Situation et perspectives économiques en Tunisie dans le contexte de transition actuel
La révolte du bassin minier de Gafsa
En 2008, un important mouvement social - le plus important en Tunisie depuis l’arrivée au pouvoir du président Ben Ali en 1987- secoue pendant près de six mois la région minière du sud-ouest, précisément le bassin minier de Gafsa (350 kilomètres au sud-ouest de Tunis). Bien que riche en phosphate, cette région est durement frappée par le chômage et la pauvreté. Au fil des mois, la répression de ce mouvement social ponctué d’émeutes occasionne des morts et des centaines d’arrestations. Ces événements sont considérés comme le début du processus conduisant à la révolution tunisienne un peu plus de deux ans plus tard.
Le chômage des jeunes: une question explosive longtemps ignorée
À la veille de la révolution de 2011, le chômage des jeunes (15-24 ans) en Tunisie avait atteint 31 %1. Les 5 % de croissance annuelle moyenne des trois années précédant la révolution cachaient en fait une situation économique très dure pour les jeunes du pays. D’après l’Institut national de la Statistique (INS), le nombre de chômeurs diplômés du supérieur avait doublé en quatre ans seulement, passant de 66 200 en 2005 à 128 100 en 2008. Or, dans une économie fortement soutenue par l’État, un diplôme de l’enseignement supérieur est perçu comme la garantie d’un emploi stable, souvent dans le secteur public ou parapublic. Cependant, la donne a changé avec les grandes réformes structurelles de l’ère post Bourguiba. Beaucoup de diplômés d’université, une fois sur le marché de l’emploi, n’ont pas trouvé de travail à la hauteur de leurs qualifications. Une telle situation a été mal vécue par les jeunes et par la société tunisienne de manière générale, d’autant plus que le pays faisait de l’investissement dans l’éducation un pilier de son développement.