Cameroun : la transformation passera par une planification du développement rigoureuse

Yaoundé, le 6 novembre 2018, (CEA) - « Nous sommes convaincus que la loi du marché, ce qu’on appelle en économie « la main invisible », et qui prône « le laissez-faire et le laissez aller », ne peut pas à elle seule favoriser la diversification, l’industrialisation et la transformation structurelle de nos économies », a déclaré un haut responsable de la Commission économique des Nations Unies (CEA), aux autorités camerounaises en charge de la planification du développement et de la statistique.

Antonio Pedro, directeur du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, a affirmé que, pour compléter les forces du marché, les pays avaient besoin d’un mécanisme robuste de planification du développement, qui repose sur de solides statistiques, pour leur permettre d’accéder au niveau de la tranche de revenu intermédiaire, de la prospérité et de la transformation structurelle.

Il s’exprimait ainsi dans le cadre de l’examen de deux études de cas entreprises par la Division du renforcement des capacités de la CEA, sous la direction de Sylvain Boko, conseiller régional principal au sein de cette structure, dans le but d’intégrer systématiquement la redevabilité dans la planification du développement du Cameroun. Cette était activité organisée parallèlement avec le lancement du premier profil STEPS (Transformation structurelle, emploi, production et société) de la Commission pour le pays.

L’une des études de cas procède à l’évaluation de l’état et des progrès du processus de planification nationale et examine les cadres d’évaluation et de suivi existants afin de déterminer les points de départ permettant de renforcer les mécanismes de prise de décision et d’élaboration des politiques au Cameroun. L’autre évalue la capacité du Cameroun à collecter, compiler, produire et utiliser les données nécessaires au renforcement de la redevabilité dans la planification du développement.

Par conséquent, « cet atelier de validation sur l’intégration de la redevabilité dans les processus de planification nous aidera à renforcer nos techniques de planification et, partant, à augmenter nos chances de devenir un Cameroun émergent et prospère » a affirmé le ministre délégué camerounais en charge de la Planification, au Ministère de l’Économie, de la planification et de l’aménagement du territoire, M. Paul Tasong, qui présidait les travaux.

Premier profil de transformation structurelle du Cameroun

En présentant le profil STEPS, Antonio Pedro de la CEA, a reconnu que le Cameroun disposait d’instruments politiques nécessaires pour devenir un pays à revenu intermédiaire et poursuivre la diversification économique prévue dans son plan directeur de développement industriel. Il a néanmoins exhorté les autorités camerounaises à relever leurs ambitions afin de s’assurer qu’une fois le statut de pays à revenu intermédiaire acquis, le pays évite d’être pris au soi-disant « piège à revenu intermédiaire » qui a condamné indéfiniment de nombreux pays dans la médiocrité et le « label » des pays émergents.  

Pour éviter de rester bloqué à ce niveau, le pays devrait continuer à investir dans le développement du capital humain et persévérer dans ses efforts pour accroître la productivité, la compétitivité et l’innovation, a ajouté Pedro. Ce sont des variables clés des profils STEPS de la Commission. La transformation structurelle se réfère ici à un changement visible dans les composantes de la production d’une économie - des facteurs de production en mouvement, notamment le travail et le capital, des secteurs de productivité inférieure tels qu’une simple agriculture de subsistance/extraction de matières premières, à des niveaux supérieurs, y compris la fabrication, d’autres industries et des services de qualité.

Le profil STEPS pour le Cameroun en 2018, établi par le Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, note que, malgré ses plans de développement louables ainsi que le niveau croissant de transformation de ses produits locaux, le pays a encore de grosses lacunes à combler en termes de transformation structurelle de son économie.

Présenté par Mama Keita, chef de la Section de la diversification économique du Bureau sous-régional, le rapport invite le gouvernement camerounais à améliorer le climat des affaires dans le pays tout en promouvant les investissements étrangers directs (IED), les politiques de contenu local et le développement de technologies permettant de stimuler la production. Il exhorte en outre les autorités camerounaises à s’employer à renforcer la compétitivité et la sophistication des produits nationaux afin de mieux se positionner dans les chaînes de valeur à l’échelle régionale et mondiale.

Le profil a reçu un accueil enthousiaste des autorités camerounaises, à la tête desquelles le ministre Paul Tasong.

Le ministre et ses collaborateurs ont estimé que les conclusions du profil STEPS pour le Cameroun constituaient un diagnostic fiable de la situation actuelle et ont souligné que le pays était sur le point de terminer son premier volet de diversification économique, par l’approche horizontale. Cette approche lui a permis d’exécuter une planification autour de plusieurs secteurs devant contribuer à une croissance plus durable de l’économie. La prochaine étape portera sur la diversification verticale afin d’approfondir la création de valeur et le développement des liens au sein de chaque secteur et des autres secteurs de l’économie, conformément au plan directeur du Cameroun pour le développement industriel lancé en 2017.

Le ministre et ses collaborateurs se sont engagés à travailler sur les messages clés émanant du profil STEPS et ont demandé à la CEA d’apporter au Cameroun des conseils techniques pertinents pour l’aider à mettre en œuvre ses programmes de diversification horizontale et verticale, dans les délais convenables.

Ils ont également souhaité que les futurs profils STEPS évaluent la capacité du pays à produire et à utiliser des statistiques afin d’optimiser sa transformation structurelle.

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