Faits et fiction de l’histoire des statistiques en Afrique

Gaborone,  Botswana, le 18 février 2014 (CEA) - Le livre «Poor numbers: How we are misled by African Development Statistics and what to do about it» a fait l'objet de vives critiques lors d'un séminaire organisé hier soir par le 9ème Symposium sur le développement de la statistique en Afrique (SADS), à Gaborone, au Botswana. Mais l’auteur, Morten Jerven, était là pour défendre son livre.

Jerven a fait une brève présentation de son livre à une salle comble où étaient présents la communauté statistique africaine et d'autres délégués prenant part au symposium. Le livre publié en 2013 alimente le débat et la critique en particulier des statisticiens africains.

Dans son livre Jerven soutient et s'interroge sur l'authenticité et la crédibilité derrière les chiffres produits par les différents bureaux des statistiques en Afrique. Il fait valoir que l'abus des statistiques, est un problème mondial, la situation était pire et plus importante en Afrique sub-saharienne citant les facteurs conjoncturels et structurels. Sa présentation fait allusion à un problème de connaissances citant entre autres, des institutions statistiques faibles et une utilisation des années servant de base dépassées, dans certains cas, dépassées de 20 ans pour mesurer le PIB. Il dit: «La qualité des estimations du PIB est un symptôme qui en dit long sur le pays même» et fait référence à «des illusions statistiques», «une tragédie statistique» et «un programme statistique régi par les donateurs».
Comme voie à suivre, Jerven déclare que les investissements dans les statistiques sont une véritable chance d'investir dans de véritables institutions et une véritable responsabilisation des organisations internationales concernées sur le développement et la responsabilisation mais les intervenants et le public ne pouvaient être plus en désaccord avec Jerven.

Alors que les intervenants en particulier ceux qui ont lu le livre ont convenu qu'il y avait du mérite à certains des problèmes que Jerven souligne comme des bureaux de statistiques à capacités et ressources insuffisantes, ils ont désapprouvé fermement le titre et le ton du livre, mais plus encore son refus de reconnaître les nombreux progrès et la révolution dans les données qui se manifestent sur ​​le continent.
Certaines critiques ont été mesurées tandis que d'autres étaient sans appel. Busani Ngcaweni, un intervenant et Directeur général adjoint à la présidence sud-africaine, a comparé le livre au livre de Joseph Conrad «Au cœur des ténèbres» et Versets sataniques de Salman Rashdie.

Pali Lehlola, Directeur général de Statistics South Africa dit que son problème avec l'auteur était ce qu'il n'a pas inclus dans le livre. «Je n'ai aucun problème avec ce le Professeur Jerven présente aujourd'hui, mon problème est le contenu qu'il a délibérément choisi de laisser de côté dans l'ouvrage».
Lehlola dit une décennie de révolution statistique a été omise dont le Centre africain pour les statistiques (ACS) qu'il appelle une «banque de statistiques étendue sur le continent».

Un autre intervenant, Ben Kiregyera, ancien directeur du Centre africain pour les statistiques a critiqué Jerven pour son  sensationnalisme et pessimisme statistique pour l’Afrique, son incapacité à consulter les anciens des statistiques et l'insinuation d'ingérence politique dans la gestion des statistiques. Ben Kiregyera termine par: «J'ai deux questions pour le professeur Jerven; quelle  équation tente-t-il de résoudre et qui travaille-t-il pour?

La discussion a duré plus de trois heures alors que les intervenants et membres du public se sont acharnés sur Jerven et mis à déchirer son livre s’interrogeant de ses motifs et des failles de sa méthodologie de recherche. D'autres ont suggéré qu'il réécrive un autre livre.
 
Dans sa réponse, Jerven a désapprouvé quelques-uns des commentaires, a défendu son travail et a décidé d’être en désaccord.

Le secrétariat du 9ème Symposium africain sur le développement de la statistique a remercié l'auteur d'avoir accepté de venir au symposium et permis un débat intellectuel sur ces chiffres.