L’IDEP organise un atelier de formation des formateurs en Gestion de Politique Economique Sensible au Genre

Dakar, le 30 Octobre 2018 - Les preuves montrent qu’investir dans la promotion de l’égalité de genre en favorisant davantage, par exemple, l’accès des femmes aux soins de santé, à l’emploi et au crédit, peut accélérer la croissance économique et réduire la pauvreté et que les inégalités de genre persistantes réduisent les potentiels de croissance économique. Cependant, la prise en compte de la problématique de l’égalité de genre fait encore défaut dans la formulation et la mise en œuvre de la politique économique.

L’Initiative Genre et Gestion de la Politique Économique (GEPMI en anglais) a été créée en réponse à cette lacune dans la formulation et la mise en œuvre de la politique économique en Afrique. Initialement, le programme avait pour objectif d’accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), en particulier de l’OMD 3 sur l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes, en renforçant l’efficacité des politiques économiques et des stratégies de réduction de la pauvreté en Afrique afin qu’elles bénéficient aux femmes et hommes pauvres, aux filles et aux garçons, de manière plus équitable.

Afin de s’attaquer à ces problématiques, un certain nombre d’initiatives de renforcement de capacités ont été conçus, tel que le cours de deux semaines sur « Gestion de Politique Économique sensible au Genre »  qui vise à fournir aux décideurs politiques et praticiens du développement les aptitudes et connaissances requises pour identifier et traiter les biais basés sur le genre dans les secteurs économiques, et pour analyser les politiques économiques et les budgets selon la perspective genre.

En outre, L’Atelier de formation des formateurs est également une composante du programme sur le genre et son but est de renforcer les capacités de manière à ce que ceux qui réussissent à accomplir ce programme soient convenablement équipés pour guider et former d’autres personnes. C’est dans cette optique que l’IDEP organise l’atelier de formation des formateurs en « Gestion de Politique Economique Sensible au Genre » du 29 Octobre au 02 novembre 2018. L’atelier réunit 13 participants provenant de 13 pays différents, dont 6 pays francophones (Algérie, Burkina Faso, Congo, Cote d’Ivoire, Niger et Sénégal) ; 7 pays anglophones (Gambie, Ethiopie, Malawi, Nigéria, Rwanda, Somalie et Soudan). Le taux de participation féminine de 61% avec 8 femmes. Cet atelier est facilité par Mme Ngoné Diop, Experte Principale en Genre au Centre Africain pour le Genre de la CEA ; et Mr Richard Ssewakiryanga, Directeur Exécutif du Forum National des ONG de l’Ouganda.

La directrice de l'IDEP, Mme Karima Bounemra Ben Soltane, a présidé la cérémonie d’ouverture. Elle a dit que les pays africains avaient pour tâche de faire converger l’agenda du développement durable de 2030, qui a été approuvé au sein des Nations Unies et l’agenda 2063 de l’Union Africaine, qui s’intitule l’Afrique que nous voulons, avec le président du Niger qui est champion de ces questions-là, au niveau de la commission de l’UA. C’est un sujet important cette convergence des deux agendas et leurs intégrations dans les plans de développement nationaux. Pour nous ce cours, est au cœur de ces problématiques. A l’issue de cet atelier, certains seront identifiés pour intervenir dans d’autres cours sur ces questions-là, qui ne sont pas destinés à des formateurs, mais à des fonctionnaires africains. Je tiens à féliciter les participants qui ont été sélectionnés car c’est un cours qui a beaucoup de succès avec un nombre important de candidatures.

Nous sommes à une période ou à travers des pays comme le Rwanda et l’Ethiopie, nous voyons arriver des femmes au niveau de la prise de décision. Les deux derniers gouvernements de ces deux pays sont équilibrés, nous espérons que cela aura un impact sur les contenus politiques des deux pays. Pour la première fois, nous avons également une femme présidente au niveau de l’Ethiopie. Nous sommes sur une bonne dynamique et on espère que ça va continuer avec l’arrivée d’élections dans certains pays. Contrairement à ce qui se fait traditionnellement, les femmes ont été intégrés à de réels postes de décisions, pas les ministères traditionnels tels que la femme, la famille et l’emploi des jeunes. Cela pour vous dire que vous avez beaucoup de responsabilités, celle d’apprendre et d’avoir un effet multiplicateur, une fois que vous serez de retour chez vous. Et nous comptons sur vous pour créer des réseaux de communication entre les pays et faire vivre les enseignements que vous aurez reçu pendant ce cours et en même temps partager vos expériences et avoir les avis de vos paires, lorsque vous aurez à traiter de l’intégration de la dimension genre dans les politiques économiques.

Mme Ngoné Diop, remercie les stagiaires d’être là, en disant aussi que leur présence témoigne de leur engagement à promouvoir, la dimension genre l’égalité genre, dans leurs pays respectifs et à fortiori dans le processus de planification socio-économique de leur pays. Madame la Directrice a bien mis en évidence l’idée qui a soutenu ce cours, qui est intitulé « Genre et Gestion de Politique Economique en Afrique ». Comme vous le savez, c’est une vérité prouvée qui n’a pas besoin d’être démontrée ; c’est que la manière dont les politiques économiques étaient élaborées de manière conventionnelle ne prenait pas en compte la dimension genre », c’est-à-dire les différends et les différences entre les hommes et les femmes, leurs besoins, les besoins et les défis auxquels ils et elles font face dans le processus de développement de nos pays.

Ça a été démontré, on le verra dans le cours, mais ce qui est important, c’est que en 2010, après avoir constaté cela au milieu de la mise en œuvre des OMD, on s’était rendu compte qu’un maillon manquant de ce processus, qui effectivement était un handicap majeur à la création de richesses économiques, au développement économique et l’atteinte des OMD par tous les pays, particulièrement africains, était la prise en compte de la dimension genre comme une variable de planification socio-économique. On s’est rendu compte que quand on prend en compte toutes les théories économiques classiques, néo-classiques ostrichienne et même le keynésianisme dont on parle tant, ne prenaient pas en compte la dimension genre.

Ce qui a pendant des années passées sous silence les inégalités genre et surtout le plus important, la manière dont les politiques avaient un impact illégal et différencié sur les hommes et les femmes. Pour répondre à ce défi et ce manquement, on avait au système des Nations Unions, au niveau du PNUD en collaboration avec d’autres institutions, y compris l’IDEP d’amener au-devant de la scène ces questions-là, au sein du processus de développement économique, en se focalisant sur la planification économique du développement. Beaucoup de choses se faisait sur le plan social en ce qui concerne le genre, mais pas la planification économique et les outils économiques

Mr Richard Ssewakiryanga, pour ajouter à ce qui a déjà été dit, ce cours est l’un des cours novateurs que nous avons en Afrique. Ngoné et moi-même avons travaillé sur les questions de genre depuis plus de 25 ans, on peut dire qu’il n’y a pas beaucoup de places en Afrique où vous avez un cours sur « Genre et Economie ».   Pour cette raison, nous devrions nous considérer privilégiés de pouvoir apporter une contribution, en termes d’élaboration de politiques dans ce domaine, qui met en relation le genre et l’économie. La raison en est que les pays sont souvent dirigés par des politiques économiques guidées par des décisions que nous prenons dans de nombreux secteurs ; ils déterminent les types d'investissement réalisés par les gouvernements ; ils déterminent le type d'allocation budgétaire qui est fait ; ils conduisent également la façon dont les choses sont faites dans de nombreux pays.

Cependant, nous savons que si nous ne prêtons pas une attention particulière à l'impact différentiel pour les femmes et les hommes sur les politiques, les investissements, la budgétisation, la finance et toutes ces choses, nous pouvons en arriver à une économie d’exclusion. Pour ceux d'entre vous qui ont été présents, vous savez que beaucoup de pays souffrent, parce qu'ils n'ont pas fait le bon investissement, ils n'ont pas exploité tout le potentiel.

Tout en nous félicitant que certains pays aient, maintenant des femmes en position de leadership, nous pouvons également dire qu’ils se sont réveillés très tard. Ils auraient pu le faire il y a 40 ans, ou 50 ans, lorsqu'ils ont obtenu leur indépendance. Cela signifie que, pour nous tous qui participons à l'élaboration des politiques dans nos pays, nous devons vraiment investir du temps.

Maintenant, le cours de formation de formateurs n’est pas un cours dans lequel nous allons tout vous apprendre ; c'est pour vous former à former. D'une certaine manière, nous nous attendons à ce que vous ayez quelques connaissances de base. Nous voulons nous assurer que vous avez les compétences nécessaires pour former les autres.

 

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