Comment la mise en œuvre des politiques peut stimuler l’industrie agroalimentaire en Afrique

Addis-Abeba, 9 décembre 2016 (CEA) - Ayodele Odusola, Économiste en chef et Chef de l’équipe chargée de la stratégie et de l’analyse auprès du Bureau régional pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), déclare que la mise en œuvre des politiques et stratégies existantes par les pays africains est essentielle au développement de l’industrie agroalimentaire africaine.

Tel est ce que fait savoir Odusola lors de la 11ème Conférence économique africaine organisée par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sous le thème « Nourrir l’Afrique: vers une industrialisation agroalimentaire pour une croissance inclusive ».

S’exprimant en tant que modérateur à la session, il dit que l’industrie agroalimentaire est un moyen et non une fin en soi pour réduire l’inégalité et la pauvreté.

« La seule façon de faire de l'industrie agroalimentaire une fin en soi est de l’utiliser pour éradiquer la pauvreté. Dans le même temps, elle traitera de l’inégalité substantielle sur le continent », dit-il.

« Dans nos discussions, nos trois priorités concernaient la mise en œuvre; ce qui signifie que nous devons nous concentrer sur certaines des politiques et stratégies existantes ».

« En fait, je l’ai toujours dit, il n’existe pratiquement aucun pays africain qui n’ait pas de bonnes politiques, mais le lien manquant concerne la mise en œuvre de ces politiques et stratégies. C’est pourquoi il est bon de regarder ce que nous avons et de voir comment nous pouvons les mettre en œuvre en se fixant des engagements », dit-il.

Selon Odusola, chaque nation africaine possède une politique forte pour faire face à la situation persistante, mais la mise en œuvre a toujours été un défi majeur.

Outre la mise en œuvre, il mentionne aussi la nécessité de réduire les intermédiaires à travers la chaîne de valeur où 70 pour cent du bénéfice vont aux intermédiaires plutôt qu’aux exploitants agricoles eux-mêmes.

Il plaide en faveur d’un bon système fiscal, d’un partenariat entre le secteur public et le secteur privé, de la productivité comme le renforcement des capacités et des politiques de protection sociale, comme l’a expliqué le Président exécutif du Centre africain pour le développement partagé, Olu Ajakaiye.

Dans son discours liminaire, Ajakaiye déclare que la plus grande valeur ajoutée aux produits agricoles devrait être progressivement taxée pour fournir les infrastructures à la communauté rurale.

Il insiste sur la nécessité de former les enfants des exploitants agricoles à travers la chaîne de valeur afin de réduire les inégalités entre ces exploitants  et les transformateurs.

 « La compétitivité des acteurs de la chaîne de valeur devrait également être prise en compte, compte tenu de l’environnement immédiat des exploitants agricoles. Tout le monde s’accorde à dire qu’il existe un énorme déficit infrastructurel dans les zones rurales. Ainsi, lorsque les agriculteurs récoltent leurs produits, le fait que les déficits en infrastructures affectent également ceux en charge de la transformation, signifie que ces exploitants n’ont pas d’autre option que de vendre au prix du transformateur », ajoute-t-il.

Pour sa part, Emime Ndihokubwayo, chargée de la politique et du plaidoyer de l’Alliance pour une évolution verte en Afrique (AGRA), identifie dans sa présentation intitulée « Réduire les inégalités à travers l’agro industrialisation », les qualités et les stratégies pour un leadership solide comme moteurs majeurs pour développer l’industrie agroalimentaire.

Elle fait valoir que les pays africains s’inquiètent énormément de la sécurité alimentaire, il devient donc impératif pour les gouvernements de développer des stratégies ascendantes qui aident les exploitants agricoles à travers la chaîne de valeur jusqu’au niveau national.

Elle plaide également en faveur d’une sécurité sociale pour les travailleurs, en particulier les femmes et les jeunes et ajoute que celle-ci réduirait les abus et lutter contre les inégalités.

Abordant le sujet de la terre comme un facteur majeur dans l’agriculture, Ndihokubwayo exhorte les exploitants agricoles de persuader les gouvernements de rendre la terre accessible à tous.

 

Publié conjointement par la CEA et la CUA