L’Afrique de l’Est a besoin d’une croissance de meilleure qualité pour relever le défi de l’emploi

Asmara (Erythrée), le 6 novembre 2019 (CEA) - Avec une population en croissance rapide, l'Afrique de l'Est est confrontée à un défi pressant en matière d'emploi. La croissance économique actuelle, même si elle est impressionnante, ne permet pas la création d'un nombre suffisant d'emplois décents pour relever ce défi. Des réformes politiques sont nécessaires pour que la croissance crée plus d'emplois et réduise la pauvreté.

L’étude présentée par Mme Jessica Atsin de la Commission économique pour l’Afrique, analyse la situation de l’emploi en Afrique de l’Est. La présentation s’est déroulée experts et représentants des 14 pays de la sous-région, lors de la réunion régionale de la CEA qui se déroule cette semaine à Asmara en Erythrée.  

L’Afrique de l’Est est l’une des régions du monde où la croissance est la plus rapide, mais il s’agit d’une croissance sans emplois. Alors que la croissance économique annuelle en Afrique de l’Est était en moyenne de 6 % entre 2006 et 2016, la création d’emplois n’a pas évolué au même rythme, avec un taux de croissance de l’emploi de 4 % en moyenne. L'étude estime qu'il faudrait 8,3 millions de nouveaux emplois chaque année en Afrique de l'Est pour absorber les nouveaux venus sur le marché du travail.

En outre, « les avantages de la forte croissance en Afrique de l'Est n’ont pas bénéficié à tous», a déclaré le Dr Atsin, soulignant le fait que les nouveaux emplois créés dans le secteur dynamique des services sont souvent informels et faiblement rémunérés, alors que les inégalités s'accentuent. L’étude montre que les chiffres du chômage en Afrique de l’Est ne décrivent pas parfaitement la réalité que vit la majorité de travailleurs indépendants du secteur informel, souvent mal payés voire pas du tout rémunérés.

La mise en œuvre de l'AfCFTA, en stimulant le commerce régional, devrait avoir un impact positif sur la création d'emplois, et de manière plus rapide dans le secteur manufacturier. Les estimations prévoient un potentiel de création d’emplois compris entre 800 000 et 2 millions d’emplois.

Cependant, les experts ont souligné que, pour tirer parti des nouvelles opportunités d’emploi, il faudrait remédier à l’inadéquation actuelle des compétences. « Nous avons constaté que plus de la moitié des jeunes qui entrent sur le marché du travail avec un diplôme universitaire ne possèdent pas les compétences attendues par leurs employeurs. L’automatisation, les TIC et le niveau croissant de technologie requis par les emplois à l’avenir augmenteront l’inadéquation de ces compétences », a déclaré Vincent Leyaro, professeur d’économie à l’Université de Dar es Salaam.

Les experts ont recommandé d’investir dans une croissance de meilleure qualité, en mettant en œuvre des politiques susceptibles de renforcer l’effet positif de la mise en œuvre de l’AfCFTA sur la création d’emplois. Leurs recommandations politiques incluent des incitations telles que des crédits d’impôt pour les entreprises qui forment des travailleurs ou des investissements plus importants dans la formation technologique et professionnelle pour donner plus de pouvoir aux personnes travaillant actuellement dans le secteur informel. Les décideurs politiques devraient également renforcer les capacités entrepreneuriales des personnes impliquées dans les petites et moyennes entreprises pour leur permettre de créer davantage d'emplois.

La 23ème réunion du Comité intergouvernemental des experts et hauts fonctionnaires experts pour l'Afrique de l’Est (ICSOE) se déroule actuellement à Asmara, en Érythrée, du 5 au 7 novembre. Les délibérations se concentrent sur la création de nouvelles opportunités pour l’intégration régionale.

Plus d'informations sur la réunion #ICSOE2019: https://www.uneca.org/fr/ea-icsoe23

 

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