Johannesburg, 27 octobre 2013 (CEA) - « L’intégration régionale en Afrique », le thème de la Conférence économique africaine de cette année, qui se tiendra du 28 au 30 octobre à Johannesburg, est au cœur de la quête de la révolution industrielle du continent.
La Conférence économique africaine est un forum annuel de « business intelligence » organisé par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour débattre des grands défis du développement économique du continent.
Elle rassemble des chefs de gouvernement, des décideurs politiques, des chercheurs et des praticiens du développement venus d’Afrique et d’autres régions du monde. Cette année, les discussions se pencheront sur comment un de 54 États disparates peut surmonter les problèmes liés à son morcellement et mettre ses ressources en commun afin de réaliser son industrialisation et générer une croissance productive.
Le retard de croissance de l’Afrique est essentiellement attribué à l’absence d’un vaste espace économique à même de stimuler et de soutenir des économies d’échelle, condition préalable à un véritable développement économique.
Les données empiriques indiquent que la quête d’une révolution économique africaine ne pourra aboutir que si d’importants marchés font émerger une production compétitive prête à satisfaire la demande et l’offre, avec l’aide de politiques publiques appropriées.
L’absence de ces marchés suffit probablement à expliquer que le traditionnel développement des produits de substitution aux importations et plusieurs stratégies industrielles appliquées par des gouvernements africains au cours des cinquante dernières années n’ont pas réussi à stimuler et à maintenir un entrepreneuriat productif digne de ce nom.
Ainsi, pour l’Afrique subsaharienne, la nécessité de réaliser des économies d’échelle dépendrait entre autres de la disponibilité de l’énergie, des transports, des moyens de communication et des infrastructures sociales, de la gestion des ressources hydriques, de la convergence fiscale et de la mobilité de la main-d’œuvre, tous des thèmes qui figurent en bonne place au programme de la Conférence économique africaine.
L’infrastructure intégrée contribue à ouvrir l’espace politique, économique et social en vue d’accroître la production et la consommation de biens et de services. De plus, la mondialisation et la technologie ont respectivement condensé l’espace et exacerbé la compétitivité à un point tel que les micro-entités ne peuvent plus survivre par elles-mêmes. Elles doivent arriver sur le marché avec une large gamme de biens et de services de qualité.
Même pour les pays dits « riches en ressources », il y a lieu de penser que ne compter que sur les recettes des industries extractives, sans valeur ajoutée, ne puisse pas apporter un développement durable.
Cela ne servirait qu’à pérenniser l’habitude qu’ont les pays africains de se faire concurrence face aux partenaires externes sur un marché d’acheteurs où la technologie et l’innovation remplacent progressivement les hydrocarbures par des biocarburants et d’autres formes d’énergie verte.
Le rapport sur la compétitivité en Afrique 2013, sur le thème « Connecter durablement les marchés de l’Afrique », l’explique plus clairement. D’après ce rapport, publié conjointement par la BAD, la Banque mondiale et le Forum économique mondial, l’intégration régionale peut aider l’Afrique à accroître sa compétitivité, à diversifier son assise économique et à créer suffisamment d’emplois pour sa jeune population, prise dans le tourbillon de l’urbanisation.
L’intégration régionale de l’Afrique sera possible :
- si l’écart de compétitivité entre l’Afrique et les autres régions émergentes est comblé par des investissements dans des institutions de qualité, des infrastructures, des politiques macroéconomiques, l’enseignement et l’adoption de nouvelles technologies ;
- si le commerce est encouragé par la libéralisation du commerce intra-africain, actuellement estimé à 11 pour cent, et par la suppression des entraves au commerce ; et si les produits vendus sont diversifiés pour ne plus se cantonner aux produits de base ;
- si de meilleures infrastructures énergétiques, informatiques et de transport sont développées afin de relier les producteurs et les consommateurs africains, tirant ainsi parti des économies d’échelle au niveau de la fabrication et de l’offre de services ;
- si des pôles de croissance sont mis en place grâce à des investissements publics et privés dans les industries et à une infrastructure d’appui, pour stimuler les capacités de production à destination des marchés locaux et à l’exportation.
Ces suggestions se conjuguent et concordent avec les priorités opérationnelles de la Banque africaine de développement, telles qu’incorporées dans sa Stratégie d’intégration régionale 2009-2012, et dans sa Stratégie 2013-2022 qui se concentre sur : 1) le développement des infrastructures ; 2) l’intégration économique régionale ; 3) le développement du secteur privé ; 4) la gouvernance et la redevabilité ; et 5) les compétences et la technologie.
La Banque continuera donc à affecter un volume substantiel de ressources à l’intégration africaine comme elle le fait depuis qu’elle a commencé ses activités en 1967, surtout dans les domaines des infrastructures matérielles et immatérielles et dans la diffusion des produits de la connaissance.
Par exemple, entre 2009 et 2011, la BAD a bouclé 51 projets liés aux transports – infrastructures routières et ferroviaires, aéroports et ports maritimes – estimés à plus de 3 milliards de dollars US. L’institution a financé plus de 4 000 kilomètres de routes et plusieurs grands ponts d’Afrique. Son guichet « secteur privé » a appuyé la modernisation de la flotte d’Ethiopian Airlines ainsi que des investissements dans des réseaux d’information régionale et de technologies de la communication, qui représentent d’importantes contributions à l’intégration régionale.
Et pourtant, vu la configuration géopolitique de l’Afrique et sa démographie, il reste encore bien plus à faire. Avec 30,2 millions de km2, l’Afrique est le deuxième continent du monde, et sa population dépasse le milliard d’habitants, dont la moitié est âgée de moins de 20 ans.
Les 54 États souverains et neuf territoires du continent sont façonnés et influencés par les grandes tendances mondiales émergentes, qui représentent à la fois des défis et des opportunités de développement et de croissance durable.
Les forums tels que la Conférence économique africaine peuvent fournir la base de connaissance grâce à laquelle l’Afrique pourra s’intégrer convenablement dans l’économie mondiale.
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