Addis-Abeba, le 12 mai 2018 (CEA) - Alors que l’Afrique s’engage dans la voie du développement durable, le continent doit s’adapter rapidement aux quatre mégatendances mondiales : l’intelligence artificielle, la technologie, le développement des infrastructures et la résilience / les mesures contre le changement climatique. Et étant donné que la corruption représente un inconvénient majeur pour progresser dans ces domaines, les Institutions des Nations Unies devront travailler en synergie dans plusieurs secteurs spécifiques dans le cadre de leur soutien unifié à l’Union africaine (UA), afin d’endiguer la corruption à travers le continent. La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) - Vera Songwe critique ces points tout en présidant un panel pour lancer la 19ème session du Mécanisme de coordination régionale pour l’Afrique (MCR), sous le thème, « Soutien du Système des Nations Unies à l’Union africaine dans la lutte contre la corruption : une voie durable vers la transformation de l’Afrique ».
La session de deux jours qui se déroule à Addis-Abeba dans le cadre de la 51ème session de la Commission fournit une plate-forme pour des échanges informels sur le coût de la corruption au développement en Afrique et comment ce fléau peut être traité de manière minutieuse, à l’avenir. « Dans toutes les sphères de nos vies, la question de la corruption nous retarde ; c’est la fameuse question que tout le monde évite mais nous devons oser l’aborder », laisse entendre Mme Songwe.
Les experts du panel notent que des conclusions récentes de l’Union africaine montrent que chaque année, le continent perd 150 milliards de dollars dus à la corruption par rapport aux 57 milliards de dollars qu’il reçoit en aide. Une référence spécifique est faite à la corruption du secteur public en Afrique avec des salaires extrêmement bas de la plupart des fonctionnaires étant accusés d’être une des causes du malaise.
« Voyons les choses en face : de nombreux fonctionnaires en Afrique ne reçoivent même pas un salaire décent - nous devons donc considérer cela dans nos travaux pour aider l’UA à lutter contre la corruption », déclare M. Lamin Momodou Manneh – Représentant du président pour la région de l’Afrique du Groupe des Nations Unies pour le développement. Groupe (UNDG). Il dit que dans les programmes visant à aider l’Afrique à éradiquer la corruption afin de stimuler le développement, l’ONU peut soutenir davantage l’UA dans les questions systémiques et techniques, telles que : les processus budgétaires et l’administration fiscale, les systèmes de gestion du secteur public, y compris la lutte contre les bas salaires du secteur, les problèmes du secteur commercial, les questions du cadre réglementaire et le partage des connaissances sur les meilleures pratiques et les leçons apprises.
Le Vice-Président de la Commission de l’Union africaine (CUA) - Thomas Kwesi Quartey salue l’appui continu des Nations Unies aux programmes de l’UA, notant que « l’Agenda 2030 de l’ONU et l’Agenda 2063 de l’UA ont 90% de convergence » ; les deux Agendas appellent ainsi à une collaboration institutionnelle et une synergie entre les deux parties.
Par ailleurs, M. Haile Menkerios, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’UA (UNOAU), évoque la nécessité d’un partenariat solide entre l’UA et l’ONU.
Pour sa part, Mme Bience Gawanas - Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Conseillère spéciale pour l’Afrique auprès du Secrétaire général souligne la nécessité pour les institutions et les services de lutte contre la corruption en Afrique d’être indépendants, impartiaux et de bien disposer de ressources pour mener à bien leurs missions.
La réunion publiera un plan d’action mis à jour pour le Mécanisme de coordination régionale des Nations Unies afin de soutenir l’UA.
L’ONU et la CUA considèrent la réduction drastique des pratiques de corruption comme un puissant catalyseur de la mobilisation interne des ressources pour le développement en Afrique. Des études récentes ont établi que lorsque la corruption diminue d’un facteur 2 dans un pays, son PIB augmente d’un facteur 10.
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