L'énergie verte est la voie vers l'industrialisation de l'Afrique, selon M. Lopes

Abuja, 31 Mars 2014 (CEA) - Le Sous-secrétaire général des Nations Unies et le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, M. Carlos Lopes, a vivement conseillé les pays africains a s’engager résolument dans le processus d’énergies renouvelables et de développer une stratégie pour s’assurer que l'Afrique ne commet pas les mêmes erreurs que les pays développés ont commis dans leur processus d'industrialisation.

M. Lopes s'exprimait lors de la séance d'ouverture d'un débat de haut niveau sur le thème : « Les économies vertes de l’Afrique - réaliser la transformation structurelle : le rôle des nouvelles technologies et de l'innovation », organisé durant ce week-end à Abuja, au Nigeria. L'événement a eu lieu en marge de la Conférence conjointe CEA/UA des Ministres Africains des Finances, de la Planification et du Développement Economique sur le thème: « Industrialisation pour l'intégration et le développement transformatif en Afrique."

M. Lopes, qui est un grand promoteur de l’agenda pour la transformation de l'Afrique, a souligné l'importance de la transformation structurelle et a prévenu que si l'Afrique n’exploite pas et n’utilise pas ses ressources d'énergie renouvelable ce serait une erreur parce que les pays développés ont payé cher pour leur transformation en évitant ces ressources.

Il a lancé un appel pressant aux membres du groupe, composé d'économistes éminents, spécialistes de l'énergie, de décideurs et de praticiens du développement à regarder de prêt des défis auxquels les pays développés sont confrontés, afin de souligner le rôle clé que l'énergie renouvelable va jouer dans la transformation de l'Afrique.

Le groupe était composé d’éminent personnalités telles que M. Mounkaila Goumandakoye, directeur du Bureau régional du PNUE pour l'Afrique; le professeur Mark Swiling de Stellen l'Université de Stellenbosch, Afrique du Sud; le Dr Abraham Tekeste, ministre d'Etat des Finances et du Développement économique, de l'Ethiopie; SE Henri Djombo, ministre du Développement durable, de l'Economie Forestière et de l'Environnement, le Congo; l'hon. Dr.Musheibu Mohammed Alfa, sous-ministre, ministère de l'Environnement, de la Science, de la Technologie et de l'Innovation, du Ghana; M. Adnan Amin, Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie renouvelable (IRENA); M. Peter M Ching'ambo, directeur général, Wecaw Limited.

Le Dr. M. K.Y. Amoako, président du Centre Africain pour la Transformation Economique, (Ghana) a présidé le panel, tandis que Ms. Fatima Denton, Directeur de la Division des Initiatives Spéciales à la CEA a animé la séance d’ouverture, avec une introduction qui fut une véritable source d'inspiration de l'événement.

Elle a dit que les pays africains devraient adopté l'industrialisation comme un portail vers la transformation. Cependant, a-t-elle expliqué, les économies africaines devraient nécessairement emprunter des nouvelles voies telles que l'économie verte qui donneraient un coup de pouce essentiel pour aider à accroître la productivité et à créer des opportunités d’emploi.

Elle a toutefois, souligné le fait que les pays devront faire des choix difficiles et faire des compromis pour assurer une transformation durable. Pour que cela soit un succès, elle a identifié deux conditions préalables: le progrès technologique - qui devra être exploité; et la nécessité pour les pays d’adopter des politiques appropriées et inciter le système à faire un changement radical qui aurait des effets d'entraînement positifs dans des secteurs comme l'énergie et l'agriculture.

La présentation de M. Mounkaila sur le thème: "Vers un roadmap pour une économie verte pour l'Afrique» a donné le ton à la discussion qui a débouché toujours sur des propositions concrètes. Parlant de propositions concrètes, M. Amoako a informé le panel que le Centre Africain pour la Transformation Economique venait de lancé un rapport sur « La Croissance en Profondeur », qui aborde les questions de la transformation de l'Afrique.

Mr. Mounkaila a souligné le travail innovateur du PNUE sur le dialogue politique sur l'économie verte (GE), notamment par le L’Energie Verte Global – Un Nouvel Accord et le Processus de Rio +20, et a ajouté que le passage à l'économie verte permettrait à l'Afrique de réaliser la transformation structurelle en profitant du potentiel des ressources naturelles de la région.

Il était nécessaire de mettre un accent sur la transformation des structures économiques nationales à travers un déplacement des investissements vers une nouvelle génération d'actifs tels que les technologies propres, l'agriculture à haute productivité, les énergies renouvelables et les infrastructures efficaces pour les ressources, ainsi que des écosystèmes opérantes et de la main-d'œuvre « verte » qualifiée.

Il a révélé que plus de 20 pays africains ont travaillé activement sur des différents aspects de l'économie verte et a appelé à une plate-forme régionale pour assurer une collaboration et une coordination efficace afin de fournir aux pays un appui solide et cohérent, compte tenu de l'augmentation récente du nombre d'acteurs impliqués dans le soutien aux pays à faire la transition vers l'économie verte.

Dans sa présentation, le professeur Swiling, a noté que, comme toujours dans le passé, ce que «nous en Afrique voulions faire ne peut pas être séparé d'un monde qui voulait mettre la main sur ses régions riches en ressources naturelles. »

«En même temps que le monde est confronté à une poly-crise sans précédent, les crises économiques sont impliquées (embedded) dans une crise écologique beaucoup plus large que les scientifiques sont maintenant d'accord qu’elle pourrait devenir une grande menace, si des décisions importantes à changer de direction ne sont pas faites. »

Bien que certaines crises écologiques soient bien connues, les plus importantes ne le sont pas. Entres autres: le changement climatique, la dégradation de l'écosystème mondial (60% d'entre eux ont déjà été dégradé) ; beaucoup plus de gens et de zones sont confrontées par des pénuries d'eau, les sols mondiaux se dégradent - environ 23 % des 8,7 milliards d’hectares qui sont utilisés pour maintenir l'humanité sont en dégradation ; et l'augmentation constante des prix des ressources.

Il a retracé le début du discours de l'économie verte aux réunions du G20 en 2009 et de Rio +20 en 2012 quand cela a été discuté pour la première fois, et a dit que cela pourrait expliquer la poly-crise actuelle.

Toutefois, il a souligné que " ce n'est pas seulement un discours qui répond à la poly-crise. C’est aussi un reflet de véritables changements qui ont lieu, que les anciennes manières ne sont plus viables car il existe des alternatives plus économiques.

Dr Tekeste, a déclaré à la réunion que l'Éthiopie avait adopté une stratégie d’une Economie Verte Résiliente au Changement Climatique avec des objectifs pour répondre aux effets néfastes du changement climatique et de construire une économie verte qui contribuera à la réalisation de l'ambition du pays d'atteindre un niveau de revenu moyen en 2025. Il a proposé un certain nombre de voies par lesquelles les gouvernements pourraient soutenir la croissance verte, y compris la création d'opportunités pour les investissements du secteur privé dans l'économie verte, et l'appui aux communautés de s'engager dans des systèmes agricoles durables.

Le Ministre Djombo a souligné la nécessité pour un engagement des Ministres pour la planification et des finances dans l'ordre du jour de l'économie verte. Il a dit que l'économie verte était un vaste programme. L'engagement des ministres planification / finances est toujours inadéquate, empêchement à ce que l'élan commun bouge du discours à l'action sur le terrain. Il a partagé l'expérience du Congo avec le clonage aborale comme une technologie qui a révolutionné le boisement et le reboisement dans de nombreux pays de la région.

M. Adnan Amin, a déclaré que l'Afrique était sortie de deux décennies de déclin économique et que le continent maintenant entre dans une nouvelle ère. Il a souligné l'importance des énergies renouvelables dans le transition vers des économies vertes et la réalisation de la transformation structurelle. Pour mettre tout cela en réalité un cadre politique doit être développé dans le contexte de la sécurité énergétique, a-t-il dit.

Le Dr. Alfa a souligné la nécessité pour de l'industrialisation des industries Africaines et a mis en garde que cela ne devrait pas se faire au détriment de l'environnement. Il a informé la réunion que le Ghana a créé un centre de l'économie verte pour, entre autres, informer les industriels sur l'efficacité énergétique. Le centre effectue une évaluation annuelle de la performance des entreprises.

M. Ching'ambo a déclaré que les pays africains ont déjà fait beaucoup en termes de transition vers une économie verte. Il a souligné la nécessité de promouvoir les connaissances sur l'économie verte et les moyens pratiques de mise en œuvre cette transition.

Les participants ont convenu que le panel avait atteint ses principaux objectifs qui était de fournir une plate-forme de surface, d'identifier et d'examiner les options politiques concrètes qui favoriseront le déploiement délibéré de nouvelles technologies et de l'innovation pour les économies africaines vertes et réaliser une transformation structurelle Les délibérations de l'événement ont informés les résultats de la Conférence de la CEA/UA des Ministres Africains des Finances, de la Planification et du Développement Economique.


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