À la Journée de l’Afrique, les célébrations du cinquantenaire deviennent une réflexion sur le panafricanisme

Addis Abeba, 25 mai 2013 (CEA) - Les chefs d'État et de gouvernement ont passé la matinée de la Journée de l'Afrique, le 25 mai, marquant la création de l'Organisation de l’unité africaine en 1963, à réfléchir au futur de l'Afrique dans les 50 prochaines années, autour du thème « Panafricanisme et renaissance africaine ».

Animée par M. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), la séance – qui a duré toute la matinée – a commencé par une allocution de M. Donald Kaberuka, Président de la Banque africaine de développement (BAD), qui a évoqué les mégatendances. Puis  M. P.J. Patterson, ancien Premier Ministre de la Jamaïque, a partagé ses réflexions sur la diaspora. Mme Amina Mama, auteur, universitaire et spécialiste nigériane des questions de genre, a fait un exposé sur la diversité, l’auto-gouvernement et les conflits. Enfin, Mme Tendai Wenyika, Secrétaire générale de l'Union panafricaine de la jeunesse, s’est exprimée avec passion sur le thème de l’avenir et des jeunes.

« Le 25 mai a marqué la culmination de plus d’un siècle de lutte panafricaniste pour affirmer la dignité des peuples africains », a indiqué M. Lopes dans son intervention.  Il a ajouté que l’occasion était le signe du désir d’unité des peuples africains et de leur volonté de lutter contre la balkanisation du continent.

« C'était la répudiation de stéréotypes négatifs et d’interprétations racistes de l'histoire de l'Afrique; ce jour a montré l'engagement commun des Africains pour atteindre la liberté, achever la décolonisation et éliminer l'apartheid du continent - il s'agissait d'Africains assumant avec fierté leur appartenance à leur continent », a-t-il déclaré.

La séance a donné un aperçu des perspectives de l'Afrique en termes de paix et de prospérité pour les 50 prochaines années, dans le contexte de mégatendances telles que l'émergence de nouvelles puissances économiques, la récession dans les pays développés, l’urbanisation et l’évolution  démographique, les changements climatiques, la numérisation et les menaces changeantes au plan de la sécurité.

M. Kaberuka a déclaré que l'Afrique minée par une litanie de problèmes qu’on connaissait avait cédé la place à une Afrique qui se relevait. « Notre continent offre maintenant le meilleur rendement du capital, ajusté en fonction des risques », a-t-il annoncé.

Il a insisté sur la nécessité de débloquer la demande intérieure et déclaré que « le marché représenté par l’Afrique, soit un milliard de personnes, doit être un objectif prioritaire en ce qu'il établira une base pour l’industrialisation et pour des emplois, et permettra des économies d'échelle pour certains des grands projets d’infrastructure dont l'Afrique a besoin. »
« L’Afrique va faire face dans les cinquante prochaines années à un paysage complexe, mais elle aura aussi de nombreuses opportunités; à condition que nous fassions ce qu’il faut, cela pourrait vraiment être l’heure de l'Afrique », a-t-il déclaré.

Mme Tendai Wenyika a dit que la Vision 2063 était une vision pour la jeunesse. Elle a insisté sur la question de la terre et ses ressources, disant qu’elle devait être résolue de façon que les ressources foncières soient entre les mains du peuple et non d’une élite minoritaire. S'exprimant au nom de la jeunesse, elle a dit: « Notre vision est de créer une Afrique unie, prospère et démocratique » et ajouté qu'il fallait inclure les jeunes dans la conduite des affaires. Mme Amina Mama décrié le microcrédit qu’elle voyait comme une approche minimaliste envers les femmes chefs d'entreprise. Elle a également exprimé son espoir d'un avenir libéré de l'injustice systémique qui se traduit par la violence et d’un continent où les mères survivent à une grossesse. « L'Afrique en 2063 aura subi un changement de paradigme, et les richesses de l'Afrique viendront enrichir les peuples africains, » a-t-elle ajouté.

Mme Mama a plaidé en faveur d’une architecture régionale de la sécurité et a remis en question le besoin d’armées nationales individuelles, ainsi que « la direction militariste en vertu de laquelle les coûts de la guerre ont retardé le développement, en laissant des traumatismes dont nous devons encore guérir. » 
 
Prenant la parole au rythme du musicien jamaïcain Peter Tosh, dont la chanson « You are an African » (Tu es un Africain) avait commencé avant qu’il ne monte sur le podium, M. Patterson a lancé un appel en faveur du renforcement des institutions entre l'Afrique et les Caraïbes. Il a exprimé son souhait de voir un monde dans lequel l'Afrique ne serait pas marginalisée.

Plus tard dans l'après-midi, des artistes, des poètes, des chefs d'État d’aujourd’hui et d’autrefois, ainsi que de nombreux autres dirigeants, ont participé à une grande cérémonie organisée par le Gouvernement éthiopien au Millennium Hall à Addis-Abeba.

 

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