Espoir de financement du développement de l’Afrique par des fonds privés

Cape Town, 09 mai 2013 (CEA) - Une table ronde de haut niveau sur le renforcement des marché de fonds privés et des marchés de capitaux privés en Afrique, s'est tenue le 8 mai 2013, pour étudier les promesses et les obstacles auxquels se heurtent les investissements de capitaux privés en Afrique. Les investisseurs et les décideurs se sont réunis sous l’égide de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et du Forum économique mondial sur l'Afrique pour naviguer dans le monde complexe des marchés de capitaux privés, qui ces dernières années, ont suscité un intérêt renouvelé. Selon les participants, ce pourrait être la prochaine frontière de financement du développement de l'Afrique et pourrait marquer un terme à la dépendance de l'aide.

Cependant, il faudrait s’attaquer au fléau que constituent les perceptions négatives selon lesquelles l'Afrique est « un continent à risques pour faire des affaires ». Selon M. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA, ces perceptions entravent la croissance du secteur.

« Personne ne mentionne l'insurrection de Saba en Malaisie, le problème de Mindanao aux Philippines, qui ont des incidences sur le climat des investissement dans ces pays ; les investisseurs doivent comprendre que le continent n'est pas plus à risque que d'autres régions. Il ya beaucoup plus de personnes touchées par les conflits et l'insécurité en Asie qu'en Afrique », a-t-il souligné.

Les questions qui préoccupent de nombreux acteurs de l'industrie, ici, au Forum économique mondial sur l'Afrique, sontde savoir comment s’en sortir avec le coût élevé de l’obtention de capitaux, les systèmes de réglementation multiples et le manque de compétences dans le domaine des capitaux privés.

Cependant, il ya des signes positifs. Les investisseurs et les décideurs politiques qui sont ici soulignent qu’harmoniser les systèmes de réglementation et approfondir l'intégration régionale comme moyens de développer les marchés de capitaux au-delà des frontières, pourraient attirer des investissements à long terme qui seraient à même de soutenir les aspirations de développement du continent.

Ce point de vue est corroboré par quelques bonnes nouvelles qui apparaissent dans le paysage. Après une dizaine d’années de réformes macro-économiques, le secteur financier dans un pays comme le Rwanda, par exemple, a connu une croissance de 20 pour cent, ce qui est plus du double de la moyenne des taux de croissance de 8 pour cent dans l'économie mondiale ces dix dernières années. Ainsi, les pays africains ont les bases nécessaires pour développer  les marchés de capitaux qui peuvent servir à financer le développement du continent.

Actuellement, les opinions bien ancrées sur la manière de faire le développement sont ébranlées, et selon les responsables de la CEA, le document « Horizon 2063 : l’Afrique d’ici à 50 ans », actuellement en cours d'élaboration en partenariat avec l'Union africaine et la Banque africaine de développement, contribuera à changer les mentalités.

« Dans ce document prospectif, nous soutenons que le discours sur le financement du  développement de l'Afrique doit changer ; il doit sortir du syndrome de l'aide», explique Lopes. En outre, la prochaine étude de la CEA sur la mobilisation des ressources nationales pour l'Afrique vise à démontrer que le continent peut exploiter suffisamment de ressources pour financer le développement en puisant dans les réserves détenues par les banques centrales africaines et les envois de fonds.

Un certain nombre de propositions a été évoquéaux fins d’une analyse plus approfondie, comme l'établissement de normes minimales que les gouvernements pourraient accepter pour attirer davantage de capitaux privés, en particulier dans les domaines où les gouvernements risquent de ne pas être en mesure d'investir.

Avec des possibilités présentées dans de nombreux développements, comme l'urbanisation rapide de l'Afrique et l’émergence d’une classe moyenne, les investisseurs s'accordent à dire que l'esprit d'entreprise et la croissance sont encourageants; le besoin d'infrastructures est énorme tout comme on a besoin de fonds mis en commun qui pourraient également contribuer à attirer des capitaux additionnels. En outre, ces possibilités signifient que la croissance des fonds privés en Afrique doit être fondée sur un modèle qui profite à la population locale.

D'autres études sont cependant nécessaires sur l'évolutivité des fonds privés et pour faire en sorte que les marchés africains travaillent ensemble en tant que moyen de renforcer les liquidités. Les acteurs du secteur et les décideurs qui sont ici pensent que l'expérience de l'intégration régionale peut offrir des enseignements utiles à cet égard. Par exemple, l'expansion du secteur bancaire sur l’ensemble du continent montre qu'il est possible de surmonter les préoccupations de souveraineté nationale.

Étant donné que l'Afrique en est à un stade précoce de développement de son secteur financier, il pourrait être nécessaire de créer des cadres et des institutions qui permettront de tirer parti du capital existant. En outre, les décideurs politiques mettent en garde contre le fait que les acquisitions par emprunt ne sont pas dans l'intérêt des pays en développement en raison de l'érosion fiscale. Les pays peuvent aussi avoir besoin d'équilibrer les rendements à court terme et la durabilité à long terme et promouvoir des solutions de financement connexes, tels que le capital à risque.

Le message des responsables politiques et des experts du financement du développement est, que tandis que les investisseurs privés ont enregistré des rendements remarquables en Afrique, alimentant ainsi l'idée que l'Afrique est le nouvel El Dorado, les nouveaux investissements risquent de devoir composer avec les nouvelles priorités de l'Afrique et s’orienter dans des secteurs qui puissent utiliser et développer les compétences locales ainsi que bénéficier du continent.

La CEA envisage de parrainer la création d'un groupe de travail de haut niveau pour analyser ces questions en profondeur et présenter une proposition, ainsi que des recommandations, qui seront reprises au prochain Forum économique mondial sur l'Afrique.

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