« La lutte contre la corruption et les Flux financiers illicites au Nigéria n’est pas négociable » - Président Buhari

Abuja, Nigéria, le 11 octobre 2018 - (CEA) - « Pour mon administration, la lutte contre la corruption et les Flux financiers illicites au Nigéria n’est pas négociable », déclare Muhammadu Buhari, Président de la République fédérale du Nigéria, à Thabo Mbeki, ancien Président de la République sud-africaine et Président du Groupe de haut niveau UA / CEA sur les Flux financiers illicites en provenance d’Afrique.

Thabo Mbeki a rendu visite à Muhammadu Buhari, qui est également l’actuel défenseur de la Campagne anti-corruption de l’UA, afin de suivre les efforts des États membres de l’UA dans le mise en œuvre des recommandations du rapport du Groupe de haut niveau (approuvé par l’UA en 2015) et de finalement résoudre les FFI au niveau national. Lors de la visite, M. Mbeki invite également le Président, en sa qualité de défenseur de la lutte contre la corruption de l’Union africaine, à prendre les devants dans les efforts visant à inciter les autres États membres de l’Union à prendre des mesures pour lutter contre les FFI aux niveaux national, régional et continental.

Avant la visite présidentielle, M. Mbeki a rencontré des représentants des ministères, départements et agences (MDA) du Gouvernement fédéral du Nigéria, qui s’occupent des questions financières et législatives pour mieux comprendre les efforts en cours dans le pays pour lutter contre les Flux financiers illicites.

Dans ses remarques adressées aux MDA, M. Mbeki rappelle la Déclaration spéciale de 2015 sur les FFI, qui était une prise de conscience par les dirigeants africains des pertes excessives dues aux sorties illicites.  « L’opinion concernait la perte de ressources que le continent subissait qui aurait servi à son développement en raison de ces sorties illicites », dit-il. Il souligne le niveau des pertes dues aux Flux financiers illicites, qui s’élèvent à 50 milliards de dollars par an au moment du rapport du Groupe d’experts, mais atteint maintenant environ 80 milliards par an. Il indique également sur une note plus positive que « l’Afrique a dirigé ce programme et l’a portée à l’attention de la communauté internationale. Cela est devenu réalité lorsque les chefs d’État africains ont demandé à notre groupe d’experts d’apporter leur aide à la résolution de ce problème ».

M. Mbeki souligne certaines des mesures recommandées pour remédier à ces FFI, affirmant que le Nigéria et tous les autres États membres de l’UA ont besoin d’une législation pour lutter contre le blanchiment d’argent, le renseignement financier et l’évasion fiscale. Il souligne aussi que cette question nécessite également une action de la part des partenaires mondiaux, sans manquer d’ajouter que « puisque ces fonds quittent le continent pour se rendre dans les pays de destination, ce problème ne peut être résolu par l’Afrique seule. Il reconnait les contraintes de capacités aux niveaux national et continental, en déclarant : « En tant qu’Africains, nous devons dire que, une fois la nature et l’ampleur du problème identifiées, nous devons œuvrer pour résoudre le problème. Nous devons agir à ce sujet dans toute capacité nécessaire ».

Le Secrétaire exécutif adjoint et Économiste en chef de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Abdalla Hamdok, pour sa part, indique que grâce au leadership de la présidence, l’Afrique a pu mettre au-devant de la scène internationale le défi posé par les financements illicites. Il évoque les travaux et le rapport du Groupe, dont l’impact a permis la mise en place de plusieurs cadres importants aux niveaux continental et mondial, notamment le programme d’action d’Addis-Abeba, ainsi que son inclusion dans les Objectifs de développement durable.

Comme le Président est tenu de faire un compte rendu chaque année à l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA sur les progrès de la mise en œuvre des recommandations du rapport de son groupe d’experts, M. Hamdok déclare : « Plusieurs actions sont en cours, y compris cette visite au Nigéria pour déterminer l’état de la réaction à ce problème, ainsi que « un projet technique sur lequel la CEA travaille actuellement pour aider les États membres de l’UA à renforcer leurs capacités de lutte contre les FFI ». M. Hamdok souligne également que tous ces efforts et ceux qui n’ont pas encore été mentionnés reposent toujours sur une volonté politique, ce qui est essentiel à la réduction des FFI du continent.

Abubakar Malami, Procureur général de la Fédération (AGF), pour sa part détaille les actions entreprises par le Nigéria pour mettre en œuvre des stratégies visant à lutter contre la corruption et à réduire les FFI. « Nous avons pris d’importantes décisions politiques multidimensionnelles relatives aux institutions, aux législations… et surtout, reconnaissant la nécessité d’une collaboration internationale en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la réduction des Flux financiers illicites ». Il indique que, par le biais de processus législatifs, le Nigéria a « réussi à mettre en place et à habiliter des institutions dotées du mandat statutaire consistant à veiller à l’application des réglementations financières et à lutter contre diverses infractions, dont la corruption et les FFI ».

Il a également détaillé les efforts déployés par le pays pour lutter contre la corruption et les FFI grâce au déploiement de technologies pertinentes et à la collaboration internationale. En outre, il a souligné la nécessité d'une collaboration afin de rendre plus difficile la libre circulation des responsables du FFI, leur investissement dans des entreprises et les bénéfices des produits du crime. Il souligne que « nous devons travailler pour rapatrier ces fonds des auteurs externes tout en travaillant pour les détenir ».

Le Secrétaire permanent aux finances, Mahmoud Isa-Dutse, a prononcé un discours au nom du Ministre des finances du Nigéria. Dans son discours, il félicite le Président et le Groupe d’experts pour leur lutte contre ce fléau, affirmant que les FFI ont privé l’Afrique des ressources nécessaires pour construire des écoles, des hôpitaux, des routes et d’autres infrastructures nécessaires. Il ajoute que la quête du développement financier de l’Afrique serait accélérée si les efforts pour récupérer ces fonds perdus portaient leurs fruits et que le développement du continent recevrait sans aucun doute un élan nécessaire. À cet égard, il évoque les travaux de l’Initiative nigériane pour la transparence des industries extractives (NEITI), dirigée par le Ministre des finances. Cet effort aide le pays à récupérer les actifs perdus, des impôts grâce à la transparence accrue.

L’évènement de deux jours a abouti à un atelier technique avec Thabo Mbeki. Raymond Baker, Président de Global Financial Integrity et Membre du groupe de haut niveau, ainsi que le secrétariat du groupe, ont rencontré les représentants des agences et départements financiers. L’un des objectifs de l’atelier consistait à examiner le projet d’aide au développement proposé par la CEA, qui vise à aider le Nigéria et d’autres États membres à lutter contre les FFI. À la suite de cette visite, le Secrétariat s’engagera davantage le Gouvernement du Nigéria et encouragera la collaboration afin de renforcer sa capacité à endiguer les FFI du pays.

 

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