L’Afrique peut tirer parti des expériences de l’Irlande dans la mise en œuvre de la ZLECA

Addis-Abeba, Éthiopie, le 18 mai 2018 (CEA) - La 51ème session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique n’est plus d’actualité mais des discours mémorables en vue d’orienter l’Afrique vers une formulation politique plus audacieuse en soutien aux efforts pour une croissance économique inclusive restent gravés dans les esprits.

En particulier, le discours de Philip R. Lane, Gouverneur de la Banque d’Irlande, exhortant les petits pays africains à adhérer à l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), une initiative qui selon lui aura un impact sur les économies du continent.

Le message ne peut provenir d’une meilleure personne. Venant d’un pays considéré comme le pauvre de l’Europe occidentale durant presque tout le 20ème siècle ; celui qui a traversé toutes les difficultés et les défis auxquels l’Afrique est confrontée aujourd’hui, M. Lane est la personne idéale pour encourager les dirigeants africains et leur rappeler que si l’Irlande a pu le faire, alors ils le peuvent aussi.

L’Irlande était un pays pauvre et son peuple a migré en nombre tel que plus de 80 millions de personnes dans le monde revendiquent aujourd'hui l’ascendance irlandaise. Mais dans les années 1990, le pays s’est imposé comme une plaque tournante pour les affaires transatlantiques et les investissements multinationaux, gagnant ainsi le surnom de « Le tigre celte ».

« Je pense que certaines leçons tirées de l’Irlande peuvent servir de référence pour éclairer l’élaboration des politiques dans certains de vos pays et maximiser les avantages de la nouvelle Zone de libre-échange continentale », indique M. Lane aux ministres africains des finances.

Il dit que l’Afrique accusera la plus forte augmentation de la population de tous les continents au cours des trente prochaines années, ce qui présente à la fois de grandes opportunités et de grands défis.

« Dans ce contexte, un marché unique efficace à l’échelle du continent peut apporter une contribution fondamentale visant à promouvoir une croissance économique inclusive sur un continent plus intégré », indique M. Lane.

L’Irlande a rejoint la Communauté économique européenne, devenue l’Union européenne en 1973 et était de loin le pays le plus pauvre de la Communauté à l’époque. Son PIB par habitant n’était que de 53% de la moyenne de l’UE.

« L’Irlande était une économie périphérique aux abords de l’Europe et très dépendante des exportations de produits agricoles de base. L’Irlande était également fortement dépendante économiquement de notre ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni : au début des années 70, plus de 60% des exportations étaient destinées au marché britannique. Un quart de la main-d’œuvre irlandaise se trouvait dans le secteur agricole et l’Irlande a connu des niveaux élevés de chômage, des taux d’émigration élevés et une faible productivité dans les secteurs économiques clés », informe le Gouverneur de la Banque d'Irlande.

Quarante-cinq ans plus tard, dit-il, le contexte est très différent.

« Les entreprises en Irlande ont désormais accès à un marché unique de plus de 500 millions de consommateurs dans l’UE. Hors, un grand marché européen fournit une base clé pour l’activité commerciale mondiale, à la fois par des effets d’économies d’échelle et la garantie que l’adhésion à l’UE fournit aux clients internationaux par rapport aux normes réglementaires et de produits.

 

Stabilité

M. Lane précise que les conditions de vie en Irlande sont maintenant comparables à celles qui prévalent ailleurs dans l’UE. Les exportateurs - à la fois les entreprises locales et le secteur multinational à grande échelle - sont un moteur clé du secteur de la productivité dans son ensemble et constituent une source importante de stabilité économique et financière.

Son secteur agroalimentaire traditionnel a été transformé, avec une évolution vers des activités à plus forte valeur ajoutée et le pays est maintenant connu pour la fabrication internationale, les services aux entreprises internationales et l’intermédiation financière internationale.

« Une leçon essentielle est que, pour un petit pays, avoir accès à un grand marché est une opportunité énorme. Ceci a transformé les perspectives de notre secteur des entreprises nationales et a constitué un élément fondamental de notre succès à attirer les IDE », fait savoir M. Lane en encourageant les pays africains qui n’ont pas encore adhéré à la ZLECA à le faire pour leur propre intérêt et pour le continent dans son ensemble.

« La deuxième leçon concerne l’adhésion à l’UE qui n’est pas suffisante en soi. Les politiques nationales et les institutions nationales doivent créer un environnement propice à la prospérité du secteur des entreprises ».

M. Lane souligne qu’une croissance durable n’est possible qu’en raison d’un certain nombre de facteurs, y compris une longue période d’investissement public dans le secteur de l’éducation pour l’importante offre locale de travailleurs hautement qualifiés.

« Un cadre politique national durable et efficace ne pourra résister aux chocs externes ou internes que s’il existe un engagement social commun pour maintenir un ensemble solide d’institutions qui soutiennent ses fondements », déclare-t-il.

En résumé, le Gouverneur de la banque dit que l’adhésion de son pays à l’UE a été transformatrice pour sa prospérité et sa croissance.

« Notre économie et notre société sont méconnaissables aujourd’hui par rapport à l’Irlande qui a rejoint l’UE dans les années 1970. L’accès à un grand marché fut une condition nécessaire mais non suffisante pour sa transformation. Cela exigeait également un environnement favorable aux entreprises nationales et étrangères, des cadres politiques efficaces et des investissements publics dans le capital physique et humain », précise-t-il.

« J’espère que mes remarques vous aideront lorsque vous commencerez à planifier, au niveau régional et national, l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale. Nous, en Irlande, sommes prêts et désireux de continuer à partager nos expériences avec vous alors que vous poursuivez cette tâche ambitieuse ».

La CoM de cette année avait pour thème, « La Zone de libre-échange continentale africaine : créer une marge d’action budgétaire en faveur de l’emploi et de la diversification économique.

 

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