sur les routes du continent en 2020.

 

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