Addis-Abeba, le 13 mai 2018 (CEA) - La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) vient de publier la cinquième édition du Rapport sur la gouvernance en Afrique (AGR V), qui exhorte les pays dotés de ressources naturelles abondantes à renforcer les cadres institutionnels et réglementaires autour de l’exploitation et de l’utilisation de ces dotations. Un débat tres engagé, modéré par le Secrétaire exécutif adjoint et Économiste en chef de la CEA, M. Abdalla Hamdok, marque ledit lancement lors des manifestations parallèles en marge de la 51ème session de la Commission et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique.
Huit (08) pays bénis par les ressources à l’étude
S’appuyant sur les quatre rapports précédents, l’AGR V a pour thème La gouvernance des ressources naturelles et la mobilisation des revenus domestiques pour la transformation structurelle. Il s’appuie sur des études factuelles dans huit pays présentant une grande diversité en termes de ressources et d’expériences dans la gestion des ressources. Ce sont : le Botswana, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Madagascar, le Nigéria, l’Ouganda et la Tanzanie.
La publication interroge les raisons pour lesquelles les pays riches en ressources semblent incapables de transformer leurs économies et examine le fonctionnement des institutions qui supervisent ces ressources. Elle pose également la question à quel impact la planification du développement a-t-elle eu dans les secteurs concernés et dégage la mesure dans laquelle les ressources naturelles sont utilisées pour augmenter les revenus nationaux.
La limite des conclusions sur les lacunes dans la transformation, questions de responsabilité
Grâce à la méthode ci-dessus, l’étude arrive aux résultats suivants :
- La transformation économique reste très limitée dans les pays riches en ressources malgré une croissance impressionnante au cours des deux dernières décennies
- La gestion des ressources n’est pas optimale (insuffisances de gouvernance)
- Les États dépendent trop des ressources naturelles pour leurs exportations
- Les institutions qui supervisent l’exploitation de ces ressources sont faibles, la transparence dans la gestion est faible, la responsabilisation est fragile et le fonctionnement du secteur lui-même est imprévisible
- Il existe un faible lien entre le développement à long terme et les plans et les programmes de développement des ressources naturelles dans la plupart des études de pays, à l’exception du Botswana qui dispose d’un programme de développement à long terme en particulier des ressources diamantifères.
Le Directeur de la Division de la politique macroéconomique de la CEA, M. Adam Elhiraika, souligne les principales recommandations du rapport qui traitent des défis mentionnés. Les États concernés doivent : renforcer leur cadre institutionnel et réglementaire, améliorer la transparence et la responsabilité dans les secteurs fondés sur les ressources, prioriser la planification du développement fondée sur les ressources et la rendre plus inclusive, développer des liens pour la transformation structurelle à travers la valeur ajoutée et associer le secteur privé dans le processus de planification.
Une prise de conscience de l’obsolescence des modèles d’exploitation des ressources
« Ce modèle d’extraction et d’exportation doit s’arrêter ! », s’exclame M. Hamdok, qui ajoute « nous devons ajouter de la valeur à l’exploitation de nos ressources naturelles dans l’intérêt du développement de notre continent ».
M. Kojo Busia, Chef du Centre africain pour le développement minier de la CEA, ne peut être plus d’accord et salue les conclusions du rapport qui soutient le cas présenté par la Vision minière africaine. Les pays dotés de ressources minérales doivent passer d’économies structurellement enclavées à des économies beaucoup plus intégrées et diversifiées avec des liens en amont, en aval, latéraux et spatiaux qui peuvent élargir leur assiette fiscale et améliorer la responsabilité des États vis-à-vis des citoyens.
Alors que le professeur Annet Oguttu de l’Université d’Afrique du Sud classe le travail de « merveilleux rapport avec un processus de révision rigoureux », l’Ambassadeur du Nigéria auprès de l’UA et de la CEA en Éthiopie, - S.E. Bankole Adeoye souscrit aux recommandations de la publication. Il ajoute cependant qu’il est temps pour l’Afrique de laisser tomber la « grande illusion » d’être riche en ressources. Nous sommes dotés, pas riches. Jusqu’à ce que nous fassions fonctionner les ressources naturelles pour nous, nous ne pouvons pas dire que nous sommes riches », soutient-il.
Pendant ce temps, Mme Bience Gawanas, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Conseillère spéciale du Secrétaire général pour les affaires africaines, félicite pour le travail abattu dans le rapport. Elle dit que c’est vraiment opportun, dans le contexte de la réforme du Secrétaire général des Nations Unies qui met l’accent sur la prévention plutôt que la gestion des conflits - un phénomène qui est monnaie courante dans les pays bénis par les ressources. Elle note qu’avec la situation actuelle que connaissent les Flux financiers illicites en provenance d’Afrique, il y a de bonnes raisons de préconiser une gouvernance efficace dans les secteurs des ressources naturelles du continent, comme le soutient l’AGR V.
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