Addis-Abeba, 3 avril 2016 (CEA) – Grâce aux progrès engrangés en matière de gouvernance entre autres, l’Afrique continue de se développer malgré les violentes turbulences mondiales, Adam Elhiraika, Directeur de la Division des Politiques macroéconomiques de la Commission économique pour l’Afrique a-t-il déclaré dimanche.
Enonçant, en marge du lancement de l’édition 2016 du Rapport économique sur l’Afrique, les raisons pour lesquelles l’Afrique devrait opter pour l’industrialisation verte, M. Elhiraika a déclaré que la diversification des moteurs de croissance du continent est lente tandis que la valeur ajoutée demeure limitée.
D’après lui la croissance de l’Afrique devrait connaître une hausse de 4,3 pour cent en 2016 et de 4,4 pour cent en 2017 en moyenne. Par contre, le panéliste Célestin Monga de l’Organisation des Nations Unies pour le développent industriel (ONUDI) a estimé que l’Afrique devrait viser une croissance à deux chiffres si elle veut réellement réduire la pauvreté.
« L’Afrique a besoin des projections de croissance ambitieuses » M. Monga a-t-il déclaré. « L’objectif de 4,3 ou 5 pour cent n’est pas du tout suffisant pour moi étant donnée notre position en tant que continent »
M. Elhiraika a relevé que des progrès mitigés ont été réalisés en matière de développement social en Afrique avec des taux de pauvreté qui chutent certes à un rythme lent et des inégalités qui demeurent élevées et vont croissantes dans de nombreux pays.
Ceci justifie à suffisance pourquoi l’Afrique devrait opter pour l’industrialisation écologique comme voie vers une croissance et un développement inclusifs.
L’Afrique connaît un taux d’urbanisation le plus rapide de la planète avec une augmentation de 4,5 pour cent par an alors que plus de 50 pour cent de sa population résidera en milieu urbain d’ici à 2035.
« D’où le plaidoyer réitéré en faveur de l’industrialisation et de la transformation structurelle », a-t-il déclaré. « Les décideurs doivent tirer parti pleinement des engagements et des investissements dans les infrastructures écologiques qui seront vitales pour la réussite d’une industrialisation écologique ».
L’Agenda 2030 pour les Objectifs de Développement Durable et l’Agenda 2063 qui le plan africain de développement sur 50 ans offrent des cadres politiques favorables aux initiatives relatives à l’industrialisation écologique et au développement durable du continent.
D’après lui, ces deux agendas doivent être intégrés aux cadres nationaux de planification du développement.
Pour sa part, Fatima Denton, Directrice de la Division des Initiatives spéciales de la CEA a déclaré que l’industrialisation écologique permettra à l’Afrique de dépasser les nations développées et de devenir ainsi le maître et le précurseur par ce qu’elle aura emprunté une voie distincte vers le développement.
Selon elle, l’écologisation des économies accordera aux Africains un plus grand contrôle et une meilleure appropriation de leur agenda de développement grâce à l’amélioration de la productivité, à la création d’emplois et à une plus grande inclusion et à la préservation de l’environnement à travers une exploitation efficacité des ressources pour les générations futures, entre autres avantages.
« Les décisions prises aujourd’hui auront de profondes implications sur les modèles de croissance et de consommation », a-t-elle déclaré.
Alors, que faut-il faire pour parvenir à l’écologisation ?
Denton a estimé que des transformations marginales ne suffiront pas.
« Nous avons besoin d’un leadership ambitieux pour créer un environnement propice fondé sur une plus forte gouvernance, la disponibilité des ressources financières, des fortes capacités technologiques et des compétences solides qui impulseront la nouvelle trajectoire » a-t-elle déclaré tout en ajoutant qu’il faut des mesures incitatives précises, notamment une tarification appropriée de l’eau et de l’énergie, comme apports clés au processus d’industrialisation ; des orientations claires et des projets institutionnels pour stimuler le programme d’écologisation ».
L’industrie extractive et manufacturière et l’agro-industrie figurent parmi les secteurs à cibler pour une industrialisation écologique, avec l’énergie, l’eau et les transports étant des secteurs prometteurs.
« Les gouvernements doivent développer une vision et une stratégie d’industrialisation écologique sur la base des cadres, des processus et des instituions de politiques industrielles et traduire ensuite la vision et la stratégie en politiques, y compris la réforme de la réglementation gouvernementale, des mesures budgétaires et de dépenses », Mme Denton a-t-elle déclaré.
Les panélistes se sont accordés sur la nécessité pour le continent de construire des plateformes d’apprentissage commun en vue d’une écologisation systémique grâce à la promotion de la recherche collaborative et le développement, la collecte et la disponibilité des données concertés, ciblant surtout les établissements de formation dans l’optique d’inculquer les valeurs de l’écologisation aux jeunes.
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